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E-bulletin de l’ICEM sur le VIH/SIDA - No. 77, février 2012

15 février, 2012

 

Les articles de ce numéro du bulletin de l’ICEM sur le VIH/SIDA se rapportent à l’atelier d’évaluation qui s’est tenu en Inde et au problème qui se pose au sein du Fonds mondial. Il y a également l’enquête menée par l’Institut d’Afrique du Sud pour les Relations entre les Races, qui révèle l’effet néfaste que la pandémie du VIH a eu sur la population du pays.

 

L’atelier d’évaluation de la lutte contre le VIH et le SIDA tenu en Inde

Depuis 2008 en Inde, en collaboration avec l’affilié de l’ICEM (Fédération nationale indienne des mineurs – INMF) la firme pharmaceutique allemande Boehringer Ingelheim a financé un projet de lutte contre le VIH et le SIDA. La seconde phase de ce projet s’est achevée à la fin de l’année 2011. Du 30 au 31 janvier, un atelier d’évaluation s’est tenu à Kolkata avec près de 25 participants dont 7 femmes.

Des maîtres formateurs et des pairs éducateurs de 4 différentes filiales de la compagnie Coal India Ltd. (CIL) ont présenté les rapports de leurs activités, relevé les problèmes qu’ils ont rencontrés ainsi que les voies et moyens pour les résoudre. Trois (3) médecins travaillant dans des compagnies de charbon et le sous-directeur du service de santé de CIL ont également apporté leurs contributions aux débats.  

Dans l’ensemble, plus de 50 000 personnes – les travailleurs, leurs familles et les membres des communautés environnantes – ont été touchées par les campagnes de sensibilisation qui portaient sur la prévention et le changement de comportement. Avec le précieux appui technique du bureau de l’OIT de Delhi, 61 maîtres formateurs ont acquis les connaissances appropriées pour en retour former plus de 700 pairs éducateurs. Le projet comprenait également des cours pour les femmes conseillères socio-psychologiques et des programmes de sensibilisation pour les membres du personnel médical et paramédical des dispensaires des compagnies, ainsi que pour les enseignants et les élèves des écoles appartenant aux compagnies.  

Les gens acceptent de plus en plus leur séropositivité et ont de moins en moins honte de leur statut, surtout avec la participation des personnes vivant avec le VIH et le SIDA aux manifestations. Ceci a contribué à accroître le nombre de volontaires qui ont fait le test dans les Centres intégrés de conseil et dépistage (CICD).

Dans leurs programmes, les centres de formation professionnelle ont inclus des entretiens sur le VIH/SIDA et le lieu de travail. Les compagnies ont énormément contribué aux dépenses relatives aux activités. Elles ont compris que l’épidémie du VIH et du SIDA est une véritable menace contre leurs affaires et s’impliquent davantage pour lutter contre ce fléau. Plusieurs compagnies de charbon ont demandé à l’INMF de leur concevoir des programmes de lutte qui seront financés par les compagnies.

Le côté négatif a été le taux élevé d’abandons chez les pairs éducateurs. Ceci démontre qu’il faut former beaucoup de pairs éducateurs pour que le petit nombre d’entre eux qui sont dévoués et motivés puissent faire le travail. Les affiliés des secteurs du ciment, des produits chimiques et des diamants n’ont pas fait le travail de suivi. Bien que des maîtres formateurs et des pairs éducateurs aient été formés, ces secteurs ont exécuté peu d’activités.

Le matériel produit, qui a été calqué sur celui du bureau de l’OIT de Delhi a été d’une importance capitale pour le projet; ces supports étaient des posters/affiches, des brochures et des dépliants d’informations, écrits en anglais et dans différentes langues locales.

