9 février, 2010

Le lock-out imposé par Rio Tinto Minerals à 560 adhérents de l'International Longshore & Warehouse Union (ILWU) à Boron, en Californie, dure maintenant depuis huit jours et rien n'indique que la direction soit prête à discuter dans l'immédiat.
En réalité, Rio Tinto a fait appel aux services d'une société de sécurité, J.R. Gettier, de Wilmington, dans le Delaware, pour conduire en autobus de la main-d’œuvre de remplacement au travers des piquets de grève et prendre une apparence paramilitaire et menaçante devant les adhérents de l'ILWU et leurs familles dans la ville de Boron, dans le désert de Mojave, à 122 kilomètres à l'est de Los Angeles.
J.R. Gettier se présente comme une entreprise de services intégrés dont les équipes "viennent dans votre entreprise pour gérer un conflit avec le personnel". JRG Services, une division de J.R. Gettier, fournit à ses clients du personnel temporaire ou de remplacement pour "contribuer à répondre aux … besoins de votre entreprise."
Ce lock-out sera au centre des débats lorsque se réuniront à Palmdale, en Californie, le 15 février, les syndicats des mineurs et des gens de mer, dont l'ICEM et la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF). Ce séminaire intersyndical, auquel participe le principal syndicat des gens de mer et des dockers, ILWU, basé à San Francisco, a déjà publié une déclaration de soutien aux travailleurs victimes du lock-out :
"Nous exprimons notre solidarité aux travailleurs de l'ILWU de Boron et à leurs familles en particulier qui ont été victimes de cette attaque le matin du 31 janvier, pour la défense des droits des travailleurs et le refus de capituler devant les tactiques brutales de Rio Tinto qui veut briser le syndicat pour tailler dans les salaires et les prestations."
L'ICEM a publié une déclaration le 1er février disant qu'elle va tirer parti de sa position de première Fédération syndicale internationale de l'industrie minière "pour alerter les syndicats du monde entier, en particulier ceux qui représentent les travailleurs de Rio Tinto, dénoncer le lock-out et les exhorter à agir pour le compte de la section locale 30 de l'ILWU." Le texte intégral de la déclaration, en anglais, est visible ici.
Et le 5 janvier, dans un message adressé à l'ILWU, l'ITF écrit que "le lock-out peut être considéré comme la réaction la plus vile d'un employeur face à un personnel qui réclame le dialogue … nous rendons hommage à votre combat et à celui de vos familles, à votre force et votre courage pour vous dresser ensemble contre une entreprise qui fait tout ce qu'elle peut pour se mesurer à son personnel et affaiblir le syndicat".
Le Président de l'ILWU, Bob McEllrath, a déclaré "Nous nous lançons dans une grande bataille, et elle sera longue et dure", en remerciant les syndicats qui ont déjà manifesté leur soutien.
La précédente convention de la section locale 30 de l'ILWU est arrivée à expiration le 4 novembre 2009. Le 29 janvier, la direction a présenté aux travailleurs des demandes de concessions en les menaçant d'un lock-out s'ils refusaient. Le lendemain, les 500 adhérents du syndicat présents à une réunion pour discuter de la proposition l'ont rejetée. La direction réclame des changements inouïs en matière d'ancienneté, de travail posté et d'heures supplémentaires, de promotions ; elle veut aussi imposer unilatéralement des changements au régime de flexibilité qui lui permettraient de recourir plus facilement à la sous-traitance.
Le groupe minier mondial Rio Tinto affichait un résultat avant impôts de 16 milliards $ en 2008. Rio Tinto Minerals a son siège dans l'État du Colorado et sa mine de borax (tétraborate de sodium) de Californie est la deuxième plus grande au monde ; elle produit 42% de la production mondiale de composés raffinés de borate.
L'ICEM invite tous ses affiliés et sympathisants à envoyer des lettres de protestation à Rio Tinto pour condamner le lock-out. Cliquez ici pour une lettre-type en anglais, copiez le texte sur votre papier à en-tête et envoyez-là au P-DG de Rio Tinto, Tom Albanese, à l'adresse [email protected], avec copie à [email protected] et à [email protected].