Jump to main content
IndustriALL logotype

Un nouveau contrat social est nécessaire pour mettre fin à l’intensification des violations des droits des travailleurs

29 juin, 2022L’Indice 2022 des droits dans le monde de la CSI tire la sonnette d’alarme sur les violations choquantes des droits fondamentaux des travailleurs, notamment ceux de grève, de former et d’adhérer à un syndicat, d’enregistrer un syndicat et de négocier collectivement. Le droit à la justice est également bafoué, de même que les libertés d’expression et de réunion. Dans certains pays, les travailleurs et travailleuses sont exclus de la protection du travail prévue par les lois nationales et les normes internationales du travail.

L’Indice de la CSI, publié en ligne le 28 juin sous le thème “Restaurer la confiance grâce à un nouveau contrat social”, est une enquête annuelle menée auprès de 148 pays.

Sur base de ces résultats, l’indice souligne que les syndicats doivent lutter contre les pressions exercées par les employeurs et les gouvernements sur les droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses, comme en témoignent les meurtres de syndicalistes, les attaques violentes, les arrestations arbitraires et les détentions. Les droits de l’homme et les libertés civiles sont également violés.

L’indice de la CSI indique que des syndicalistes ont été assassinés dans 13 pays : Bangladesh, Colombie, Équateur, Eswatini, Guatemala, Haïti, Inde, Irak, Italie, Lesotho, Myanmar, Philippines et Afrique du Sud.

En outre, des harcèlements, des arrestations et des détentions arbitraires ont eu lieu dans 69 pays, les pires cas ayant été signalés au Cambodge, à Hong Kong et au Myanmar.

Les pires violations des droits des travailleurs ont eu lieu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, tandis que les conflits et les coups d’État ont aggravé les conditions des travailleurs et travailleuses.

Indice 2022 des droits dans le monde

 

En outre, un accès restreint à la justice prévaut également de plus en plus en Afrique, les incidences signalées passant de 76 à 95 % entre 2021 et 2022.

Les dix pires pays au monde pour les travailleurs, identifiés dans l’indice, sont le Bangladesh, la Biélorussie, le Brésil, la Colombie, l’Égypte, l’Eswatini, le Guatemala, le Myanmar, les Philippines et la Turquie.

Ces pays sont brutaux à l’égard des syndicats. Ils utilisent des lois pénales régressives et répressives, empêchent la formation de syndicats, forcent les syndicats à cesser leurs activités, procèdent à des arrestations arbitraires et massives de dirigeants syndicaux, adoptent des mesures discriminatoires antisyndicales, pratiquent des chasses aux sorcières à l’égard du syndicalisme et licencient injustement les dirigeants syndicaux, violent les conventions collectives, commettent des meurtres en toute impunité, poursuivent les grévistes, violent la liberté de réunion, recourent à la violence policière et répriment brutalement les grèves et les manifestations.

Plusieurs intervenants ont raconté ce qui se passe dans leur pays, comme le confirme l’indice de la CSI.

Maung Maung, du Myanmar, a déclaré que malgré le fait que des syndicalistes aient été tués, arrêtés, emprisonnés et harcelés, “la révolution tient bon”. Cependant, la plupart des dirigeants syndicaux se cachent ou sont en exil.

“Le gouvernement du Brésil est hostile aux syndicats et il y a une régression des droits des travailleurs, qui sont bafoués quotidiennement sans frein, en particulier à l’égard des travailleuses noires,”

a rapporté Rosa Souza Fernandes.

Maksim Pazniakou a pour sa part déclaré :

“La Biélorussie connaît des mesures répressives sans précédent, caractérisées par des accusations forgées de toutes pièces contre des dirigeants syndicaux. En outre, le procureur général veut interdire les syndicats indépendants.”

“Les syndicats et des manifestants, parmi lesquels des travailleurs, font l’objet d’hostilité. Des travailleurs et travailleuses ont été tués lorsque les forces de sécurité de l’État ont eu recours à des balles réelles pour disperser des manifestants,”

a indiqué Mduduzi Gina d’Eswatini.

“Il faudra un nouveau contrat social avec des emplois, des droits, une protection sociale, des salaires justes, l’égalité et l’inclusion, pour restaurer la confiance qui a été brisée par des gouvernements répressifs et des entreprises abusives. Le contrat social a été déchiré. Mais ensemble, nous pouvons en écrire un nouveau,”

a martelé Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI.

Elle a indiqué que le nouveau contrat social devra aborder le travail précaire, la création d’emplois et la Transition juste. En outre, le contrat social doit trouver des solutions aux fortes inégalités, à l’urgence climatique et à la récession économique post-Covid 19.

“IndustriALL salue la publication de l’indice des droits dans le monde de la CSI, qui fait écho à nos campagnes contre les violations flagrantes des droits de l’homme et des travailleurs au Myanmar, les arrestations et emprisonnements arbitraires de dirigeants syndicaux en Biélorussie et le recours à la violence contre les travailleurs et travailleuses en grève au Bangladesh et en Eswatini.

Il est tragique de constater que la situation des travailleurs et travailleuses se dégrade de pays en pays. Les syndicats doivent faire preuve de fermeté dans leur lutte et IndustriALL se tiendra aux côtés de ses affiliés pour reconquérir les droits qui nous ont été retirés et pour en conquérir de nouveaux,”

a déclaré Atle Høie, Secrétaire général d’IndustriALL.

L’indice des droits dans le monde de la CSI compte 97 indicateurs, issus des droits fondamentaux au travail de l’OIT, en particulier de la Convention 87 (liberté syndicale et protection du droit syndical) et de la Convention 98 (droit d’organisation et de négociation collective), ainsi que des dispositions internationales en matière de droits de l’homme. Le rapport actuel porte sur la période allant de mars 2021 à avril 2022.