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Manif du 31 mars contre le lockout des Métallos USW canadiens : unité mondiale en marche.

14 mars, 2012

Lors d’une assemblée générale et conférence de presse tenue aujourd’hui au Québec, 780 adhérents du Syndicat des Métallos d’Alma ont appris que le lockout qui leur est imposé par la filiale Alcan Aluminium de Rio Tinto, maintenant dans sa 11esemaine, reçoit dorénavant toute l’attention de groupements de travailleurs clés liés au géant minier.

Marc Maltais, Président de la Section locale 9490 des Métallos USW et Guy Farell, Directeur adjoint du District Cinq des Métallos USW ont parlé lors d’une conférence de presse bondée de monde de leur mission de deux semaines qui les a menés dans l’Ouest américain et ensuite en Australie et Nouvelle Zélande où la Mining and Maritime Initiative a permis d’étaler cette affaire de terrorisme d’entreprise devant les travailleurs et les syndicats les plus militants d’Océanie.

Maltais et Farrell ont également fait part des projets concernant la grande manifestation à Alma, une ville de 30.000 habitants de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean au Québec, qui devrait rassembler entre 5 et 10.000 personnes. Un peu plus tôt, lors de l’assemblé des travailleurs, le Directeur du District Cinq des Métallos USW Dan Roy a indiqué aux travailleurs qu’ils étaient victimes du plus énorme méfait jamais commis par une entreprise au Canada.

  

Guy Farrell de l’USW s’exprimant lors de la manifestation de Brisbane

Le lockout est intervenu de manière ostensible comme suite à la revendication faite par le syndicat dans le cadre des négociations collectives d’arrêter l’érosion continue des emplois permanents et de poser des limites à l’externalisation. Et il a été décrété avant même que toute une série d’autres points ne soient mis sur la table des négociations. Alcan a précipitamment lockouté ses travailleurs le 30 décembre, un jour avant l’expiration de la convention de cinq ans.

Avec une baisse des prix de l’aluminium sur la Bourse des Métaux de Londres de l’ordre de 25% par rapport au printemps 2011 et des stocks remplis, l’occasion d’inverser la tendance en ramenant la production de l’une des plus importantes et rentables alumineries du monde à un tiers de sa capacité était trop belle pour y résister.

Et le Syndicat des Métallos d’Alma a appris ce mois-ci ce qu’il craignait qui se soit passé depuis le début du lockout : Rio Tinto, par le biais d’un accord opaque signé avec le Québec en 2006 alors qu’Alcan était toujours une entreprise canadienne indépendante, revend à la province de Québec l’énergie hydroélectrique inutilisée du fait qu’elle ne fait tourner que 122 de ses 432 unités de production électrolytiques. L’entreprise empoche 15 millions de dollars canadiens par mois aux dépens du contribuable, tout en prenant en otage dans le cadre d’un lockout les emplois les mieux rémunérés de la communauté locale. Pire encore, la province n’a pas besoin de cette énergie supplémentaire mais est obligée de l’acheter en vertu de l’accord de 2006. 

« Ces ressources appartiennent au peuple » a dit Farrell. « Les atrocités commises par l’entreprise à l’égard du Québec et des Québécois et Québécoises sont incompréhensibles et se déroulent pourtant sous nos yeux. »

La manifestation du 31 mars aura lieu au lendemain de la réunion à Alma des Affiliés nord-américains de l’ICEM, la première de leurs deux réunions annuelles. Les manifestants se réuniront à 13h30 au Centre d’achat Galeries Lac St-Jean pour se diriger vers le Parc le FestivAlma où la manifestation proprement dite débutera à 15h00. (Voir le flyer de la manifestation ici.)

