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Les métallurgistes européens et africains examinent la question des APÉ et des emplois industriels en Afrique

27 septembre, 2010Les affiliés de la FIOM des pays africains et européens ont analysé avec la FEM l'impact de la politique commerciale de l'UE sur le développement, et évalué l'avenir de l'industrialisation en Afrique.

AFRIQUE: Les dirigeants des syndicats de métallurgistes affiliés à la FIOM en Europe et dans 14 pays d'Afrique anglophone et lusophone, ainsi que la Fédération européenne des métallurgistes (FEM) se sont réunis à Johannesburg, Afrique du Sud, du 21 au 23 septembre, pour examiner les répercussions des accords de partenariat économique (APÉ) entre l'UE et les pays africains sur l'emploi et l'industrialisation dans les pays en développement et en émergence.

Le rôle de l'Afrique dans le commerce mondial en tant que fournisseur important de matières premières - énergie et minéraux - et comme grand marché pour l'expansion de plus en plus forte de la Chine, a fait l'objet d'une analyse. Les participants africains ont exprimé des préoccupations sur la pression exercée par l'UE sur les gouvernements africains dans les négociations sur les APÉ actuellement en cours pour obtenir une ouverture des marchés dans des secteurs avec une grande intensité de main-d'œuvre ou qui revêtent une importance stratégique pour leurs politiques sociale et de développement. La conséquence prévisible serait une perte grave d'espace politique pour les pays africains, et leurs politiques de l'emploi et de développement industriel seraient ainsi gravement compromises.

Il est intéressant de constater que les participants appartenant à des pays industrialisés comme le Canada ont fait état de préoccupations similaires à l'évaluation négative des syndicats sur l'impact potentiel d'un APÉ entre leur pays et l'UE. De même, l'expérience en Inde avec la libéralisation des échanges a été analysée en profondeur avec comme conclusion qu'un accord possible ALE UE-Inde fait écho aux préoccupations exprimées par les participants africains et européens

Une critique a été exprimée sur l'insistance de l'UE pour introduire dans les APÉ certaines clauses, p. ex. celle de la NPF (nation la plus favorisée), qui porterait gravement atteinte aux perspectives de l'Afrique pour une coopération Sud-Sud et à son choix d'autres partenaires commerciaux. En outre, la stratégie de l'UE portant sur des négociations séparées avec les pays africains compromet les efforts de l'Afrique vers une intégration régionale indispensable, notamment pour l'intégration des chaînes de production et pour l'industrialisation. À cet égard, une analyse approfondie de l'expérience des syndicats en Amérique latine avec des processus d'intégration régionale a été présentée.

Lors d'une table ronde avec le gouvernement sud-africain, le représentant du ministère du Commerce et de l'Industrie a présenté le nouveau cadre de politique commerciale qui met l'accent sur l'intégration stratégique de mesures ciblées de libéralisation commerciale portant sur des objectifs de politique industrielle. Dans ce contexte, la politique tarifaire devient un instrument de politique industrielle. Le cadre, fondé sur la sauvegarde de l'espace politique en Afrique du Sud dans les négociations multilatérales et bilatérales, sur les relations Sud-Sud, et sur l'objectif du travail décent, s'inspire d'un modèle d'intégration du régionalisme de croissance. Le développement des chaînes de valeur régionales avec l'édification d'une complémentarité industrielle est encore possible pour l'Afrique à l'ère de la mondialisation. Une nouvelle approche est mise en place dans les relations économiques avec la Chine. Le représentant du ministère du Développement économique a souligné la création réussie de deux millions de nouveaux emplois, qui malheureusement ne se trouvent pas dans la fabrication industrielle mais dans les services, et qui sont destinés à des gens riches. Ceci reflète une disparité croissante des revenus dont il faut tenir compte de toute urgence. En outre, des mesures sociales doivent être adoptées parallèlement à des politiques de développement industriel pour assurer un revenu aux personnes au chômage en attendant la création d'emplois dans l'industrie - ce qui prend du temps. Il faut prendre en considération toutes les mesures de politique de développement de manière intégrée et s'attaquer dans le même temps aux inégalités. Les objectifs du développement régional ne peuvent être traités par des slogans, et des mesures réalistes doivent être adoptées pour gérer la transition sans perdre des emplois.

Toutes les personnes assistant à la réunion, notamment celles venues des pays africains et européens, ont convenu de la nécessité d'établir un dialogue permanent entre les métallurgistes des pays concernés par les négociations des APÉ pour traiter de toute urgence tous les aspects potentiellement préjudiciables aux travailleurs et aux travailleuses, et pour rechercher conjointement des solutions de compromis équitable pour régler les conflits d'intérêt qui pourraient surgir entre travailleurs/travailleuses des pays concernés. Il est demandé aux organisations syndicales internationales et régionales de faciliter cette recherche de solidarité. Les délégué(e)s d'Afrique ont proposé à leurs homologues d'Europe de soutenir par des initiatives concrètes le droit des pays africains à l'autodétermination, et la mise en place d'actions communes.

Le texte de toutes les contributions sera bientôt disponible.