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Sri Lanka : les syndicats contestent la restructuration de la dette et les modifications du droit du travail

25 juillet, 2023Malgré de fortes pluies, les syndicats sri-lankais ont organisé une manifestation à Colombo, le 25 juillet, contre les amendements proposés à la loi sur le travail et le plan de restructuration de la dette intérieure qui implique l’utilisation de montants durement engrangés par les travailleurs et travailleuses dans les fonds de prévoyance et la mise en œuvre d’amendements anti-ouvriers à la loi sur le travail.

La décision du gouvernement d’introduire le plan de restructuration de la dette intérieure, qui fait partie du plan de “sauvetage” du Fonds monétaire international (FMI) et qui implique l’utilisation du fonds de prévoyance durement engrangé par les travailleurs et travailleuses, intervient à un moment où la population active du pays vit déjà dans des conditions terribles en raison de l’inflation extrêmement élevée et de la dévaluation de la devise, qui ont entraîné une baisse significative de son revenu réel.

Dans le cadre du processus de restructuration de la dette visant à garantir la “viabilité de la dette”, qui est la principale préoccupation du FMI, la majeure partie du fardeau sera supportée par les travailleurs et travailleuses du Sri Lanka, étant donné que la part de l’allègement de la dette du fait des détenteurs internationaux d’obligations souveraines, y compris les banques multilatérales de développement, n’est que de 35 %.

Dans le cadre de l’optimisation de la dette intérieure, les bons du Trésor détenus par la Banque centrale et les obligations du Trésor détenues par les fonds de pension, y compris le Fonds de prévoyance des salariés et le Fonds fiduciaire des salariés, seront utilisés pour restructurer la dette en abaissant les taux d’intérêt appliqués à ces obligations. Toutefois, cette mesure ne concerne qu’une petite partie de la dette intérieure totale, 61 % du total étant exclus du programme, notamment les emprunts contractés auprès des banques commerciales nationales.

Anton Marcus, Co-secrétaire du syndicat des salariés des zones franches et des services généraux, affilié à IndustriALL, a fait part de son inquiétude en déclarant :

“Par cette mesure, le gouvernement tente de faire peser tout le fardeau sur la classe ouvrière de ce pays. C’est inacceptable. Les syndicats ont demandé au gouverneur de la Banque centrale du Sri Lanka, dans une lettre commune, d’organiser une réunion avec tous les syndicats afin d’examiner les avantages et les inconvénients du plan.”

En juin, quatre syndicats, dont les affiliés d’IndustriALL, ont été exclus du Conseil consultatif national du travail reconstitué. Cela s’est produit alors que le gouvernement tentait de faire passer des amendements au droit du travail qui vont à l’encontre des intérêts des travailleurs et travailleuses. Le projet de fusion de 48 lois sur le travail en une seule a suscité des inquiétudes parmi les syndicats, car il pourrait abolir des normes internationalement reconnues concernant le temps de travail, les heures supplémentaires, la liberté syndicale et de négociation collective, ce qui pourrait rendre les travailleurs et les travailleuses vulnérables. Les employeurs pourraient également être autorisés à licencier ceux et celles qui s’organisent pour former des syndicats.
 
Swasthika Arulingam, Présidente du Syndicat des travailleurs du commerce et de l’industrie, affilié à IndustriALL, a déclaré,

“Les modifications proposées par le gouvernement sri-lankais à la législation du travail érodent considérablement les droits des travailleurs et suppriment toute protection dont ils auraient pu bénéficier en vertu des lois précédentes. En outre, en excluant les syndicats indépendants du NLAC, il est clair que le gouvernement veut affaiblir la représentation des travailleurs et les priver de tout pouvoir.”

Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a exprimé sa solidarité avec les affiliés sri-lankais, exhortant le gouvernement à retirer les réformes controversées du droit du travail et à protéger l’épargne des travailleurs contre son utilisation à des fins de restructuration de la dette.