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Des choses bougent dans la construction navale et la démolition des navires

7 novembre, 2019La démolition des navires est l'une des professions les plus dangereuses au monde. Le groupe d'action d'IndustriALL sur la construction navale et la démolition des navires, réuni à Marseille, les 4 et 5 novembre, a accordé une attention prioritaire à la sécurité, au travail précaire et au renforcement de la campagne en faveur de la ratification de la Convention de Hong Kong.

Dans son discours d'ouverture, Kenichi Kanda, coprésident du secteur, a parlé de l'importance de protéger la sécurité des travailleurs:

 

« Ce groupe d'action fait progresser les droits des travailleurs et nous constatons des améliorations. Mais trop de vies sont encore perdues dans cette industrie. »

Depuis que la Chine a interdit la démolition des navires l'année dernière, l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh représentent 92% du tonnage brut de la démolition des navires dans le monde.

L'Inde est en passe d'adopter une nouvelle loi sur la démolition des navires applicable à l'industrie. Bien que des efforts doivent encore être consentis, Rane Vidyadhar Vasuedo, membre du syndicat SMEFI, a fait état d'une industrie qui prend des mesures importantes pour faire avancer les choses: le dialogue social a été engagé, et des améliorations ont eu lieu au niveau des conditions de travail, de la santé et de la sécurité, y compris grâce à un nouvel hôpital. Des investissements ont été réalisés dans la démolition viable des navires et 80% des installations de démolition des navires dans le pays sont respectueuses de l’environnement.

Nadir Aziz, membre du syndicat NTUF, a brossé un tableau plus sombre au Pakistan. Les conditions de travail des quelque 10 000 personnes qui travaillent d'arrache-pied dans la démolition des navires sont caractérisées par des bas salaires, l’absence de mesures de sécurité comme le port de gants et de casques, et aucun accès à l'eau potable. Des entrepreneurs privés gèrent la cantine, l'hébergement et la seule ambulance disponible à des prix exorbitants et en offrant une qualité inférieure aux normes requises.

« Les accidents ont diminué en Inde, mais au Bangladesh, 14 personnes sont déjà mortes cette année. Cette différence montre l'importance de respecter les normes internationales, et c’est au travailleurs que nous devons d’assainir l'industrie »,

a déclaré le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL, Atle Høie, en appelant à renforcer la campagne en faveur de la ratification de la Convention de Hong Kong pour le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires.

Jusqu’à présent, 13 pays ont ratifié la convention, qui a besoin pour entrer en vigueur de 15 pays signataires, représentant 40% du tonnage brut de la marine marchande et 3% en moyenne du tonnage de recyclage.

Expériences acquises par les pays dans la construction navale

L'industrie de la construction navale au niveau mondial connaît un afflux de travailleurs migrants, qui représentent, dans certains pays, notamment en Chine, au Vietnam, aux Philippines, en Pologne et en Roumanie, jusqu'à 30% de la main-d'œuvre.

Les Pays-Bas, par exemple, ont enregistré une augmentation massive des travailleurs migrants grâce à un système qui bénéficie aux agences et aux employeurs, mais qui laisse les travailleurs ignorant de leurs droits et dans l’impossibilité d’accéder au régime national de sécurité sociale et de retraite. Déposer une réclamation en situation précaire, peut vous conduire à la rue.

Le groupe d'action a souligné l'importance de défendre les droits des travailleurs migrants et le souhait que les conventions collectives incluent des droits en leur faveur.

Longtemps, les travailleurs du secteur de la construction navale chilienne, considéré comme un secteur militaire, n'ont pas été autorisés à adhérer à un syndicat. Depuis que l'organisation des travailleurs est devenue légale, Mikel Gotzon Capetillo Cardenas, membre du syndicat Constramet, a signalé que 80% des ouvriers travaillant sur son chantier sont syndiquées. La loi limite toutefois encore les droits syndicaux fondamentaux, comme la négociation d'une convention collective.

Le syndicat des métallurgistes coréens prend des mesures contre la fusion de Hyundai Heavy Industries et de Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering. Le syndicat a organisé une série de grèves ces derniers mois au cours desquelles les travailleurs permanents et contractuels ont lutté côte à côte.

 

L’entreprise a réagi en licenciant plus de 1 000 travailleurs, en ne versant pas les salaires, en gelant le compte bancaire du syndicat et en suspendant les négociations sur la convention collective.

Les femmes sont sous-représentées dans la construction navale et la démolition des navires. La démolition des navires crée de nombreux emplois, le plus souvent informels, en aval des chantiers. En Inde, les femmes qui recyclent le plastique et la ferraille en aval sont organisées par la Self Employed Women Association (Association de femmes exerçant une activité indépendante).

Quand nous luttons, nous gagnons

En 2013, le syndicat australien AMWU a lancé une campagne pour « concevoir, construire et entretenir nos navires ici ». La campagne a duré trois ans, mobilisé les travailleurs et les communautés, et fait pression sur les politiciens. Au bout du compte, elle a sauvé des emplois dans l'industrie de la construction navale, et « ce sont de bons emplois bien rémunérés ».

Pour gagner en force et parler d'une seule voix, quatre syndicats australiens de l'industrie se sont unis pour former l'Australian Shipbuilding Federation of Unions (ASFU).

« L'ASFU coordonne et rationalise l'utilisation des ressources. C'est une démonstration de solidarité et de force lorsqu'il s'agit de traiter avec les employeurs, le gouvernement et l'industrie. Ensemble, nous organisons et construisons le pouvoir de l'industrie. »

a indiqué Glen Thompson.

Concluant les deux jours de réunion, Kan Matsuzaki, directeur d’IndustriALL chargé de l’industrie de la construction navale et de la démolition des navires, a déclaré :

« L'intégration de la démolition des navires dans ce groupe en 2011 nous a rendus plus forts et a conduit à un accroissement de la solidarité. Nous continuerons à nous soutenir les uns les autres, à organiser les travailleurs, à éduquer et à former pour que ce secteur ait un avenir durable. »

En 2020, le groupe d'action continuera de défendre les droits des travailleurs et de renforcer le pouvoir syndical, notamment :

  • en renforçant la campagne en faveur de la ratification de la Convention de Hong Kong,
  • en améliorant la participation des femmes dans l'industrie,
  • en développant les réseaux syndicaux existants (Fincantieri, BAE et Naval),
  • en conduisant des recherches sur les compagnies multinationales et leurs chaînes d'approvisionnement,
  • en étudiant les différentes possibilités de négocier des accords-cadres mondiaux,
  • en cartographiant en détail les travailleurs précaires et migrants,
  • en partageant les bonnes pratiques sur la limitation du travail précaire,
  • en offrant un soutien solidaire continu à la lutte de KMWU contre la fusion,
  • en promouvant le recueil de directives pratiques révisé de l’OIT.