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Afrique du Sud : les syndicats rejettent les plans de fermeture de centrales électriques

3 avril, 2017Face à la menace du bain de sang social que serait la perte de 30.000 emplois dans l’énergie, les affiliés d’IndustriALL en Afrique du Sud, le Syndicat national des mineurs (NUM) et le Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (NUMSA) sont scandalisés par les plans de la compagnie d’électricité Eskom.

Eskom veut fermer cinq centrales au charbon de la Province de Mpumalanga et les remplacer par une énergie renouvelable en provenance des Producteurs d’électricité indépendants.

Les syndicats rejettent cette perspective. Ils soutiennent plutôt une Transition juste au départ des combustibles fossiles vers une économie à faibles émissions de carbone. De cette manière, toute le fardeau ne pèsera pas massivement sur les épaules des travailleurs.

À l’occasion d’un rassemblement de masse le 16 mars aux centrales de Arnot, Komati et Duvha, le NUM a soumis à la direction un cahier de doléances.

Dans le cadre des protestations contre Eskom, considéré comme un “ennemi commun”, les directions syndicales prévoient des actions conjointes.

Le Président du NUM, Piet Matosa, et le Secrétaire général du NUMSA, Irvin Jim, ont confirmé au cours de la réunion du Comité exécutif pour la Région sub-saharienne à Harare, Zimbabwe, ce 30 mars, que les deux affiliés d’IndustriALL tenaient des consultations sur la question.

Le NUM dit que cette décision est “mal-informée, insensée, irrationnelle et malveillante” et qu’elle sert “un agenda néo-libéral étroit ainsi que les intérêts égoïstes du monde des affaires”.

Cette proposition va à l’encontre du Plan national de développement du gouvernement, qui vise à créer de l’emploi ainsi qu’à mettre fin à la pauvreté et aux inégalités, argumente le NUM. Le pays est confronté à un taux de chômage élevé de 26,5%, selon l’Institut de Statistiques d’Afrique du Sud. Mais celui-c est plus élevé, de l’ordre de 35.6%, si l’on considère le taux de chômage dans un sens plus large, qui comprend ceux dont le désespoir est tel qu’ils ont renoncé à chercher un emploi.

Le NUMSA acquiesce, qualifiant ces plans d’“inconscients”, car ils vont “détruire les moyens d’existence de milliers de travailleurs et leurs familles”.

Les métallurgistes ajoutent : “Le gouvernement sud-africain a négligé l’industrialisation du pays et la création d’une économie qui puisse faire passer les travailleurs et travailleuses des combustibles fossiles à une économie moderne fonctionnant grâce aux renouvelables”.

Fabian Nkomo, Secrétaire régional d’IndustriALL pour l’Afrique sub-saharienne enfonce le clou :

“Ne fût-ce que considérer la perte de tant d’emplois est impensable. Nous soutenons nos affiliés dans leurs efforts pour obtenir un accord de transition juste qui protège les travailleurs et promeut des politiques industrielles durables.”

Glen Mpufane, Directeur du département des mines d’IndustriALL, a déclaré :

“Nous soutenons la nécessité de sortir progressivement de la production d’électricité à base de combustibles fossiles, mais cela ne peut se faire que dans le contexte d’un véritable accord de Transition juste. Les travailleurs et travailleuses n’ont pas à en payer le prix et l’Afrique du Sud ne peut pas se permettre d’envoyer 30.000 emplois de plus à la casse. Nous craignons qu’Eskom utilise l’argument de la durabilité comme excuse pour restructurer et privatiser.

“S’ils ont des surcapacités, ils devraient baisser les prix de l’énergie et entreprendre une transition qui ne coûte pas d’emplois.”

La Directrice du département de l’Énergie d’IndustriALL Diana Junquera Curiel a indiqué :

"La fermeture des centrales au charbon touche les syndicats partout dans le monde. La semaine dernière, la centrale d’Hazelwood en Australie a fermé. En l’occurrence, le syndicat a obtenu un accord de Transition juste qui fait en sorte que les travailleurs et travailleuses n’ont pas à en payer le prix. C’est une approche que les syndicats en Afrique du Sud, comme ailleurs dans le monde, doivent adopter.”