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Les Philippines: Amertron licencie 532 travailleurs syndiqués

16 octobre, 2017532 travailleurs militants et syndiqués ont été licenciés de chez Amertron Incorporated Philippines pour avoir formé un syndicat.  

Les travailleurs sont membres du syndicat affilié à IndustriALL Global Union, Associated Labor Unions (ALU). Amertron fabrique des semi-conducteurs et des composants optroniques, utilisés pour les smartphones ainsi que dans l’industrie automobile et aérospatiale. Hewlett-Packard, Siemens et Osram font partie de ses principaux clients. La société mère malaisienne, Inari Amertron Berhad, possède des sites de production en Malaisie, aux Philippines et en Chine.

La compagnie est propriétaire de deux usines aux Philippines: Clark et Parañaque. L’usine de Parañaque est en activité depuis 1988 et emploie quelque 700 personnes, parmi lesquelles environ 550 femmes. L’usine de Clark a été ouverte en 2012 dans la zone économique spéciale Port franc de Clark. Elle emploie environ 2 000 personnes.

L’usine de Parañaque est en proie à un conflit portant sur les bas salaires de 10 US$ par jour versés aux travailleurs, dont la majorité a au minimum dix ans de service. En janvier 2017, les travailleurs de chez Amertron ont formé un syndicat, United Amertronians Organization (UAO), pour représenter leurs intérêts. En juin, la compagnie a annoncé son intention de fermer l’usine de Parañaque et de transférer, d’ici à 2019, sa production à l’usine de Clark en raison de la plus grande modernité de ses installations. L’usine de Clark est située à 120 km de celle de Parañaque.

Les travailleurs ont dû choisir entre être transférés à l’usine de Clark ou recevoir une indemnité de licenciement standard, conformément à la législation du travail philippine.  

En juillet, l’UAO a été rattaché à l’ALU et a soumis les documents d’enregistrement au ministère du Travail et de l’Emploi. Le 15 août, le syndicat a également déposé une requête auprès du même ministère pour être reconnu en tant qu’unique agent négociateur de la compagnie dans le but d’améliorer sa position de négociation et d’obtenir des indemnités de départ équitables pour les travailleurs.

La compagnie a alors commencé à harceler les dirigeants et membres du syndicat. Les travailleurs ont ainsi été convoqués à des entretiens individuels ou à des réunions de département où ils ont été menacés d’être mis à l’index et de perdre leurs indemnités de licenciement s’ils ne quittaient pas le syndicat. En outre, les dirigeants du syndicat se sont vus offrir des pots-de-vin pour quitter le syndicat et deux employés ont été suspendus de leurs fonctions pour avoir distribué des tracts syndicaux.

Suite à la plainte contre les pratiques déloyales de travail et antisyndicales déposée auprès du ministère, la compagnie a licencié massivement les travailleurs syndiqués. Les 21 et 22 septembre, environ 300 travailleurs ont été ainsi renvoyés. Bien que l’entreprise affirme que ces licenciements sont dus au transfert de la production à l’usine de Clark, celui-ci ne devrait s’achever qu’en 2019. L’usine de Parañaque tourne toujours grâce au recrutement d’intérimaires pour remplacer les travailleurs syndiqués licenciés.

A l’heure actuelle, l’entreprise a licencié 532 travailleurs syndiqués, qui se sont vus interdire l’accès à leur lieu de travail. Les travailleurs manifestent régulièrement à l’extérieur des locaux de l’usine.

Le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, a écrit au PDG d’Amertron, pour lui signifier:

« Nous sommes extrêmement indignés et préoccupés par les violations flagrantes des droits syndicaux perpétrées par Amertron Incorporated Philippines, y compris les actes de pur intimidation et de harcèlement commis par la direction pour affaiblir la détermination des travailleurs à former un syndicat pour lutter pour de meilleurs conditions de travail. Au lieu de répondre à l’appel à respecter les droits des travailleurs lancé par ALU, votre filiale a remis des préavis de licenciement à tous les dirigeants et membres du syndicat, et brusquement interdit l’accès des travailleurs aux locaux en raison de la prétendue fermeture de l’usine.

« Aussi, je vous demande instamment de réintégrer immédiatement dans leur fonction tous les dirigeants et membres du syndicats injustement licenciés, de mettre fin au harcèlement des travailleurs et de respecter le droit syndical et de négociation collective ».