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Reconnaissance d'un syndicat libre des mineurs et travailleurs de la métallurgie en Géorgie

17 mai, 2010

Les actions de grève du mois d'avril et une multitude d'activités syndicales au cours des deux dernières semaines ont permis d'obtenir sa reconnaissance à notre affilié le Syndicat des travailleurs de la métallurgie, la mine et la chimie de Géorgie. Quelque 5.800 travailleurs de l'usine Zestafoni Ferroalloys et des mines Georgian Manganese, à une quarantaine de kilomètres de Zestafoni, dans la région de Chiatura, ont maintenant leur syndicat libre et démocratique.

Cette bonne nouvelle a été suivie d'une autre, le 13 mai, après que le syndicat, appuyé par la Confédération des syndicats géorgiens (CSG), ait rencontré la direction pour une seconde séance de la Commission de conciliation qui a permis de progresser sur les revendications avancées par les travailleurs.

Les mineurs et les travailleurs de la métallurgie ont été galvanisés lorsque, dix jours après une grève de trois jours du 23 au 25 avril qui interpela la direction, ils ont reçu la visite du Secrétaire général de l'ICEM, Manfred Warda, et de son Responsable des industries de la chimie et du caoutchouc, Kemal Özkan, venus en Géorgie pour les rencontrer.

(de g. à dr.) Irakli Petriashvili, Président de la CSG, Manfred Warda, l'interprète de la CSG, Kemal Özkan

Venu témoigner de la solidarité de l'ICEM et de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM), Manfred Warda a dit aux travailleurs géorgiens qu'ils n'étaient plus seuls. Et, devant les médias et les travailleurs, il les a assurés de la volonté des deux fédérations de porter au besoin leur combat au-delà des limites de l'Asie centrale.

Ce message venait s'ajouter à une détermination qui a tenu pendant les mois d'une lutte qui a culminé par une série d'incidents au mois d'avril, avec de graves tentatives d'intimidation (voir l'article précédent de l'ICEM ici) de la direction qui n'ont eu pour autre résultat que d'inciter de plus en plus de travailleurs à se tourner vers le syndicat.

Au départ de la seconde séance de conciliation, la semaine dernière, la direction et ses avocats avaient tenté d'associer aux pourparlers un syndicat "jaune" existant mais moribond. Mais les sept représentants syndicaux ont menacé de quitter la réunion et de relancer les actions de grève. Le syndicat et les représentants de la CSG ont alors montré à leurs interlocuteurs une pile de mandats exprimant la confiance des travailleurs au Syndicat des travailleurs de la métallurgie, la mine et la chimie.

Le syndicat a obtenu sa reconnaissance. Les nombreuses revendications des travailleurs pour améliorer leurs conditions de travail ont ensuite été mises à la discussion. En premier lieu venaient les salaires. Dans les heures précédant la négociation, l'ICEM et la FIOM avaient réussi à obtenir les taux salariaux d'usines de ferro-alliage similaires d'Ukraine appartenant à la division métallurgie de la PrivatBank.

Les mineurs du complexe Georgian Manganese perçoivent un salaire mensuel moyen de 450 lari (GEL), soit 238 $ ou 192 €. Les travailleurs de la métallurgie de l'usine de ferro-alliage de Zestafoni ont un salaire mensuel moyen de 562 lari (GEL), soit 298 $ ou 240 €. Les deux camps ayant déjà fixé au 1er mai la date de prise d'effet des hausses de salaires, la direction a proposé une augmentation de 15% pour le personnel posté et 8% pour le personnel de jour.

Cette proposition n'est pas suffisante pour le camp syndical, mais il espère bien que les négociations d'aujourd'hui et de demain, les 17 et 18 mai, et encore le 20 mai, permettront de revoir à la hausse cette augmentation attendue depuis si longtemps. Le 13 mai, le syndicat a obtenu la promesse que les entreprises vont commencer à se conformer à la législation géorgienne en matière d'indemnités de maladie et verser des indemnités avec effet rétroactif à ceux à qui elles ont été refusées.

"C'est un grand pas en avant," a déclaré Gocha Aleksandria, la Vice-présidente de la CSG, qui siège à la Commission de conciliation. "L'administration accepte maintenant notre syndicat mais le plus dur reste à faire. Nous voulons des résultats visibles, concrets et tangibles pour nos adhérents, ce qui veut dire des contrats d'emploi permanents qui portent sur l'ensemble des questions."

Parmi ces questions, l'augmentation du nombre de jours de congés annuels de 30 dans la métallurgie et 32 dans la mine à 35, la création d'un fonds de pension auquel cotiseront les travailleurs et l'entreprise pour compléter la misérable pension de l'État, de meilleures conditions de santé et de sécurité et une amélioration des infrastructures médicales.

Dès avant les premières négociations, le 7 mai, la direction a réagi aux revendications des travailleurs et à la déclaration de l'ICEM en acceptant les contrats de travail permanents ainsi que la réintégration de deux dirigeants syndicaux qui avaient été licenciés pour leurs activités syndicales (à la réunion du 13 mai, la direction avait accepté de leur verser intégralement leurs salaires d'avril).

Une autre avancée obtenue dans la négociation est que les dirigeants syndicaux soumettront leurs revendications directement aux actionnaires géorgiens des entreprises. Le régime de propriété complexe de l'usine de ferro-alliage et des mines de manganèse a accordé une partie du capital par actions au groupe privé britannique Stemcor Holdings. L'action est cotée à la bourse géorgienne et le capital est en partie détenu par des chefs d'entreprise géorgiens et l'oligarque géorgien Gennadiy Boholyubov, avec son empire du manganèse lié à PrivatBank.

Pour l'instant, 3.600 mineurs et 2.200 travailleurs de la métallurgie ont un syndicat libre et démocratique à eux : le Syndicat des travailleurs de l'industrie métallurgique, minière et chimique de la région d'Imereti. Mais, comme le dit Gocha Aleksandria, c'est maintenant que commencent les choses sérieuses : le dialogue qui doit leur apporter les niveaux de salaire, de prestations et de conditions de travail qui leur reviennent de droit.