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Au Mexique, la réforme du travail devrait apporter plus de démocratie syndicale

3 mai, 2019Le Sénat mexicain a approuvé un nouveau projet de loi sur le travail. Bien que cette nouvelle législation constitue une avancée pour la démocratie syndicale, elle ne couvre pas des matières essentielles telles que l'externalisation.

La Chambre des députés a adopté la réforme le 11 avril, puis le Sénat le 29.

Le nouveau texte de loi est une refonte totale des relations du travail qui donnera aux travailleurs un meilleur accès à la juridiction du travail et renforcera la liberté syndicale; il facilite aussi la constitution de syndicats démocratiques.

Aux termes de cette réforme, les travailleurs pourront choisir librement le syndicat auquel ils veulent adhérer, et ils pourront élire leurs dirigeants syndicaux dans un scrutin individuel, libre, secret et direct.

Pendant des années, les élections syndicales se sont faites au vote à main levée. Cela voulait dire que les travailleurs devaient souvent voter en présence d'hommes de main de syndicats corrompus et acquis à l'employeur. La pression était forte et cela empêchait les travailleurs de choisir librement leurs représentants.

Dorénavant, les travailleurs devront être consultés à la fois lors de l'élaboration des conventions collectives et de leur renégociation, c’est-à-dire tous les deux ans. Cela implique aussi un scrutin libre, à bulletin secret et individuel, ce qui contribuera aussi à éliminer ce qu'on appelle les contrats de protection des employeurs.

En outre, un service fédéral de conciliation et d'enregistrement syndical sera créé. Cet organisme public décentralisé tiendra un registre de toutes les conventions collectives et de toutes les organisations syndicales existant dans le pays.

Pendant des années, le gouvernement fédéral, les employeurs et des syndicats corrompus ont utilisé les mécanismes de conciliation et d'arbitrage pour choisir les syndicats qui figureraient dans ce registre. De ce fait, les intérêts politiques et économiques ont pris le pas sur les intérêts des travailleurs. Ces mécanismes vont maintenant être remplacés par des tribunaux du travail relevant du pouvoir judiciaire et les procédures devraient être raccourcies, plus ouvertes et plus efficaces.

Malgré ces progrès, la réforme du travail a fait l'objet d'intenses débats dans le monde syndical parce qu'elle ne tient pas compte de questions cruciales pour les travailleurs mexicains. On citera en particulier l'absence d'amendements au régime de l'externalisation, particulièrement problématique pour les travailleurs et leurs droits.

Selon le sénateur mexicain Napoleón Gómez Urrutia, président de l'affilié d'IndustriALL Los Mineros et coprésident de sa région, le Sénat compte réexaminer ces questions en suspens en concertation avec le patronat, les syndicats, des juristes et d'autres experts.

"Nous tenons à souligner à nos affiliés du monde entier qu'il y a là une occasion sans précédent d'apporter la démocratie au mouvement syndical au Mexique. Avec cette réforme, il sera pratiquement impossible aux employeurs d'encore imposer des contrats de protection, vu que toutes les conventions collectives devront être votées par les travailleurs,"

a déclaré le Secrétaire général d'IndustriALL Global Union, Valter Sanches.