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Le gouvernement mexicain fait régner la terreur pour protéger les intérêts de Grupo México

9 juin, 2010Le gouvernement mexicain a eu recours aux forces de police fédérale et de l'État pour mener des opérations aux mines de Grupo México à Cananea et à Pasta de Conchos, et pour en reprendre le contrôle dans un mépris flagrant des droits du syndicat mexicain des mineurs, des grévistes et des veuves en deuil.

MEXIQUE: Quelques heures après l'attaque lancée lundi 6 juin à 2h15 du matin par le gouvernement mexicain contre les grévistes de la mine de Grupo México à Cananea, 20 véhicules de patrouille des forces de police de l'État de Coahuila ont escorté le retour de Grupo México à la mine numéro 8 de Pasta de Conchos, permettant ainsi à l'entreprise de reprendre possession de la mine.

Soixante-cinq mineurs avaient été bloqués sous terre le 19 février 2006 à la suite d'une explosion de méthane au puits numéro huit de la mine de Pasta de Conchos détenue par Grupo México. Un grand nombre de mineurs décédés étaient membres du syndicat mexicain des mineurs et des métallurgistes (SNTMMSRM).

Cet évènement tragique a coïncidé et précipité toute une série d'actions dont l'exclusion illégale de Napoleon Gómez qui était secrétaire général du syndicat après qu'il eut qualifié cet incident d'"homicide industriel".

Seuls deux corps ont été remontés de la mine de Pasta de Conchos. Les veuves et les familles des travailleurs décédés ont continué de veiller à la mine en exigeant la remontée des corps des mineurs ensevelis et la justice pour les conditions de santé et de sécurité déplorables qui ont mené à ce désastre.

Bien que le gouvernement fédéral ait décidé de suspendre toute activité à la mine depuis l'accident, il a dans le même temps donné à Grupo México la permission de reprendre les opérations de prospection et d'exploitation à la mine de charbon. Les familles qui se sont rassemblées à l'entrée de la mine quelques minutes après l'arrivée des forces de police d'État n'ont pas pu obtenir la moindre information, se sont vu refuser l'entrée de la mine et de prendre des photos.

Cananea

Pendant ce temps, les derniers rapports reçus de Cananea au Mexique où les mineurs sont en grève depuis juillet 2007 à la suite des graves et nombreuses infractions à la santé et la sécurité dans la mine notoirement dangereuse de Grupo México, indiquent que les forces de police fédérale ont repris la mine.

Dans la nuit de dimanche vers 22 heures, environ 2.000 membres des forces de police fédérale ont pénétré dans la ville de Cananea. Quatre cents se sont approchés de l'entrée de la mine et ont tiré des gaz lacrymogènes sur les membres du syndicat qui en défendaient l'entrée. À un moment donné, le feu s'est déclaré dans le bâtiment administratif adjacent à l'entrée.

La police a alors tiré des gaz lacrymogènes dans le bureau du syndicat, ce qui a obligé les travailleurs qui se trouvaient à l'intérieur de se sauver par une porte latérale. Le gouvernement a maintenant le contrôle du bureau du syndicat.

Selon certains rapports, deux membres du syndicat auraient été blessés et peut-être tués, mais aucun nom n'a été donné. Le syndicat mexicain des mineurs a signalé que trois travailleurs avaient des blessures par balles ou autres projectiles, d'autres ont été roués de coups ou souffrent des effets du gaz lacrymogène.

Des mandats d'arrêt fédéraux ont été lancés contre des responsables syndicaux, parmi lesquels Sergio Tolano Lizárraga, secrétaire général de la section 65 de Minerso, Juan Gutiérrez Ballesteros, délégué de Sonora au comité exécutif national, et Jacinto Martínez, membre du comité exécutif local. La nuit dernière, Tolano a eu gain de cause dans une opposition à son mandat d'arrêt.

La police fédérale a arrêté cinq membres des Mineros: Rodolfo Valdez Serrano, Everardo Ochoa Ballesteros, Luis Alonso Borbón Pérez, Luis Alonso Torres et Marcelo Lara López.

Lundi, l'administrateur de Sonora, le président exécutif de Grupo México et le ministre du Travail Javier Lozano ont tenu une conférence de presse pour annoncer le lancement d'un projet d'infrastructure de 5 milliards d'USD à Cananea. L'entreprise a également offert un dédommagement aux grévistes conformément à la convention collective (environ six fois le montant légalement requis) à condition que les travailleurs acceptent cette somme d'ici vendredi 11 juin. Le syndicat a déclaré que les travailleurs refuseront l'offre du licenciement du fait que leur grève est toujours légalement en cours.

Aujourd'hui 8 juin, la FIOM et l'ICEM ont envoyé chacune une lettre au président Calderon, en exhortant le gouvernement mexicain à cesser immédiatement tout recours à la violence contre les travailleurs qui défendent légalement et légitimement leurs droits.