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Blog de la COP25, journée du 12 décembre 2019

12 décembre, 2019Brian Kohler, Directeur en charge du développement durable à IndustriALL, fait régulièrement le point sur les derniers événements de la COP25.

Written by: 2019-12-13 15:48:23 +0100

Un événement important a eu lieu aujourd'hui : le lancement de l'« initiative Action climatique pour l'emploi ».

Comme l'a expliqué l'OIT : « Lors du Sommet des Nations Unies sur l'action pour le climat de 2019, quarante-cinq pays se sont engagés à placer l'emploi au cœur d'une action climatique ambitieuse. Pour que ce programme centré sur les personnes puisse se transformer en actions concrètes, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a annoncé la mise en place de l’initiative Action climatique pour l'emploi. Le Secrétaire général de l'ONU a désigné l'Organisation internationale du Travail (OIT) en tant que chef de file de la mise en œuvre de l'initiative. Les partenaires gouvernementaux, des organisations de travailleurs et d'employeurs, des institutions internationales et du milieu universitaire apportent leurs valeurs, leur expertise et leurs réseaux dans le cadre d'un programme commun. »

Cliquez sur le lien pour en apprendre davantage sur l’initiative Action climatique pour l’emploi.

Lors de l'événement, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a parlé de l'urgence d'agir. Actuellement, nous perdons la bataille sur les changements climatiques, mais cela peut changer si nous travaillons ensemble. L’initiative Action climatique pour l'emploi pourrait recentrer le débat.

Guy Ryder, Directeur général de l'OIT, a appelé les Parties à intégrer la stratégie Action climatique pour l'emploi, les objectifs de développement durable (ODD) et la transition juste dans la prochaine série de contributions déterminées au niveau national (NDC). Il a souligné la nécessité d’avoir une stratégie sur les compétences et des accords tripartites. Selon Ryder, un avenir durable est à notre portée si nous agissons avec rapidité, détermination, intelligence et dans un esprit de coopération.

Teresa Ribera, ministre espagnole de la Transition écologique, a cité l'exemple de l'expérience espagnole, notamment l’approche de la transition juste suivie en faveur des communautés dépendantes du charbon. L’enseignement tiré de l’Espagne peut être reproduit ailleurs. Quarante-six pays ont pris l’engagement de soutenir l'Initiative Action climatique pour l'emploi, y compris la transition juste, et nous espérons qu'ils seront rejoints par de nombreux autres pays. Nous devons faciliter l’établissement d’un véritable dialogue social qui englobe la participation des jeunes, des travailleurs et d'autres organisations de la société civile.

Svenja Schulze, ministre allemande de l'Environnement, a décrit le dialogue social soutenu qui a fait partie intégrante du plan de démantèlement de l’industrie du charbon en Allemagne. Il s’agit là d’un autre exemple à partir duquel la communauté internationale peut apprendre. L'Allemagne vise à reconvertir d'anciennes régions tributaires du charbon en nouveaux centres d'énergies renouvelables et de technologies vertes tout en veillant à garantir aux travailleurs et aux communautés une transition juste.

Artur Lorkowski, Ambassadeur envoyé spécial pour le climat durant la présidence de la COP24, a évoqué le cadre de la Déclaration de Silésie pour parler sur la transition juste. Plus de cinquante pays ont signé cette Déclaration. Lorkowski a fait observer que la transition juste n'est pas seulement une question de coûts mais aussi d'opportunités.

Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI, a déclaré que le monde se trouve à une époque de colère, de conflits et de déplacements. La Transition juste a un rôle à jouer dans bon nombre de ces domaines de crise convergents. Elle a souligné que l’Espagne, l'Allemagne, le Canada et d'autres pays prenaient toutefois des engagements en faveur de la transition juste. Nous devons penser à la propriété intellectuelle, nous devons avoir une technologie open source. Nous avons besoin d'un nouveau contrat social qui prenne en considération ces questions. Personne ne peut être laissé pour compte. Mettons en œuvre la déclaration du centenaire de l’OIT, mettons en place l’action climatique pour l'emploi; nous devons agir maintenant pour garantir aux travailleurs un socle de protection des droits, de la santé et de la sécurité au travail, du salaire minimal, de la protection sociale, et une transition juste en faveur de l'action climatique. Si les gouvernements refusent d'écouter leurs populations, ils devront faire face à la colère des gens.

