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Une Transition Juste – une idée dont l’heure est venue

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16 mai, 2019Les affiliés d’IndustriALL et ses prédécesseurs ont créé et nommé le concept d’une transition juste, qui s’est depuis répandu dans le mouvement syndical mondial. Lors du Congrès de 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil, IndustriALL a réaffirmé son engagement à réaliser une transition juste.

  • La transition vers une économie plus propre et durable doit être économiquement et socialement juste et équitable pour les travailleurs et leurs collectivités.
  • Le secteur manufacturier connaît et connaîtra une révolution technologique et une numérisation de la production de manière encore plus forte à l’avenir. (...) Bien que ces changements fondamentaux puissent avoir de grands avantages pour les travailleurs, les communautés et les sociétés et améliorer le niveau de vie, IndustriALL n’acceptera pas de transformation sans programmes de transition juste nécessaires pour les travailleurs touchés.
  • IndustriALL a décidé d’élaborer une politique industrielle durable ... (et) de faire campagne contre la transformation qui n’inclut pas de justice sociale, alors qu’elle est indispensable, et de transition juste pour les travailleurs affectés.

The IndustriALL Coal Mining Unions

La transition juste et les affiliés d’IndustriALL du secteur des mines de charbon

Le réseau mondial des syndicats des mines de charbon d’IndustriALL s’est réuni à Delhi, en Inde, en octobre 2018, pour intensifier les efforts visant à réaliser une transition juste et défendre les intérêts des mineurs de charbon face aux défis du changement climatique, de l’Industrie 4.0 et des conditions de travail dangereuses. Les filiales d’IndustriALL dans les mines de charbon d’Afrique du Sud, d’Australie, du Botswana, de Bulgarie, d’Espagne, de Géorgie, d’Inde, d’Indonésie, de Mongolie, de Turquie, d’Ukraine et du Vietnam ont souligné qu’une transition juste, assortie de programmes de protection sociale solides et de politiques industrielles durables, est la réponse pour garantir les emplois des travailleurs du charbon face aux mesures visant à atteindre les objectifs en matière de carbone. Les participants ont déclaré que les gouvernements et les employeurs doivent investir et déployer des ressources adéquates dans la recherche et le développement de technologies du charbon propre, en tenant compte des capacités et des vulnérabilités des pays ayant différents niveaux de développement économique. Les syndicats ont également souligné la nécessité d’évaluer les impacts des transformations technologiques en cours.

IndustriALL Energy Conference

Plus de 200 représentants de 70 syndicats et 50 pays ont exprimé leur détermination commune à exiger une transition juste pour protéger les droits et le niveau de vie des travailleurs alors que l’industrie de l’énergie subit des changements radicaux. Réunis à la Conférence mondiale du secteur de l’énergie d’IndustriALL en juillet 2018, les délégués ont conclu que les syndicats sont les mieux placés pour protéger les travailleurs de l’énergie face aux changements, non seulement en raison des objectifs d’émissions du changement climatique, mais aussi des changements technologiques, de la privatisation, de la précarisation et de la demande croissante en énergie.

“Nous devons renforcer le pouvoir syndical, afin d’avoir un siège à la table avec les gouvernements et les entreprises pour créer des politiques industrielles durables à l’échelle nationale qui garantissent une transition juste.”

Valter Sanches, secrétaire general d’IndustriALL

 

ITUC

Une transition juste et la CSI

La Confédération syndicale internationale (CSI) réunit les centrales syndicales nationales sous une même bannière et représente, à travers elle, quelque 107 millions de travailleuses et travailleurs dans 163 pays. En 2018, lors de son quatrième Congrès mondial, la CSI a approuvé plusieurs références à la nécessité d’une transition juste:

  • Le Congrès déplore les niveaux extrêmement élevés et croissants d’inégalités à l’échelle mondiale et exige une transition juste vers une économie numérique et à faibles émissions de carbone.
  • La CSI exige que toutes les transformations dans le monde du travail s’opèrent dans le cadre de transitions justes.
  • Les gouvernements doivent relever leur degré d’ambition et garantir des investissements dans l’emploi et une transition juste.
  • La lutte contre le changement climatique exige des investissements dans des technologies durables et à faible teneur en carbone.

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La transition juste gagne du terrain au Canada

Le plan d’action du Canada pour la croissance propre et le climat vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, en commençant par l’élimination progressive des émissions provenant de la production d’électricité au charbon d’ici 2030.

