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Un avenir incertain à l'origine de la grève chez Nissan Espagne

20 mai, 2020Les travailleurs de deux chaînes de montage de voitures Nissan de Barcelone sont en grève illimitée à cause d'un manque de clarté quant à l'activité future de Nissan en Espagne.

Ces deux usines ont été mises à l'arrêt en raison du confinement imposé par le coronavirus à la mi-mars et elles ont partiellement rouvert le 4 mai pour être immédiatement arrêtées par un mouvement de grève face à l'absence de confirmation d'un engagement à maintenir les niveaux d'emploi.

Le personnel s'est mis en grève à la suite d'articles, parus principalement dans les médias japonais, suivant lesquels Nissan aurait l'intention de réduire ses effectifs de 20 pour cent dans le monde et de fermer ses usines en Espagne. On peut craindre que Nissan veuille fermer toutes ses unités en Europe.

Les syndicats de Nissan sont en contact depuis l'an dernier avec la direction à propos de son plan stratégique et de l'avenir des usines en Espagne. Ces questions sont toujours à l'examen et aucune décision n'a été communiquée. Les représentants du comité d'entreprise européen confirment qu'ils n'ont pas été consultés sur un éventuel plan de restructuration.

La direction de Nissan a garanti la production des modèles actuels jusqu'à la fin 2020, sans préciser les volumes, et elle a refusé de s'engager sur le maintien du niveau d'emploi actuel. La production a déjà été réduite à Barcelone, quatre modèles ayant été abandonnés ces deux dernières années.

Si les centres de production de Zona Franca, Montcada et Sant Andreu de la Barca devaient fermer, ce sont trois mille emplois directs et près de vingt mille emplois indirects qui seraient menacés. Deux centres de production situés hors de Catalogne, Ávila et Corrales de Buelna en Cantabrie, seraient aussi en danger.

 

Les travailleurs de Nissan ont déclenché une grève illimitée sur les sites de Zona Franca et de Montcada le 4 mai, après l'échec des négociations le 30 avril. Elle continuera, dans l'attente de l'annonce par Nissan d'un plan de gestion à moyen terme et de ses résultats financiers le 28 mai. Les syndicats recourent à l'action stratégique en ne faisant grève que dans de petits sites de production. Seuls 40 salariés sont en grève, mais cela suffit pour bloquer la production.

Le directeur d'IndustriALL en charge de l'industrie automobile, Georg Leutert, déclare :

“Si ces usines ferment, la Catalogne perdra un siècle d'héritage industriel. Il est important que Nissan communique honnêtement avec ses salariés et soumette ses plans à la négociation. Cette absence de communication est très préoccupante, pas seulement en Espagne, mais dans toute l'Europe.”

Trois syndicats affilés à IndustriALL représentent les travailleurs de Nissan : la Federación de Industria de USO, la UGT Federacíon de Industria, Construccíon y Agro et les CC.OO de Industria.

Dans une lettre commune à leurs affiliés, les secrétaires généraux d'IndustriALL Global Union et d'IndustriAll European Trade Union, Valter Sanches et Luc Triangle, ont exprimé leur solidarité et appelé la direction à reprendre la négociation.

Les syndicats espagnols mettent en garde contre les conséquences négatives que ces fermetures auront pour l'image de l'entreprise. Si Nissan décide de fermer tous ses sites en Europe, elle sera le deuxième constructeur japonais, après Honda, à quitter l'Europe. Si Nissan se retire d'Espagne, les syndicats s'attendent à ce que Renault, en tant que membre de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi, intervienne, étant donné que l'usine Nissan d'Ávila produit déjà des pièces pour Renault. Quoi qu'il en soit, cette alliance est en crise profonde et les spéculations à propos d'un éclatement imminent vont bon train.