9 octobre, 2025En prévision du prochain Congrès d’IndustriALL à Sydney, 40 délégués des syndicats de cols blancs se sont réunis en ligne le 29 septembre dernier afin d’élaborer une stratégie pour faire avancer leurs priorités dans les débats.
“Lors du congrès, nous devons souligner l’importance d’intégrer les cols blancs dans tous les piliers de la stratégie d’IndustriALL, car ils sont présents dans tous les domaines, de la transition juste à l’égalité et au-delà. Leurs droits doivent être pleinement reconnus et nous devons identifier des moyens concrets de les soutenir. IndustriALL doit adapter ses stratégies afin de refléter la diversité des situations des travailleurs et travailleuses cols blancs et répondre aux attentes spécifiques de chaque pays. Il s’agit d’un défi de taille, mais je suis convaincue que la section des travailleurs et travailleuses cols blancs d’IndustriALL est prête à le relever. Dans tous les pays, le nombre de travailleurs et travailleuses cols blancs continue d’augmenter et ils sont tous confrontés à des défis similaires”, a indiqué Corinne Schewin, CFE-CGC, Coprésidente du secteur des cols blancs d’IndustriALL.
La syndicalisation des cols blancs reste la priorité absolue. De nombreux syndicats, en particulier ceux qui représentent traditionnellement les cols bleus, ont réguilièrement du mal à comprendre pleinement les préoccupations des cols blancs. À l’inverse, de nombreux cols blancs ont peu de connaissances ou de liens au niveau des syndicats. Une étude d’industriAll Europe indique que l’une des principales raisons pour lesquelles les cols blancs ne s’affilient pas à un syndicat est simplement qu’ils ne le connaissent pas et n’ont jamais été approchés.
Constanze Kraetsch a présenté des exemples de stratégies efficaces mises en œuvre par IG Metall pour toucher les travailleurs et travailleuses des bureaux et établir une relation de confiance avec eux. Pendant l’épidémie de Covid-19, dans une entreprise automobile, le syndicat a commencé à organiser des “pauses café” en ligne pour les travailleurs et travailleuses de bureau, qui se sont avérées si efficaces qu’elles se poursuivent depuis lors.
Ces réunions bimestrielles combinaient des conversations informelles, des mises à jour techniques et des exposés des représentants du Comité d’entreprise sur les tendances du secteur et l’évolution de l’entreprise. Les sessions étaient soigneusement préparées et ont attiré de nombreux participants. Le bouche-à-oreille a contribué à leur succès et les travailleurs et travailleuses ont rapidement compris qu’ils passaient à côté de quelque chose s’ils n’y participaient pas. Au fil du temps, les travailleurs et travailleuses se sont sentis plus à l’aise pour dialoguer avec le syndicat et les membres du Comité d’entreprise.
Dans une autre entreprise, qui ne comptait que des travailleurs et travailleuses cols blancs, le syndicat et les membres du Comité d’entreprise ont organisé de courtes réunions de 20 minutes pendant la pause déjeuner, au cours desquelles ils ont débattu des questions liées au lieu de travail et interrogé les employés sur leur satisfaction au travail.
Patrick Tay Tack, du syndicat UWEEI (Syndicat de l’industrie électronique et électrique) et Coprésident du secteur des cols blancs d’IndustriALL, a déclaré : “Il est essentiel de comprendre les préoccupations des travailleurs et travailleuses cols blancs avant de commencer à les syndiquer.”
À Singapour, où ils regroupent les deux tiers de la main-d’œuvre, les syndicats peuvent les représenter par le biais de conventions collectives. Dans le cadre tripartite, un groupe de travail sur les experts, gestionnaires et cadres d’entreprises a été créé en 2020 afin de renforcer l’emploi et l’employabilité. Après avoir interrogé plus de 10.000 d’entre eux, ainsi que les employeurs et autres parties prenantes, il a constaté que la précarité de l’emploi était la principale préoccupation, avec des appels à un soutien plus fort en matière d’emploi et de formation.
Sur base de ces conclusions, le NTUC a élaboré plusieurs programmes ciblés pour soutenir les cols blancs. Il s’agit notamment d’un écosystème de mentorat et du programme de mentorat des cadres du NTUC, conçu pour aider les cols blancs à différentes étapes de leur carrière. Les mentors, qui sont des spécialistes du secteur, partagent les meilleures pratiques et donnent des conseils de carrière. Les mentors peuvent participer au réseau des mentors du NTUC afin de se tenir au courant des tendances du secteur et de l’évolution des attentes des travailleurs et travailleuses cols blancs.
Agnes Ama Agamasu, du GMWU (Syndicat des mines du Ghana), a souligné la nécessité de mettre en place des stratégies ciblées pour s’impliquer auprès des femmes des STEM ainsi qu’auprès des jeunes cols blancs. Elle a mis en avant le recrutement syndical entre pairs comme le moyen le plus efficace d’atteindre les jeunes cadres, les jeunes leaders partageant leurs expériences en tant que syndicalistes pour inspirer les autres. Les réseaux sociaux jouent également un rôle clé pour susciter l’intérêt et encourager la participation.
Pour ce qui est des femmes dans les STEM, les syndicats doivent leur apporter leur soutien par le biais d’initiatives telles que des bourses de formation et des comités de femmes, qui offrent des possibilités de réseautage et de développement du leadership.
IndustriALL a développé des modules de formation pour aider les recruteurs syndicaux à concevoir et à mettre en œuvre des campagnes de syndicalisation stratégiques pour les travailleurs et travailleuses cols blancs. Soutenus par la Fondation Friedrich Ebert (FES), ces programmes de formation ont déjà permis de former de nombreux recruteurs et dirigeants en Asie du Sud-Est et en Amérique latine, où des campagnes de syndicalisation sont en cours.
“Au cours des deux dernières années, nous nous sommes attachés à mieux équiper nos affiliés pour syndiquer les cols blancs. Nous avons constaté des progrès significatifs au cours de cette période, après une période d’activité limitée. Le Congrès devrait nous aider à tirer parti de cette nouvelle dynamique et permettre à nos affiliés d’intensifier leurs efforts pour syndiquer ces travailleurs et travailleuses qui, dans certains pays, représentent déjà une minorité importante, voire la majorité, de la main-d’œuvre au sein de l’industrie manufacturière,”
a indiqué Christine Olivier, Secrétaire générale adjointe d’IndustriALL.
Une autre priorité a consisté à donner aux syndicats les moyens de s’occuper de la santé mentale des travailleurs et travailleuses cols blancs, en particulier à la lumière des nouveaux risques liés à l’automatisation et à l’IA.
Enfin, les participants ont discuté de la nécessité de renforcer la capacité des syndicats à négocier les politiques industrielles et de formation ainsi que les plans de Transition juste. Cela implique le partage des bonnes pratiques et des prévisions en matière de compétences. L’objectif est de soutenir les syndicats à deux niveaux d’action : au niveau national et tripartite (pour les politiques industrielles et les STEM) et au niveau de l’entreprise (pour la planification de la transition).
Les syndicats participant au congrès se coordonneront pour soulever toutes ces questions au cours des sessions. Une feuille de route sera élaborée pour guider le travail des cols blancs tout au long de la période s’étendant jusqu’au prochain congrès.