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Iran : les travailleurs et travailleuses revendiquent la démocratie et la liberté face à la pauvreté, la corruption et la répression

5 janvier, 2018Avec les manifestations entamées le 28 décembre 2017, l’Iran est confronté à des protestations généralisées contre la montée du coût de la vie. Les protestations se sont rapidement étendues à de nombreuses villes, les gens s’exprimant contre la corruption et les prises d’intérêts illicites de la part de représentants de l’autorité et la répression politique brutale.

Au total, 22 personnes ont été tuées et jusqu’à un millier de personnes auraient été arrêtées, accusées de terrorisme, d’espionnage et d’“inimitié à l’égard de Dieu”, un crime passible de la peine de mort. Le régime prétend que ces manifestations sont fomentées de l’étranger par ses ennemis et a organisé des contre-manifestations.

La Révolution verte, comme on l’a appelée, qui a été réprimée par le régime iranien en 2009, était pour une vaste part menée par des Iraniens éduqués, issus de la classe moyenne. A contrario, les manifestations de masses qui ont maintenant lieu dans plus de 50 villes sont des soulèvements spontanés de la part de gens pauvres et issus des classes laborieuses qui forment traditionnellement la base du régime.

L’économie de l’Iran connaît une croissance depuis la signature du Plan global d’action conjoint, “l’accord sur le nucléaire”. La majeure partie de la croissance économique est due à la reprise des exportations de pétrole et de gaz, mais les travailleurs et travailleuses du secteur, représentés par l’affilié d’IndustriALL, le Syndicat des métallurgistes et des mécaniciens d’Iran (UMMI), n’en ont pas bénéficié et font parfois des mois sans être payés.

Les syndicats indépendants ne sont pas en mesure de fonctionner ouvertement, car les travailleurs et travailleuses suspectés d’en être membres sont renvoyés et arrêtés. Les militants syndicaux sont souvent arrêtés et torturés et les grèves sont réprimées. Les leaders des syndicats indépendants Reza Shahabi, Esmail Abdi, Ebrahim Madadi, et bien d’autres, sont confrontés à des emprisonnements sur base de charges sans fondement.

Depuis la signature de l’accord sur le nucléaire, l’économie a été libéralisée et les investissements étrangers ont commencé à arriver dans le pays. Ils ont bénéficié à l’élite, mais pas aux actifs. Le chômage est passé de 1,4% l’année dernière à 12,4% et le coût de la vie a augmenté. Le chômage des jeunes, dans un pays où la moitié de la population a moins de 30 ans, se situe à 40%.

Comme Maziyar Gilaninejhad, de l’UMMI, l’a dit :

“Les autorités du pays ont promis que l’économie serait revigorée par la levée des sanctions et le retour de milliards de dollars de revenus du pétrole et du gaz. Ces promesses n’ont pas été tenues. Pour attirer les investissements étrangers, le gouvernement a intensifié son programme de privatisation et de réduction des coûts du travail. Partout dans le secteur, vous rencontrez des travailleurs et travailleuses qui n’ont pas perçu de salaire depuis des mois.”

Dans le même temps, l’Iran accroît son influence en cherchant à concurrencer l’Arabie Saoudite pour la domination de la région. L’Iran a massivement investi dans le soutien du Hezbollah au Liban, d’Assad en Syrie et des rebelles houthistes au Yémen. Les gens ordinaires se plaignent que les taxes soient utilisées pour financer des conflits régionaux plutôt que de développer les infrastructures au sein de l’Iran.

Dans une déclaration, la CSI a indiqué que seules des réformes fondamentales pourraient mettre un terme à la crise.

Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL Kemal Özkan a déclaré :

“Les classes laborieuses d’Iran se sont soulevées parce que leurs conditions de vie étaient devenues intolérables. Elles n’ont pas bénéficié des retombées de l’accord sur le nucléaire et le régime dilapide l’argent dans la corruption et les conflits régionaux.

“L’Iran a besoin d’un mouvement syndical indépendant fort pour représenter les intérêts des masses laborieuses. Le gouvernement de l’Iran a pu mesurer l’ampleur du mécontentement. La solution est de cesser la répression des militants syndicaux, de ratifier les conventions fondamentales de l’OIT et de permettre aux travailleurs et travailleuses de se syndiquer et de négocier de meilleures conditions de vie et de travail.”