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Réunion du réseau syndical mondial Shell de IndustriALL

2 octobre, 2015Lors d’une réunion organisée à Singapour les 29-30 septembre 2015, une soixantaine de dirigeant(e)s et de représentant(e)s de syndicats de 22 pays présents sur chaque continent du monde, représentant les salariés de Shell, ont annoncé la formation d’un réseau syndical mondial dans le but d’assurer une riposte.

La réunion s’est tenue immédiatement après l’annonce par Shell de sa décision de supprimer 6.500 emplois à la suite de la baisse des prix du pétrole. La chute des prix a causé une vague de suppressions d’emplois dans toute l’industrie. Ainsi, d’autres entreprises pétrolières et de services, comme Chevron, Halliburton, Baker Hughes, Centrica, ont pris des décisions identiques. Les milieux industriels estiment que 100.000 licenciements auront lieu au cours de cette année en raison des prix du pétrole.

Shell est un groupe multinational d’entreprises dans les secteurs de l’énergie et de la pétrochimie qui a son siège à La Haye, Pays-Bas. L’entreprise mère du groupe Shell est Royal Dutch Shell plc, qui est constituée en société commerciale en Angleterre et au Pays de Galles. Employant environ 90.000 travailleurs et travailleuses, Shell mène des activités dans plus de 70 pays et produit 3,1 millions de barils d’équivalant en pétrole par jour.

Les participant(e)s à la réunion ont analysé les caractéristiques de l’industrie du pétrole et la situation générale de Shell, dans le cadre d’un exposé des représentants de la fédération syndicale FNV aux Pays-Bas. Il s’agit d’une industrie encore à forte intensité de capital où les coûts du travail sont relativement bas, qui se concentre sur des activités essentielles à l’échelle mondiale, et externalise les travaux auxiliaires à des fournisseurs de services à faible coût, en cherchant à générer de la valeur pour ses actionnaires, tout en nécessitant une “License d’exploitation” qui exige de l’entreprise en question une bonne réputation.

La réunion a examiné et échangé des informations et des expériences des participant(e)s sur les relations de travail, la situation des syndicats et les relations industrielles dans les activités de Shell dans le monde. Des défis communs ont été confirmés par les syndicalistes de Shell, comme l’augmentation de l’emploi précaire dans les travaux “auxiliaires”, ainsi que les problèmes et les obstacles difficiles à surmonter dans la négociation collective, et le manque d’informations et de consultations. Il est signalé que même aux Pays-Bas, le taux de syndicalisation ne dépasse pas 20 pour cent.

Les représentants de United Steelworkers d’Amérique du Nord ont informé la réunion des luttes menées en 2015 avec Shell dans les négociations pour des contrats. Les participant(e)s ont appris que deux points importants étaient traités, les salariés contractuels et la formulation des contrats. À la suite de l’échec des négociations, 3.000 salariés, soit 10 pour cent de l’industrie, ont fait grève. Après des journées de grève, un accord a été conclu sur les contractuels et le retour à la formulation antérieure. Toutefois, les relations de travail sont tendues depuis la grève dans les activités de Shell aux États-Unis.

Alors que les participants pakistanais rendaient compte de la situation de leur syndicat, ils ont été indignés des tentatives de répression syndicale de Shell après la formation du syndicat des travailleurs d’Insaf Shell et la volonté du nouveau syndicat de contester une élection pour une nouvelle convention collective. La direction locale de Shell a intenté un recours contre l’enregistrement du syndicat en prétendant que 300 travailleurs n’ont pas le droit de former un syndicat. La réunion a adopté à l’unanimité une déclaration de solidarité sur la situation au Pakistan.

Outre la formation d’un réseau syndical mondial, la réunion a examiné et adopté un plan d’action portant sur des activités efficaces menées de manière constructive dans le cadre du réseau syndical Shell, l’établissement d’une communication efficace par courriels, la création d’une page Facebook, et la construction d’une base de données sur les conditions de travail dans les activités menées par Shell. Le réseau explorera également la possibilité d’une collecte de fonds pour la solidarité internationale, et la recherche d’une interaction avec la direction de l’entreprise.

La réunion a désigné un comité de direction chargé de la conduite des activités du réseau, composé de représentant(e)s des Pays-Bas (représentant l’Europe comme coordonnateur général), des États-Unis (Amérique du Nord), de Singapour (Asie Pacifique), d’Argentine (Amérique latine), d’Irak (MENA), et du Ghana (Afrique subsaharienne).

La deuxième réunion du réseau syndical mondial Shell est prévue encore aux Pays-Bas en 2016 avec le soutien de la Fondation Friedrich-Ebert (FES).

“La réunion à Singapour constitue un excellent coup d’envoi pour l’établissement d’un pouvoir syndical dans les activités menées par Shell dans le monde,” a déclaré Kemal Özkan, secrétaire général adjoint de IndustriALL Global Union. “Il est maintenant temps pour les travailleurs et travailleuses de Shell de riposter aux nombreux défis et à la détérioration des conditions d’emploi”.