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Les syndicats intensifient leur campagne pour l’industrialisation de l’Afrique

15 octobre, 2019Plus de 200 leaders syndicaux ont ré-affirmé leur détermination à faire campagne pour l’industrialisation du continent lors de la Conférence d’IndustriALL Global Union sur l’industrialisation de l’Afrique, qui s’est tenue le 9 octobre à Dar es Salaam, en Tanzanie. Cette réunion a reçu le soutien de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de la Fondation Friedrich Ebert (FES).

La campagne que mène IndustriALL en faveur de l’industrialisation de l’Afrique fait partie d’un objectif stratégique visant à promouvoir une politique industrielle durable : aucun pays ni aucune région n’a atteint la prospérité et un niveau de vie décent pour ses citoyens sans un secteur industriel solide.

Le faible niveau d’industrialisation de l’Afrique est lié à son passé colonial. Après l’indépendance, des tentatives ont été faites pour industrialiser l’économie, mais les programmes d’ajustements structurels du FMI et la libéralisation du commerce ont sapé les économies africaines à peine sont-elles devenues indépendantes, laissant les forces du marché “tirer l’échelle”.

Le résultat en est que le continent reste encore une simple source de matière première et que la valeur ajoutée est produite ailleurs. Selon certain rapports, en moyenne, l’industrie africaine génère US $700 de PIB par habitant, ce qui représente moins d’un tiers du chiffre correspondant pour l’Amérique latine et un cinquième de celui de l’Asie de l’Est.

Les économies africaines sont dépendantes de leurs matières premières. C’est là que se situent les cinq premiers pays producteurs de pétrole avec environ 10% de la production mondiale, alors 40% de l’or et entre 80 et 90% du chrome et du platine sont originaires du continent.

Les participants ont souligné l’importance de l’industrialisation pour s’éloigner de l’agriculture ou de l’exploitation de matières premières pour aller vers une économie basée sur la fabrication, ce qui permettrait d’augmenter les revenus et les niveaux de vie.

Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL Kemal Özkan indique :

“C’est un riche continent qui a été systématiquement pillé. L’Afrique a besoin d’une économie centrée sur l’humain qui apporte la démocratie à la vie économique.

“Certaines des économies à la plus forte croissance dans le monde se situent en Afrique. Mais la croissance n’est pas la même chose que le développement.”

Le Secrétaire général adjoint Atle Høie s’est exprimé sur l’importance de comprendre les accords commerciaux et le danger des mécanismes de règlement des conflits entre investisseurs et États qui n’obéissent qu’à leurs propres règles.

Les affiliés ont débattu du potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine et se sont engagés à mettre en œuvre le plan d’action d’IndustriALL sur le commerce, qui appelle les gouvernements à respecter les Conventions de l’OIT et s’assurer que des droits relatifs au travail soient inclus dans les accords commerciaux.

L’industrialisation requière des financements. Le rapport Mbeki montre que l’Afrique perd 52 milliards de dollars par an par le biais de flux financiers illicites, ce qui ne peut pas rester sans suite.

Le rôle de l’industrialisation est articulé au sein du plan d’action de l’Union africaine, AIDA, et de la Troisième décennie du développement industriel de l’Afrique des Nations Unies. Des débats ont eu lieu sur les voies de l’industrialisation qui prennent en compte le changement climatique, industrie 4.0 et l’avenir du travail. Les syndicats sont convenus que se focaliser sur des stratégies nationales ne fonctionnerait pas et que des pôles industriels, des infrastructures, des mesures de relèvement des compétences et un commerce intérieur à l’échelle de la région étaient essentiels. La conférence s’est accordée sur des stratégies de campagne pour l’industrialisation.

Les syndicats vont mener des actions à l’occasion de la Journée de l’industrialisation de l’Afrique, le 20 novembre, en faisant pression auprès des agences intergouvernementales mondiales et africaines. IndustriALL va mener des programmes sur différents aspects de l’industrialisation comme la durabilité, les politiques énergétiques, les chaînes d’approvisionnement, Industrie 4.0 et le commerce.

“L’industrialisation de l’Afrique revêt une importance critique pour IndustriALL,” a déclaré Kemal Özkan.

“Si nous n’infléchissons pas la trajectoire du continent, l’Afrique va rester un endroit où les gens vivent dans une extrême pauvreté, ce qui est totalement inacceptable”.