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Crise économique: manifestation de solidarité internationale avec les syndicats turcs

31 octobre, 2018Le 25 octobre 2018, IndustriALL Global Union et industriALL Europe se sont rendus conjointement à Ankara dans le but de discuter de la crise économique avec leurs affiliés turcs et de leur adresser un message de solidarité fort.

Au nombre des économies ayant connu le plus fort taux de croissance au cours de cette dernière décennie, la Turquie est tombée dans le piège de la croissance alimentée par la dette extérieure, qui a plongé le pays dans une crise économique profonde en creusant les comptes budgétaires et courants de façon alarmante. Le gouvernement turc s’est servi de crédits étrangers pour stimuler la croissance par des investissements en infrastructures et dans la construction, mais dont le rendement s’est avéré insuffisant pour assurer le service de la dette.

En raison du manque de réserves nationales en monnaie forte pour sauver l’économie, la livre turque a fortement chuté par rapport aux devises principales, perdant jusqu’à 4 pour cent en valeur depuis le mois d’août et 50 pour cent depuis le début de l’année. Conjuguées à la série de crises politiques, les conséquences économiques de la dévaluation pourraient déclencher une forte crise au niveau du système bancaire du pays et d’autres économies émergentes, voire en Europe, du fait des liens économiques étroits entre cette dernière et la Turquie.

Dans le même temps, l’Institut statistique de Turquie a annoncé une inflation annuelle des prix du détail de 24,52 pour cent, dont 6,3 pour cent durant le seul mois de septembre, ainsi qu’une inflation des prix de gros de 46,15 pour cent, révélant un écart considérable entre les prix de détail et de gros. Le taux d’inflation annuel devrait ainsi dépasser 30 pour cent.

Les principaux secteurs d’exportation de la Turquie sont les secteurs automobile et des pièces automobiles, les industries textiles et de l’habillement ainsi que le secteur de la pétrochimie; tous organisés par les affiliés à IndustriALL.

En outre, la Turquie souffre des droits de douane imposés par les USA, notamment dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium, qui affectent les emplois industriels dans le secteur manufacturier.

La forte dévaluation de la livre a également conduit à une baisse drastique du pouvoir d’achat des travailleurs. Ainsi, la hausse de plus de 350 euros du salaire minimum légal - augmenté de 1 404 à 1 603 livre net - au début de l’année n’équivaut plus qu’à 200 euros aujourd’hui. Le salaire minimum de la Turquie est maintenant inférieur à celui de ses pays voisins.

Les syndicats turcs ont revendiqué à l’unisson une solution de fortune, à savoir une hausse du salaire minimum légal à 2 000 livres, une somme encore loin d’être suffisante pour survivre. 

Plusieurs entreprises auraient déjà déposé le bilan auprès des autorités, entraînant des pertes d’emplois massives sans le versement d’indemnités.

Les affiliés turcs doivent également lutter pour les droits syndicaux fondamentaux et les libertés des travailleurs garantis par les conventions internationales et la constitution nationale. Les travailleurs et les syndicats subissent des pressions et des intimidations permanentes, en particulier lorsqu’ils participent aux campagnes de syndicalisation et aux négociations collectives.

La visite d’IndustriALL a coïncidé avec un conflit du travail majeur relatif à la construction du troisième aéroport gigantesque d’Istanbul, qui emploie 32 000 travailleurs. Au moins 37 d’entre eux sont décédés depuis le début des travaux; sûrement plus selon les travailleurs. Ces derniers ont signalé l’existence de problèmes relatifs à la sécurité, à l’excessivité du nombre d’heures de travail, à la nourriture et au logement.

La grève entamée par les travailleurs pour protester contre l’augmentation du nombre de décès et les mauvaises conditions de travail sur le chantier a été réprimée par les forces de sécurité. Les responsables syndicaux et les syndiqués arrêtés lors de l’intervention se trouvent toujours en prison. IndustriALL Global Union et industriALL Europe se sont joints au mouvement syndical international pour protester contre la situation, en écrivant au Président du pays et au consortium IGA (Istanbul Grand Airport) de construction de l’aéroport.

Prenant la parole lors de la réunion, Valter Sanches et Luc Triangle, respectivement Secrétaires généraux d’IndustriALL Global Union et d’industriALL Europe, ont déclaré:

« Nous formons l’espoir et nous nous attendons sincèrement que la Turquie solutionnera les problèmes économiques difficiles auxquels elle fait face actuellement sans avoir à recourir aux agences financières internationales, en particulier le Fonds monétaire international, dont les politiques d’austérité hostiles aux travailleurs conduites par le passé sont encore présentes dans nos mémoires.

« IndustriALL Global Union et industriALL Europe sont totalement résolus à continuer d’appuyer sans réserve et à être solidaires de tous nos affiliés turcs dans leur lutte pour les droits syndicaux fondamentaux.

« Nos deux organisations sont ici présentes pour manifester notre appui solide à nos affiliés turcs dans ces moments difficiles que les travailleurs traversent dans le pays ».