Les syndicats ont milité en faveur du Groupe de travail pour une transition juste pour les travailleurs canadiens du charbon et les collectivités et en ont pris la direction. Les membres sont des représentants des syndicats et des municipalités, de la société civile et des experts. Le Groupe de travail fera notamment des recommandations au gouvernement sur le sort de 3 500 travailleurs du secteur des centrales électriques alimentées au charbon.

Le processus canadien de transition juste prévoit l’élargissement de l’assurance-emploi, l’offre de prestations de raccordement pour les travailleurs âgés qui prendront leur retraite, des mesures incitatives de formation et d’éducation et une entente de la part des employeurs pour retenir, recycler et redéployer les travailleurs, ainsi que des subventions aux collectivités pour les aider à créer de nouveaux emplois.

IG BCE

Une transition juste est mise en œuvre en Allemagne

Les objectifs climatiques ambitieux de l’Allemagne exigent que 65 % de son énergie proviennent des énergies renouvelables d’ici 2030, et que les émissions soient réduites de plus de 60 % dans son secteur énergétique d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990. À l’heure actuelle, les centrales au charbon produisent environ 40 % de l’électricité en Allemagne, mais elles sont responsables de plus de 80 % des émissions de CO2 du secteur énergétique allemand. Ce qui complique encore le plan de l’Allemagne, c’est qu’elle a également l’intention d’éliminer progressivement l’énergie nucléaire, qui continue de fournir environ 10 % de la capacité de production de l’Allemagne, d’ici 2022.

  • Les syndicats allemands ont plaidé pour la création d’une commission « Croissance, changement structurel et emploi » chargée d’élaborer un plan pour conseiller ce processus. En conséquence, 40 milliards d’euros seront alloués sur 20 ans au développement régional, y compris aux infrastructures. L’objectif est de veiller à ce que, pour chaque perte directe d’emploi, un nouvel emploi décent soit créé et que, lorsque l’électricité produite à partir du charbon est éliminée du réseau, elle soit remplacée par de l’énergie renouvelable (ainsi que par les technologies nécessaires de stockage de l’énergie et les améliorations de l’efficacité énergétique). Il y aura un plan et un cheminement pour chaque travailleur directement employé dans les centrales électriques au charbon et les mines de lignite, y compris l’accès à de nouveaux emplois exigeant de nouvelles compétences, un soutien au revenu pendant la période de transition et des prestations de raccordement pour les travailleurs âgés partant à la retraite. Le plan allemand prévoit un engagement à ne pas mettre à pied les travailleurs des centrales électriques et des mines à ciel ouvert pour des raisons opérationnelles. Si un emploi disparaît, le travailleur concerné sera intégré à un nouvel emploi décent et recevra une indemnité forfaitaire pour toute différence de salaire entre l’ancien et le nouvel emploi. Le train de mesures porte également sur la remise en état des zones et des usines minières. Certaines parties de l’accord restent à négocier. L’État allemand garantira les obligations financières des entreprises envers leurs travailleurs, de sorte que si les entreprises font faillite, l’État assumera ces obligations.
  • Les syndicats allemands ont une longue histoire de revendication d’une transition juste pour leurs membres. Depuis les 25 dernières années, le syndicat IG BCE et les organisations qui l’ont précédé ont joué un rôle essentiel pour assurer une transition juste, car la main-d’œuvre de l’industrie minière a grandement diminué. Le processus de négociation collective a donné lieu à des ententes novatrices comportant de nouveaux modèles de réaménagement des effectifs.

“Le modèle de transition juste utilisé dans l’industrie minière allemande est un excellent exemple de la façon dont un tel processus peut être géré par les syndicats. Nous saluons le travail accompli par les partenaires sociaux, en particulier IG BCE, au cours de cette transformation.”

Kemal Özkan secrétaire général adjoint d’IndustriALL

South Africa

Une transition juste exigée par les syndicats d’Afrique du Sud

Le 17 novembre 2018, les travailleurs du Syndicat national des mineurs (NUM) et du Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (NUMSA) sont descendus dans les rues de Pretoria. En colère contre les plans du gouvernement de fermer les centrales au charbon, de privatiser le secteur de l’énergie et d’accorder des contrats d’énergie renouvelable aux producteurs d’énergie indépendants sans plan de transition juste, ils se sont rendus aux bureaux du gouvernement où ils ont lu leurs griefs.

