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Comment faire passer votre message syndical dans la presse de grande diffusion

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21 février, 2018Interview avec le journaliste syndical sud-africain Terry Bell

“Les syndicats doivent être davantage conscients des problématiques du monde du travail par-delà les frontières, de sorte à ce que nous puissions construire au plan mondial une société qui pratique l’égalité et la justice pour tous et non pour quelques-uns.”

Terry Bell est un journaliste, chroniqueur et auteur exerçant en Afrique du Sud et qui compte plus de 50 ans d’expérience dans le domaine de l’analyse politique et économique ainsi que des questions qui concernent le monde du travail. Il était un des invités de l’atelier de formation à la communication d’IndustriALL qui s’est tenu au Cap en décembre 2017. Terry a abordé pour IndustriALL la question d’une communication efficace et de la manière pour les syndicats d’amener leur message au sein de la presse de grande diffusion.

En Afrique, les syndicats peinent à faire entendre leur message au sein de la presse de grande diffusion. Avez-vous un conseil à leur donner ?

“Les syndicats ne communiquent pas suffisamment à l’interne. Trop d’énergie a été consacrée à la communication avec les médias externes. Il y a également un manque de qualification et de formation au niveau des communicants, de nombreux syndicats n’ayant pas recours à des personnes employées à plein temps ou formées à la communication. Souvent, le secrétaire général ou le président d’un syndicat va faire une déclaration ou écrire un communiqué de presse à la grammaire boiteuse.

Il faut des communicants professionnels qualifiés et qui comprennent le secteur dans lequel ils évoluent, et par-dessus tout qui comprennent les principes du syndicalisme.”

Quel type de média devrions-nous utiliser, la radio, la presse écrite et la télévision ou les médias sociaux ?

"En Afrique, il est surtout question de la radio, parce qu’elle est la plus écoutée, ensuite la presse écrite, dans une certaine mesure et dans certaines régions, mais tout dépend de l’audience que vous tentez d’atteindre.

Vous devez aussi être bien conscient de la langue que vous utilisez dans certaines régions spécifiques. Il est significatif par exemple qu’en Afrique du Sud, parmi tous les sites syndicaux je n’en ai trouvé qu’un qui utilise davantage qu’une seule langue, or, nous comptons ici onze langues officielles. Certaines de ces langues étant réciproquement comprises, en utilisant au moins trois langues, vous pouvez atteindre la majorité de la population. Il faut donc réfléchir à l’usage des langues."

Quelle peut être une manière efficace de toucher la presse de grande diffusion ?

“Je pense qu’il n’y a rien de mieux qu’une bonne entente avec un journaliste particulier. Naturellement, c’est plus difficile de nos jours, car il y a eu beaucoup de coupes budgétaires à tous niveaux au sein de la presse écrite et numérique.

Vous avez également un tas de gens qui sont soumis à une énorme pression, qui sont souvent très jeunes et mal payés, qui doivent produire une grande quantité de matière. Mais il est d’une importance vitale que les communicants syndicaux établissent des contacts personnels avec ces journalistes pour avoir une entente et confiance mutuelle, parce que ce sont tous des travailleurs après tout.”

Quel message les syndicats doivent-ils avoir envers la société ?

“L’avantage que constituent les syndicats pour les travailleurs en général. J’ai tendance à utiliser l’expression “vendeur de force de travail”. Vous entendrez parfois un journaliste ou quelqu’un qui travaille dans une banque dire “oh, je ne suis pas un travailleur, je suis un col blanc et j’exerce donc une profession intellectuelle.” Non, chacun est un vendeur de force de travail et, cela doit être souligné, partage un intérêt commun. La vaste majorité de la population composant une communauté ou un pays, et ceci partout dans le monde, est composée de travailleurs et travailleuses et c’est le premier point qui doit être souligné par les syndicats.

En Afrique du Sud, par exemple, nous avons la Charte des Droits, qui est un fantastique document qui dit que “la dignité de chacun doit être vénérée”. Les syndicats doivent indiquer clairement qu’une société égalitaire est une société meilleure, cela doit être souligné comme étant un principe sous-jacent.

Les syndicats ne doivent pas simplement s’engager dans un conflit salarial et dire nous voulons autant, mais plutôt souligner ce que gagent certains en comparaison avec d’autres, qui perçoit quoi et l’iniquité entre les revenus des PDG et ceux des travailleurs et travailleuses."

Les syndicats doivent avoir une perspective davantage mondialisée, nous devons conscientiser les syndicats sur ce qui se passe ailleurs. Les syndicats en Afrique du Sud devraient savoir immédiatement ce qui s’est passé à Rana Plaza, où un bâtiment s’est effondré en tuant 1.135 personnes. Les syndicats doivent être davantage conscients des problématiques du monde du travail par-delà les frontières, de sorte à ce que nous puissions construire au plan mondial une société qui pratique l’égalité et la justice pour tous et non pour quelques-uns.”