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Un officiel cambodgien accusé de la tuerie de grévistes d'une usine de chaussures

7 mars, 2012

Les coups de feu qui ont été tirés, le 20 février, contre des grévistes – principalement des femmes – de l'usine de chaussures KaoWay Sports Ltd. de Bavet, dans la province de Svey Rieng, au Cambodge, semblent être le fait du gouverneur de la région de Bavet, Chhouk Bandith. Trois femmes ont été tuées et une autre grièvement blessée lorsqu'un homme vêtu d'un treillis semblable à ceux de la police, est sorti d'un véhicule et a commencé à tirer sur le groupe.

Cette usine produit des chaussures principalement pour la marque de vêtements allemande Puma. D'après la Coalition du Syndicat démocratique des travailleurs cambodgiens de l'habillement (C.CAWDU), affiliée à la FITTHC, plusieurs milliers de travailleurs sur les 6.000 qu'emploie l'usine avaient fait grève les 17 et 18 février. Lorsque la grève a repris, le 20 février, Chhouk Bandith aurait bondi d'une Lexus 470 en compagnie d'un garde du corps et d'un policier en sortant de l'usine et aurait tiré sur les grévistes avec une arme de gros calibre munie d'un silencieux.

Ensuite, il s'est enfui à bord d'une Toyota Camry tandis que des fourgons de police arrivaient pour contenir les grévistes effarés et furieux. La police a interrogé Chhouk Bandith et la C.CAWDU croit savoir qu'il a été détenu pendant trois jours mais aurait été libéré depuis.

Chhouk Bandith

Cet incident, qui s'est produit vers 9 heures du matin, a été intégralement filmé par une caméra de surveillance de l'usine KaoWay. Dès le départ, Puma a mené sa propre enquête en compagnie d'une ONG.

Buot Chinda, âgée de 21 ans, a reçu plusieurs balles dans la poitrine qui ont manqué le cœur de peu mais ont perforé son poumon. Son état était désespéré, mais il a été stabilisé et elle est maintenant, dans un état grave, dans un hôpital de Phnom Penh. Les deux autres femmes blessées par balles sont Keo Neth, 18 ans, et Nuth Sakhorn, 23 ans.

Un haut responsable de l'OIT, à la tête d'un programme baptisé "De meilleures usines au Cambodge", a déclaré à la presse : "Ce n'est pas bon pour le Cambodge lorsque ce type de violence se produit."

Les travailleurs de la chaussure de Puma, employés par la firme taïwanaise KaoWay, faisaient grève pour obtenir de meilleures primes de transport et d'alimentation et, plus généralement, de meilleurs salaires et de meilleures conditions. Grâce à cette action collective, et à la réaction rapide de Puma à cet acte de violence, toutes les revendications des travailleurs ont été rencontrées et ils ont mis fin à leur grève.

Les choses ne se sont pas passées de la même manière dans un autre conflit au Cambodge, celui-ci à la firme singapourienne Medtecs, un fabricant de textiles et vêtements médicaux installé dans le district de Kampong Siem, à 125 kilomètres de Bavet. Quand 2.000 grévistes ont bombardé l'usine de pierres, les policiers présents, désarmés, se sont retirés, sous l'influence de la tuerie de l'usine KaoWay.

Les grévistes de Medtecs protestaient contre le refus de la direction d'appliquer la décision d'un Conseil d'arbitrage pourtant contraignante. La grève a permis de débloquer la situation.