Irvin Jim, secrétaire général du NUMSA, a déclaré :

“Nous exigeons une transition juste, qui garantira que les travailleurs des centrales au charbon risquant de perdre leur emploi à la suite du passage des combustibles fossiles aux énergies renouvelables seront formés et intégrés au secteur des énergies renouvelables.”

David Sipunzi, secrétaire général du NUM, a ajouté :

“Nous demandons au gouvernement de ne pas mordre la main qui nourrit l’État. Jetez le contrat d’achat d’électricité qui favorise le capital privé au détriment d’Eskom.”

Spain

Une entente de transition juste conclue en Espagne

 

Le projet de loi espagnol sur le climat vise à parvenir à un approvisionnement à 100 % en énergies renouvelables d’ici 2050 et à 70 % d’énergies renouvelables d’ici 2030. Les activités des centrales au charbon et les centrales nucléaires doivent progressivement cesser d’ici 2030. L’Espagne a élaboré un plan en trois parties en accord avec les syndicats des mines et de l’énergie, composé des éléments suivants :

  • une transition juste pour les mineurs de charbon et les communautés,

  • un programme de réaménagement régional,

  • un observatoire national.

Bon nombre de ces travailleurs sont âgés de plus de 48 ans ou comptent plus de 26 années de service et se verront offrir une retraite anticipée. Les jeunes travailleurs recevront une indemnité de licenciement de 10 000 euros, ainsi que 35 jours de salaire pour chaque année de service. Des fonds supplémentaires seront disponibles pour restaurer et régénérer les anciens sites miniers sur le plan environnemental, et les emplois créés dans le cadre de ces travaux d’assainissement seront de préférence attribués aux anciens mineurs. Des fonds seront mis de côté pour améliorer l’infrastructure des collectivités minières, y compris la gestion des déchets, les installations de recyclage et les usines de traitement des eaux, les services publics (gaz, éclairage), le renouvellement des forêts, le nettoyage atmosphérique et la réduction de la pollution sonore.

Chaque collectivité minière aura un plan d’action spécifique, y compris des plans de développement des énergies renouvelables et d’amélioration de l’efficacité énergétique, ainsi que des plans d’investissement et de développement de nouvelles industries.

Une transition juste au niveau régional – État de New York, États-Unis

L’État de New York a lancé un plan visant à créer neuf gigawatts de capacité de production d’énergie éolienne en mer et à moderniser tous les bâtiments publics de l’État. Ce plan a été défendu et soutenu par les syndicats via la coalition Climate Jobs NY. Les projets éoliens en mer offriront les taux de salaire en vigueur, y compris une assurance santé et un régime de retraite, ainsi que d’autres bonnes conditions de travail. Des fonds du gouvernement de l’État seront disponibles pour la formation professionnelle avec les syndicats. Des discussions sont en cours entre certains des promoteurs potentiels d’énergie éolienne et les syndicats au sujet d’accords généraux sur les normes du travail tout au long de la chaîne de valeur de l’énergie éolienne en mer.

Une transition juste au niveau régional – Californie, États-Unis

L’objectif californien d’atteindre 100 % d’énergie renouvelable et propre est soutenu par les syndicats. Une coalition de syndicats et de groupes communautaires plaide pour les transports publics à Los Angeles. L’Assemblée législative de la Californie a lié les subventions pour les véhicules électriques aux bonnes pratiques de travail, toujours sous la pression des syndicats. Des normes de travail décentes feront partie des discussions sur le financement des interventions en cas d’incendies de forêt en Californie.

 

Une transition juste au niveau régional – Oslo, Norvège, et Vancouver, Canada

Plusieurs villes ont pris des mesures pour intégrer l’idée d’une transition juste au processus décisionnel municipal. L’organisation C40 Cities Climate Leadership Group « regroupe 90 des plus grandes villes du monde, représentant plus de 650 millions de personnes et un quart de l’économie mondiale ». La ville d’Oslo, en Norvège, a lancé la Déclaration d’Oslo sur une transition juste avec le C40, la CSI et la Fédération internationale des travailleurs des transports. Entretemps, la ville de Vancouver a mis sur pied une table ronde sur la transition juste avec la Fédération des travailleurs de la Colombie-Britannique et la CSI en 2018.