Roberto Suárez Santos, Secrétaire général de l'Organisation internationale des employeurs, a suggéré que les employeurs locaux se joignent au mouvement et établissent des relations avec la société civile. Il a souligné l'importance pour les travailleurs d’acquérir de nouvelles compétences et d’accéder à des formations de requalification.

Enfin, Barbara Neira, représentante des jeunes du Chili, a parlé de l'injustice institutionnelle et de la nécessité de transformer la société.

Les textes complets des discours de Guy Ryder et du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Parmi les autres nouvelles, comme on pouvait le prévoir la manifestation d'hier a eu des retombées. La sécurité de l'ONU n'a pas apprécié et a retiré leurs badges à certains de nos membres. La société civile a été critiquée pour ne pas avoir respecté les règles, paralysé le processus de la COP et « compromis la sécurité des délégués ».

Bert De Wel a répondu, au nom des syndicats, que l’échec de cette COP ne pouvait guère être attribuable au fait d’avoir empêché les Parties de rentrer en réunion plénière pendant 10 minutes mais que la raison en était plutôt l’incapacité de ces Parties à aborder sérieusement les problèmes pendant la semaine et demie des réunions ayant déjà eu lieu dans le cadre de la COP. En fait, nous essayons d'aider la présidence de la COP à aboutir à une décision en faisant pression sur les Parties.

La situation montre le lien entre la justice climatique et la justice sociale. Bien sûr, cette COP25 est singulière en ce sens qu’elle se déroule en Espagne après que le Brésil, puis le Chili aient refusé de l'accueillir en raison de leurs opinions de droite et de leurs tentatives de museler la société civile dans leur propre pays.

Plus tard dans la journée, j'ai appris que ceux qui avaient été privés de leurs accréditations seraient à nouveau admis et que les groupes de la société civile ne seraient pas punis pour cette action.

La plupart des négociations publiques sont terminées. Le succès ou l’échec de la COP25 dépend maintenant des ministres. Nous avons besoin que le texte final fasse référence à des concepts tels que l'équité, la justice sociale et la transition juste. Malheureusement, les discussions ministérielles se déroulent à huis clos, de sorte qu'il est difficile de savoir avec certitude ce qui se passe. Cependant, les bribes d’information que nous recevons ne sont pas encourageantes.

Les jeunes délégués sont les véritables stars de cette COP. Bien que Greta Thunberg retienne la majeure partie de l'attention des médias, les jeunes sont venus en délégation importante à la COP. Tous ceux que j'ai rencontrés m’ont impressionné. Ils nous ont parlé de l'impact des manifestations chiliennes sur les jeunes, notamment du décès d’au moins un adolescent touché par une grenade de gaz lacrymogène. La jeunesse chilienne s’est réveillée. Les jeunes continueront à se battre aux côtés des travailleurs et des autres membres de la société civile pour obtenir de meilleures conditions sociales tout en protégeant le climat. Une jeune militante québécoise nous a dit pourquoi elle s’est engagée.

« Pourquoi devrions-nous aller à l'école pour trouver un emploi qui n'a pas de signification si nous n'avons aucune confiance en l'avenir? Nous sommes tous ensemble unis contre le système qui rend les pauvres plus pauvres et les riches plus riches. Nous sommes au début d'une ère nouvelle, nous demandons justice, et on ne nous ridiculisera pas. »

Dans le monde entier, la colère monte chez les jeunes face à ces problèmes. On leur vole leur avenir et ils réclament qu'il leur soit rendu.

Les peuples autochtones, les femmes, les groupes environnementaux et les syndicats ont également appelé les Parties à agir avec détermination et à faire en sorte que la COP25 soit à la hauteur de sa devise : « Il est temps d’agir ». Nous saurons bientôt si les dirigeants ont entendu leurs messages.