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BHP Billiton fait traîner un conflit dans les charbonnages d'Australie

4 avril, 2012

Des grèves d'une semaine se sont achevées aujourd'hui dans sept mines de charbon métallurgique de l'État du Queensland, en Australie, mais le conflit qui oppose depuis 16 mois trois de nos affiliés australiens à l'Alliance BHP Billiton-Mitsubishi (BMA) continue. Le 27 mars, alors que des progrès se dessinaient sur une nouvelle version d'une convention d'entreprise après deux semaines de pourparlers sans heurts, la BMA a rejeté des clauses essentielles, ce qui a donné lieu à ces actions de grève.

Pour les 3.500 mineurs du Syndicat australien de la construction, la sylviculture, la mine et l'énergie (CFMEU), du Syndicat australien des travailleurs des industries manufacturières (AMWU) et du Syndicat de l'électricité de l'Union des communications, de l'électricité et de la plomberie (CEPU), ce revers signifie qu'ils sont tout aussi éloignés d'une convention collective au titre de la loi Fair Work Australia que lorsque les négociations ont démarré, en décembre 2010.

Pour la BMA, qui a rejeté pour la deuxième fois la proposition du groupe de négociation du syndicat de recourir à la médiation, cela implique de nouvelles perturbations dans les plus grandes mines de charbon à coke du monde, alors que les travailleurs vont probablement lancer de nouvelles actions de grève légale la semaine prochaine.

Le 2 avril, BHP Billiton, exploitant principal de cette coentreprise à 50%, a invoqué la force majeure auprès de ses clients du Japon, de Corée, de Taïwan, de Chine, d'Inde, d'Amérique latine et d'Europe. Il a informé les sidérurgistes qu'il ne serait pas en mesure d'honorer ses contrats de livraison de charbon en raison des actions du travail et des intempéries dans le bassin de Bowen, dans le centre du Queensland.

La direction avait également annoncé au début de la grève de sept jours de la semaine dernière qu'à la fin du mois d'avril, elle utiliserait une nouvelle fois la possibilité que lui offre la loi Fair Work Australia de procéder à un deuxième vote par courrier directement auprès des travailleurs sans l'intervention du groupe de négociation syndical. Àsa précédente tentative, en octobre dernier, les mineurs avaient rejeté les propositions rétrogrades de la direction à 92% des voix. (Voir l'article de l'ICEM ici).

L'échec des négociations de la semaine dernière vient de ce que la BMA est revenue sur de précédents engagements pour des horaires de travail respectueux de la vie de famille et sur d'autres clauses qui avaient reçu un accord de principe. Les matières qui posent encore problème sont l'intervention des syndicats dans les questions de sécurité, les horaires de travail, le logement et l'inégalité des travailleurs contractuels.

S'agissant du revirement de la direction, le responsable de grève du plus grand syndicat représentant les mineurs de la BMA, le Président du district du Queensland du CFMEU, Stephen Smyth, a déclaré que "le niveau de mépris qu'ils manifestent envers leurs travailleurs est vraiment renversant."

  

Stephen Smyth

  Ce mépris s'explique parce que BHP Billiton croit qu'il peut encore imposer des règles de travail unilatérales, comme c'était chose courante à l'époque révolue de la loi WorkChoices d'avant 2009. Ce mépris pour les mineurs ainsi que pour la législation du travail australienne s'exprime aussi dans un courriel du P-DG de la Division charbon, Marcus Randolph, et qui a fait l'objet d'une fuite début mars. Il y écrit à la direction des mines du bassin de Bowen "c'est le combat qu'il nous fallait" et que les points du règlement de travail contestés "ne sont pas négociables, que ce soit maintenant, dans un mois ou dans un an".

Entre-temps, vu que les sept mines de la BMA du Queensland représentent un cinquième de la production mondiale de charbon métallurgique, les prix s'envolent et le conflit du travail le plus pernicieux qu'ait connu l'Australie depuis des décennies a des répercussions dans le transport ferroviaire et maritime ainsi que dans la sidérurgie du monde entier.

(Un article de l'ICEM de février 2012 sur ces grèves figure ici.)