Le projet a démontré aux directions des entreprises et aux organismes gouvernementaux l’importance du lieu de travail dans la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA et le rôle important que jouent les syndicats. Ceci a été l’un des meilleurs succès de ce projet. Il a également démontré l’importance de l’aide financière, qui n’est pas pour autant l’aspect le plus essentiel; en fait, c’est plutôt la motivation et le dévouement qui permettent d’obtenir des résultats satisfaisants.

        

Michel Kazatchkine, le directeur exécutif du Fonds mondial démissionne

Le 24 janvier, Michel Kazatchkine a annoncé qu’à la mi-mars, il démissionnera de son poste de directeur exécutif du Fonds mondial. Il a dit que sa démission est due au fait qu’il y a deux mois, le conseil d’administration du Fonds mondial a décidé de nommer un directeur général qui supervisera ses activités et rendra directement compte au conseil d’administration. Cette décision du conseil d’administration de confier beaucoup de responsabilités/fonctions du Dr Kazatchkine à une autre personne est due au fait que le conseil juge que les membres de la direction ne sont pas assez efficaces.

Dr Kazatchkine, qui a 65 ans a occupé le poste de directeur exécutif du Fonds mondial depuis 2007. Avant ce poste, il a travaillé au Fonds mondial en tant que premier président de la Commission technique d’évaluation, ensuite comme membre du conseil représentant la France, et enfin comme vice-président du conseil d’administration.  

Le Fonds mondial a annoncé que le directeur général sera Gabriel Jaramillo, un éminent banquier de l’Amérique latine qui était membre de la Commission de haut niveau qui a fait une évaluation exhaustive du travail effectué par le Fonds mondial en 2011. Le Fonds mondial a précisé que Mr Jaramillo prendra effectivement fonction le 1erfévrier pour un contrat de 12 mois. Dans un communiqué ultérieur, il a été annoncé qu’il exercera tous les pouvoirs et fonctions dévolus au directeur exécutif, y compris le pouvoir de signer des accords au nom du Fonds mondial. Selon les médias, Mr Jaramillo travaillera pour un salaire annuel symbolique de USD 1 (un dollar américain).  

(Source: Global Fund Observer, numéros 174 et 175 du 24 janvier et du 6 février. GFO est un service gratuit d’Aidspan www.aidspan.org; pour recevoir GFO, envoyez un email à [email protected])

               

Afrique du Sud: 4,4 millions de décès liés au SIDA

Selon le résultat d’une enquête menée par l’Institut d’Afrique du Sud pour les Relations entre les Races, le pays a une population totale de 50,6 millions d’habitants ; en fait, cette population devait être de l’ordre de 55 millions s’il n’y avait pas de décès liés au SIDA. En 2040, cette population devait atteindre les 77,5 millions – 24,1 millions d’habitants de plus que ce qui est prévu. 

Les données montrent qu’en 2011, 31% de tous les décès étaient liés au SIDA. En 2015, cette proportion aura atteint 33% et en 2025, il y aura 121% de décès de plus liés au SIDA par rapport au taux de 2000. En 2015, le nombre total de personnes vivant avec le VIH/SIDA (6 millions) sera le double du nombre enregistré en 2000 (3 millions).

L’analyse de l’Institut est basée sur des données provenant de l’Association des actuaires d’Afrique du Sud et de l’Institut de Recherche sur l’avenir (IFR). Selon l’IFR, le taux de prévalence du VIH est plus élevé au sein de la population des jeunes adultes noirs ; par conséquent, peu d’individus de cette tranche d’âge parviennent à l’âge de la vieillesse, si on les compare aux autres races. Le VIH/SIDA est également responsable de grands maux sociaux: les enfants orphelins et les enfants chefs de famille.

(Source: Business Live, Johannesburg, 24 janvier)

                   

Côte d’Ivoire: le gouvernement arrête la gratuité des soins médicaux

Après une brève période et à cause des dépenses énormes effectuées, la Côte d’Ivoire arrête de fournir des soins gratuits aux patients. En 9 mois, le gouvernement devait payer 30 milliards de francs CFA (environ USD 60 millions).