Une transition juste et les entreprises

L’initiative B-Team, une voix influente de chefs d’entreprise qui croient que les entreprises ont la responsabilité de montrer la voie vers un avenir durable, a élaboré des lignes directrices pour une transition juste au niveau des entreprises. La CSI et son Centre de transition juste ont contribué à son développement. Les lignes directrices décrivent les « considérations pratiques, les étapes et les processus que les entreprises doivent suivre pour assurer une transition juste pour les travailleurs des entreprises et les communautés dans lesquelles les entreprises exercent leurs activités ». La B-Team affirme qu’une transition juste au niveau des entreprises est un plan basé sur le dialogue social avec les travailleurs et leurs syndicats pour réduire les émissions et accroître l’efficacité tout en créant des opportunités et de l’optimisme pour les travailleurs et les communautés qui en dépendent. L’équipe B-Team estime qu’agir de manière responsable est aussi une bonne affaire.

Tony Maher CFMEU

Une transition juste et le Conseil australien des syndicats

Le Conseil australien des syndicats (ACTU) a publié sa demande d’une transition juste pour les travailleurs des centrales électriques alimentées au charbon et les communautés qui en dépendent. L’Australie n’a pas géré les transitions antérieures de manière socialement responsable. L’objectif est d’éviter de répéter cette histoire. En s’engageant à respecter l’Accord de Paris sur les changements climatiques, l’Australie s’engage à assurer une transition juste lorsqu’elle décide de ses contributions déterminées au niveau national.

Le cadre de l’ACTU, qui n’a pas encore été adopté par le gouvernement australien, identifie trois principaux éléments:

  • un plan de transition – veiller à ce que la transition de l’Australie soit gérée d’une manière juste et équitable, où les travailleurs et les collectivités touchés reçoivent un soutien pour trouver des emplois sûrs et décents dans une économie énergétique propre
  • un plan pour les emplois – axé sur la création de nouveaux emplois dans une économie de l’énergie propre, et
  • un plan énergétique – définir un bouquet énergétique durable pour l’avenir qui garantisse un approvisionnement en électricité abordable et sûr

Une transition juste – Initiative des régions minières de l’Union européenne

Dans le cadre d’un projet de recherche, la Confédération européenne des syndicats (CES) a cherché à explorer avec les syndicats ce qui est concrètement nécessaire pour maintenir les activités et les emplois dans le secteur manufacturier, tout en réduisant considérablement les émissions.

Sept études de cas régionales ont été examinées: Yorkshire et Humber au Royaume-Uni, Rhénanie-du-Nord-Westphalie en Allemagne, Asturies en Espagne, région d’Anvers en Belgique, Norrbotten en Suède, Stara Zagora en Bulgarie et Silésie en Pologne. Ces régions présentent des similitudes en matière de patrimoine industriel, de production d’énergie et d’industries manufacturières actuelles. Elles ont chacune leurs propres caractéristiques nationales sur le plan politique, historique ou géographique, mais la décarbonisation à l’échelle prescrite par le cadre politique européen est un énorme défi qui aura des effets majeurs sur leurs industries et leur main-d’œuvre.

L’étude a identifié plusieurs éléments clés du succès :

  • Des stratégies régionales pour une transition juste vers une industrie à faible intensité de carbone
  • L’accélération du déploiement de technologies de pointe
  • La participation des syndicats et des employeurs
  • L’investissement dans les compétences
  • Le soutien local à la décarbonisation

Une transition juste – une réponse syndicale allemande aux transformations industrielles

Reconnaissant que d’importantes transformations de la production industrielle sont en cours, quatre des plus grands syndicats allemands – ECG (chemin de fer et transport), IG Metall (métallurgie, automobile et travailleurs industriels connexes), IG BCE (mines, chimie et énergie) et IG BAU (construction et bois) – ont convenu de coopérer pour défendre efficacement les droits des travailleurs face aux changements technologiques et sociaux.

Les syndicats qui souhaitent influencer le progrès économique et social doivent collaborer plus étroitement à l’avenir. La base de leur coopération repose sur leur position commune pour une « industrie performante et durable dans une société solidaire ». Elle couvre des sujets tels que l’Industrie 4.0, les énergies renouvelables, l’investissement et la croissance. Les syndicats allemands ont également coordonné leurs revendications pour une transition juste.