        

Marc Maltais de la Section locale 9490 au Forum du MUA

Maltais et  Farrell ont fait rapport aujourd’hui sur leur mission de quinze jours qui les a vus obtenir le soutien des Mineurs de borax de Rio Tinto en Californie du Sud. La Section locale  30 de l’ILWU (International Longshore & Warehouse Union) a eu à faire face à son propre lockout de la part de la seconde plus grande entreprise minière du monde et la Section locale 9490 des Métallos USW était très intéressée à connaître quelle avait été sa stratégie de contre-attaque.

Après ces réunions fin février à Boron et Los Angeles, Maltais et Farrell se sont rendus en Utah où ils ont rencontré les représentants de la Section locale  de l’USW des mines de cuivre Kennecott de Rio Tinto. Quelque 1.000 travailleurs membres de l’USW et d’autres syndicats dont l’IAM (International Association of Machinists) y ont mené une âpre grève de six mois entre 2002 et 2003.

Entre le 4 et le 9 mars, nos amis Canadiens étaient en Australie et en Nouvelle Zélande. En Australie, leur message a été entendu par des centaines de délégués lors de différents forums du MUA (Syndicat maritime d’Australie) et de l’AMWU (Syndicat australien des secteurs manufacturiers) à Brisbane. Le 5 mars, des travailleurs australiens comprenant des membres du syndicat CFMEU (secteurs de la construction, de l’exploitation forestière, des mines et de l’énergie), du MUA, de l’AMWU et de l’AWU ont rejoint Maltais et Farrell lors de protestations menées contre Rio Tinto dans Queen Street à Brisbane.

Lors d’un meeting du MUA le 6 mars, nos deux compères ont eu la surprise de voir le MUA vendre des T-shirts de la couleur orange emblématique du Syndicat des Métallos d’Alma et arborant le slogan « Les syndicats des mines et de la mer d’Australie et de Nouvelle Zélande en guerre aux côtés des travailleurs de Rio Tinto. » Les fonds ainsi récoltés ainsi que d’autres dons leur ont été remis, entre autre à l’occasion d’un arrêt à l’aluminerie de Rio Tinto à Bell Bay en Tasmanie fait à l’initiative de l’AWU qui se bat là-bas pour y obtenir une première convention collective.

              

L’affilié turc de l’ICEM Maden-İşfait fi des distances pour être solidaire avec les Métallos d’Alma

En Nouvelle Zélande, la visite du 7 au 9 mars organisée par l’affilié de l’ICEM l’EPMU (syndicat de l’impression et l’ingénierie) ainsi que le MUNZ (syndicat des marins) comprenait une réunion avec les travailleurs de l’aluminerie Tiwai Point de Rio Tinto à Invercargill. Elle comprenait également une autre manifestation, le 9 mars, en face des bureaux de Rio Tinto à Wellington.

Tout au long de leur périple aux Etats-Unis, en Australie et en Nouvelle Zélande, Maltais et Farrell ont emmené une bannière syndicale que les syndicalistes rencontrés ont signée en signe de ralliement au combat des lockoutés d’Alma. Cette bannière a été déployée ce matin dans la salle de la Section locale 9490.

Au moment où les deux syndicalistes terminaient leurs rencontres en Nouvelle Zélande, au pays, à Alma, à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, le 8 mars, un forum dédié aux femmes réunissait 100 travailleuses et épouses de travailleurs. Cet événement a été organisé pour leur permettre d’échanger leurs expériences après les 68 jours que durait déjà à ce moment le lockout. C’était une occasion unique de partager des réflexions sur les difficultés, la perte de revenus et le bouleversement émotionnel infligés par une riche multinationale aux citoyens québécois de la Région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Alors que l’appel lancé il y a deux semaines par le Premier Ministre Jean Charest en faveur d’une reprise des négociations est toujours ignoré par l’entreprise, la confrontation avec les souffrances, le sacrifice et l’incertitude de l’avenir n’est pas prête de s’arrêter pour les 780 familles et même davantage au sein d’une communauté qui repose sur les salaires issus du travail exécuté à l’aluminerie d’Alma.

Pour en savoir davantage sur ces attaques contre des familles de travailleurs, cliquez ici, ici et ici.