À partir de février 2012, les soins ne seront gratuits que pour les mères et leurs enfants. De manière spécifique, les soins seront gratuits pour les accouchements et les maladies qui attaquent les enfants de moins de 6 ans.

Les vols, la mauvaise gestion et les coûts élevés ont ruiné le projet. Il a été introduit par le gouvernement du Président Alassane Ouattara à la fin de la crise postélectorale, pour ramener à la normale le piteux état du secteur de la santé publique. (Note du rédacteur en chef: on ne sait pas si la fourniture des médicaments antirétroviraux faisait partie de ce projet).

(Source: IRIN, Abidjan, 26 janvier)

                          

Nigeria: la participation des syndicats accroît le nombre de personnes qui se rendent pour le conseil et le dépistage volontaires

Le programme de conseil et de dépistage volontaires organisé par le Congrès des travailleurs nigérians (NLC) et le Congrès des syndicats (TUC) du Royaume-Uni a connu du succès auprès des travailleurs exerçant sur le territoire de la capitale fédérale du Nigeria, qui a le troisième taux élevé de prévalence du VIH au niveau national.

Les activités de proximité menées sous le Projet dénommé ‘‘Développer les capacités en milieu professionnel pour lutter contre le VIH/SIDA’’ financé par le Département du Royaume-Uni pour le développement international (DFID) ont joué un rôle-clé ; elles ont permis aux travailleurs de vaincre leur réticence et les ont encouragés à faire le test de dépistage. Le NLC et ses 6 affiliés qui participent au projet – ont enregistré un succès remarquable en faisant disparaître la peur dans l’esprit de leurs membres, quel que soit le résultat de leur test.

Depuis leur ouverture en juillet 2010, le Centre Jikwoyi de soins de santé primaires d’Abuja et le service de conseil et de dépistage volontaires de Gwarinpa Hospital ont enregistré un nombre croissant de travailleurs qui s’y rendent pour faire le test de dépistage. À la fin de décembre 2011, ces centres médicaux ont reçu 18 586 personnes et 1 025 d’entre elles ont été testées positives (soit 5,52%); ces dernières ont été orientées vers les institutions médicales appropriées pour le traitement, les soins et la prise en charge.

Ce nombre de personnes est le double du nombre de personnes qu’on espérait accueillir dans ces centres médicaux au cours de la période de 2 ans s’étendant de juillet 2010 à juin 2012.   

Le nombre croissant de personnes faisant le test de dépistage était surtout dû à la grande publicité faite par le NLC et ses affiliés autour des centres de conseil et de dépistage volontaires, pendant la pause de déjeuner ainsi que les sessions d’éducation organisées sur les lieux de travail sous le projet. L’introduction de la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) a ajouté un plus à la popularité du projet. Ceux qui allaient dans les 2 centres pouvaient également bénéficier du conseil. En février 2011 s’est tenu un atelier de 2 jours des pairs éducateurs pour former les travailleurs du secteur de la santé sur la prévention, les soins et la prise en charge; ils ont également distribué des préservatifs à cette occasion.

(Source: site Internet de TUC)

                                 

Remarque  

Dans le numéro de l’e-bulletin de l’ICEM de décembre 2011, nous avons publié un article sur le Rapport 2011 de l’OMS, l’UNICEF et l’ONUSIDA sur la lutte mondiale contre le VIH/SIDA. Nous avons indiqué que l’ONUSIDA a publié un rapport à part. Généralement, l’OMS et l’ONUSIDA publient conjointement un rapport juste avant le 1er décembre, qui est la Journée mondiale du SIDA.   

