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Des tisseurs arrêtés sous l'inculpation d'extorsion à Karachi, Pakistan

29 mars, 2012Six tisseurs sur métier mécanique arrêtés le 21 mars et 12 travailleurs inculpés d'extorsion. Tous sont membres du syndicat Al Etehad Mazdoor, membre de la fédération nationale des syndicats du Pakistan (NTUF) affiliée à la FIOM,.

PAKISTAN: La ville de Etehad, Baldia Karachi, est le centre du tissage sur métier mécanique et d'unités de production de serviettes établies par de gros exportateurs de textile comme Al Karam. Des milliers de petites et moyennes fabriques sont en activité sans être enregistrées, selon la loi sur les fabriques. En conséquence, des centaines et des milliers de travailleurs et travailleuses sont employés dans ces fabriques sans aucune protection juridique. Leur travail s'accomplit dans des conditions misérables, sans contrat de travail, sans sécurité sociale, en travaillant de longues heures avec de bas salaires.  Les tisseurs de serviettes sur métiers mécaniques ont créé le syndicat Al Etehad Mazdoor, qui est enregistré au ministère du Travail de la province Sindh et affilié à la fédération nationale des syndicats du Pakistan (NTUF).
 
Au cours des deux derniers mois, le syndicat a commencé une campagne pacifique pour faire enregistrer les fabriques, conformément à la loi sur les fabriques, augmenter les salaires et présenter d'autres revendications destinées à améliorer les conditions de travail. En réponse, les employeurs ont engagé des actions anti-ouvrières en supprimant des centaines d'emplois et en décidant illégalement des lock-out.

Le syndicat a déposé des plaintes contre la fermeture illégale de fabriques et les suppressions d'emplois au ministère du Travail. Le 21 mars 2012, les responsables du ministère du Travail ont convié les propriétaires de fabriques à assister à une réunion pour examiner la question et trouver une solution. Mais les employeurs n'ont pas tenu compte de cet appel et ont commencé à harceler les travailleurs et travailleuses en faisant appel à la police.
 
C'est alors que les forces de police et de gendarmerie (Ranger Force) sont arrivées dans des dizaines de véhicules pour faire des rafles dans les logements des militants syndicaux le 21 mars et ont arrêté 6 travailleurs dans le cadre de la loi antiterroriste. Toutes les personnes arrêtées ont été brutalement torturées avant d'être ensuite présentées au tribunal antiterroriste (ATC) No 2 à Karachi le 24 mars. Le juge a donné un avertissement à la police contre les tortures infligées aux travailleurs et ordonné à l'officier de police chargé de l'enquête (IO) de faire donner les soins médicaux appropriés aux travailleurs victimes de tortures. Le tribunal a également ordonné à la police de présenter les travailleurs à l'ATC le 29 mars.
 
La police a déposé le premier rapport d'information (FIR) contre 12 travailleurs dont les membres du bureau du syndicat des travailleurs des métiers à tisser mécaniques Al Etehad Mazdoor, parmi lesquels six sont détenus. Les militants syndicaux affirment que la police brutalement torturé les travailleurs au poste de police de Machko pour les forcer à reconnaître devant la presse leur participation à des extorsions de fonds (Bhatta) dans la zone industrielle. Cependant, les travailleurs sont restés fermes et n'ont pas cédé aux pressions de la police.
 
Les représentants syndicaux ont rencontré le ministre du Travail de Sindh, ont informé le ministère du Travail et lancé un appel au Président de la Cour suprême de justice et au Président de la Haute Cour de justice de Sindh pour obtenir leur intervention immédiate afin d'assurer la protection des droits des travailleurs. Le 23 mars, les travailleurs de la  NTUF ont tenu une réunion de protestation au Club de la presse de Karachi, pour exiger la libération immédiate des travailleurs détenus. Nasir Mansoor, secrétaire général adjoint de la NTUF a déclaré "qu'il s'agit d'une tentative d'écrasement de la lutte des travailleurs pour la défense de leurs droits", et demandé aux travailleurs et travailleuses du monde entier d'étendre la solidarité et d'exercer des pressions sur le gouvernement pakistanais pour qu'il respecte les droits des travailleurs et travailleuses.