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L'ICEM tient sa Conférence de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord à Beyrouth

21 mars, 2012

C'est dans la salle de conférence richement décorée de l'hôtel Seranada du quartier de Hamra, au centre de Beyrouth, que se sont tenus la Conférence et le séminaire de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) de l'ICEM, du 14 au 16 mars, en présence de représentants d'affiliés de toute la région, et notamment d'Algérie, du Maroc, d'Égypte, de Jordanie, d'Irak, du Liban, de Palestine et du Yémen, mais aussi d'affiliés potentiels du Bahreïn, de Tunisie et d'Égypte. 

D'Égypte était venue une délégation de nouveaux syndicats d'entreprise indépendants représentant les deux nouvelles structures du pays. Il y avait aussi des délégations du Canada, de Norvège, d'Allemagne et d'Afrique du Sud. Une délégation très nombreuse était venue de Turquie, un pays généralement considéré depuis le printemps arabe de l'an dernier comme un modèle à suivre et un pays économiquement actif dans toute la région et qui est à la charnière des relations commerciales entre l'Europe, l'Asie, l'Europe orientale et le Moyen-Orient.

Des représentants locaux de l'OIT, de l'US Solidarity Center et de l'Internationale des services publics (ISP) assistaient en qualité d'invités à la séance inaugurale de la conférence.

  

La conférence bénéficiait d'un soutien généreux de la Fondation Friedrich Ebert (FES) qui a aussi participé activement à ses travaux, sous la présidence conjointe du Président de l'ICEM Senzeni Zokwana et de Soliman Hemdan, le Président du syndicat-hôte, l'Union professionnelle des syndicats de travailleurs et de salariés des matières chimiques et produits assimilés du Liban.

Parmi les participants se trouvaient les Secrétaires généraux de l'ICEM, Manfred Warda, et de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM), Jyrki Raina. La discussion a notamment porté sur la création de la nouvelle Fédération syndicale internationale (FSI) qui rassemblera l'ICEM, la FIOM et la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir (FITTHC), et en particulier sur le rôle de la région MENA dans la nouvelle organisation.

Un autre grand thème de discussion fut le printemps arabe et les changements politiques fondamentaux survenus dans la région. Le développement d'un nouveau syndicalisme indépendant dans plusieurs pays a été mis à l'examen, tout comme la nécessité d'une législation du travail conforme aux normes de l'OIT dans la région, et en particulier en Égypte et en Irak.

      

Le Palestinien Mohammed Abuadwan

Plusieurs instruments internationaux ont été examinés, dont les conventions fondamentales de l'OIT, les Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales, le Pacte mondial des Nations unies et les accords-cadres mondiaux. On a souligné l'importance de la constitution de réseaux régionaux dans les industries et, le cas échéant, à l'échelon d'entreprises, à la fois pour renforcer les syndicats de la région et enrichir l'apport aux débats et réseaux mondiaux ainsi qu'à la nouvelle FSI qui sera baptisée IndustriALL.

Pendant deux jours et demi d'exposés suivis de séances de questions et réponses, de discussions en panel et de travaux de groupe, les participants ont discuté avec enthousiasme de leurs situations locales, ils ont examiné les activités passées de l'ICEM, une résolution sur la région MENA adoptée par le Congrès de l'ICEM à Buenos Aires, et arrêté des plans bien charpentés pour l'avenir, en particulier pour ce qui est de la mise sur pied de réseaux.

Les participants ont assisté à la projection d'un film réalisé par la Fédération générale de Palestine des syndicats (PGFTU) et montrant les énormes difficultés qu'ont leurs membres pour aller travailler quotidiennement en Israël, les postes de contrôle constituant chaque jour une forme de harcèlement majeur qui, dans certains cas, constitue un châtiment collectif pour le peuple palestinien.

          

La délégation syndicale irakienne

 

Le délégué présent, Mohammed Abuadwan, Président du Syndicat général des travailleurs de la pétrochimie de Palestine, a remercié l'ICEM pour l'intérêt que le Congrès de Buenos Aires a porté à la Palestine et a réaffirmé son vif soutien à la résolution qu'il a votée. Tous les délégués ont réaffirmé l'espoir que la Palestine et l'Irak resteront des priorités de l'action d'IndustriALL dans la région.    

Les syndicats irakiens se sont réunis en groupe de travail et ont estimé qu'il était essentiel que l'ICEM relance sa campagne et accentue la pression sur le gouvernement irakien afin qu'il adopte un nouveau code du travail qui respecte totalement les normes internationales de l'OIT. Les syndicalistes irakiens veulent que les syndicats puissent fonctionner normalement dans le secteur public comme dans le privé, et que soit garanti le système pluraliste de syndicats qui existe actuellement sur le terrain dans leur pays. L'unité doit se réaliser volontairement par les travailleurs et leurs syndicats; elle ne peut être imposée par décret gouvernemental.

Une vaste discussion sur les syndicats alternatifs et indépendants s'est centrée sur la situation en Égypte où des affiliés de longue date de l'ICEM dans les secteurs du pétrole et de l'électricité se trouvent confrontés à de nouveaux syndicats indépendants dans ces industries.

On a surtout relevé la gravité de la situation dans le secteur des services à l'industrie pétrolière où la direction locale de Schlumberger a licencié pour des motifs fallacieux quatre militants de premier plan du nouveau syndicat. Le Secrétaire général ayant été licencié le jour même de son élection par le premier congrès de la nouvelle organisation, il est clair qu'il s'agissait là d'une attaque flagrante dirigée contre la nouvelle structure et tous les délégués. Àl'exception de ceux du vieux syndicat membre de la Fédération égyptienne des syndicats (ETUF), tous les délégués ont exprimé leur vif soutien aux militants de Schlumberger Égypte licenciés et appelé l'ICEM à intensifier la campagne en leur nom ainsi qu'en celui d'autres militants syndicaux victimes de licenciements dans des circonstances similaires.

En général, les délégués voudraient que l'ICEM accroisse ses activités dans toute la région et continue de mettre l'accent sur l'Irak et la Palestine. Ils ont demandé que la langue arabe ait une plus grande place dans la nouvelle organisation et qu'il y ait plus de séminaires et de réunions de réseaux s'inspirant de ce qui a été fait dans le passé. Manfred Warda et Jyrki Raina ont promis que la nouvelle organisation accroîtra son rôle dans la région MENA et soutiendra tous les efforts visant à construire des syndicats authentiques et forts dans la région.