Le 21 novembre, l’ONUSIDA a publié son évaluation de la situation. Toutefois, le 30 novembre le rapport conjoint/commun a été publié. L’OMS et l’UNICEF sont également les co-sponsors de l’ONUSIDA, donc la répétition du même travail paraît bizarre. Sous le gros titre ‘‘Les gars, mettez de l’ordre dans vos affaires’’, le journal The Economist a critiqué à juste titre la publication de deux rapports qui est un gaspillage. Bizarrement, Michel Sidibé, le directeur exécutif de l’ONUSIDA a décrit la production de deux rapports comme étant ‘‘coûteuse et inutile’’, alors que c’est l’ONUSIDA qui a publié un rapport à part.

(Source: The Economist, 26 novembre 2011)

                                      

Nouvelles provenant des fédérations syndicales internationales  

Dans sa dernière mise à jour sur le VIH/SIDA No. 118 du 1eret du 15 janvier, la Fédération internationale des travailleurs des transports (ITFwww.itfglobal.org) rend compte du lancement de son rapport sur le VIH et le SIDA dans le milieu des dockers et d’une enquête menée par l’ONUSIDA dans 15 pays qui conclut que si le Fonds mondial réduit les financements pour la lutte contre le VIH/SIDA, les conséquences seront catastrophiques.

La Confédération syndicale internationale (CSI), les confédérations syndicales sud africaines (COSATU et FEDUSA) et la Section 27 de l’Organisation sud africaine des droits de l’homme ont exigé que les autorités du Qatar arrêtent la discrimination contre les personnes séropositives. Un employé sud africain de la chaîne de télévision Al Jazeera qui a été testé positif sans son consentement a été viré, par la suite emprisonné et rapatrié.

                                          

Il y a cinq ans : tiré de l’article paru dans le numéro de février 2007 (No. 17)

Le premier numéro du bulletin de l’ICEM sur le VIH/SIDA a été publié en octobre 2005. Dans les numéros actuels, nous nous réfèrerons à un article paru au même mois, cinq années auparavant et examinerons les progrès réalisés.  

Dans un article de l’e-bulletin de l’ICEM de février 2007, nous avons exprimé notre opinion sur le sujet à controverse, à savoir le test de dépistage volontaire contre le test de routine; le titre de l’article en question était ‘‘L’ignorance n’est pas une excuse’’ et nous nous référions principalement aux États-Unis. L’organisme de santé publique (CDC) du ministère de la santé et de la Sécurité sociale des États-Unis a recommandé que tous les Américains âgés de 13 à 64 ans fassent le test de dépistage de routine du VIH.

Ces tests ne seront pas obligatoires, mais au lieu de faire le test seulement aux volontaires, le CDC exige que les centres médicaux fassent le test à tous ceux qui ne refusent pas de le faire ; les individus peuvent choisir de ne pas faire le test. Les médecins pensent que le test de routine permettra de réduire la honte liée au VIH/SIDA qui empêche réellement les gens de faire le test. Nous avons cité une déclaration de Kevin de Kock qui était alors le responsable du service de lutte contre le SIDA àl’Organisation mondiale de la Santé(OMS) et qui affirmait que le test de routine est un grand pas vers la ‘‘normalisation’’ du VIH.  

Le test de routine aboutira-t-il au test obligatoire ? Abandonner les formulaires de consentement écrit et le conseil d’avant-dépistage afin de simplifier les procédures du test de routine est tout simplement une méthode dangereuse et une violation des droits de l’homme.

Du point de vue des droits des travailleurs, certains principes doivent être respectés pour le conseil et le dépistage sur le lieu de travail. En collaboration avec les syndicats, les compagnies doivent prendre des mesures pour :  

  • Empêcher les pratiques discriminatoires contre les personnes séropositives
  • Garantir la confidentialité et permettre à l’employé de donner son consentement en toute connaissance de cause
  • Ne pas punir un employé s’il refuse de faire le test de dépistage
  • S’assurer que le test de dépistage n’est pas obligatoire et qu’il n’est pas une condition préalable pour l’embauche
  • Réduire la discrimination contre les personnes vivant avec le VIH sur le lieu de travail.