27 novembre, 2024La 29e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP29) qui s’est tenue en Azerbaïdjan, à Bakou, s’est achevée sur des résultats décevants, en particulier pour le monde du travail. Les résultats n’ont pas répondu aux besoins urgents en matière de financement climatique et de Transition juste, laissant des lacunes importantes dans la façon dont la crise climatique et ses impacts sociaux sont abordés.
En ce qui concerne le financement de la lutte contre le changement climatique, les pays ont accepté de tripler les fonds destinés aux pays en développement, en passant de l’objectif précédent de 100 milliards de dollars par an à 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035. Bien qu’il s’agisse d’un progrès par rapport aux négociations précédentes, on est encore loin des 1.300 milliards de dollars qui, selon les experts, sont nécessaires pour faire face à l’ampleur de la crise. Une fois de plus, les pays riches se sont épargnés l’engagement de fonds publics suffisants, obligeant les pays pauvres à recourir à des prêts qui aggraveront leur dette. Les pays vulnérables se retrouvent ainsi coincés dans un cycle d’emprunts, au lieu de recevoir le véritable soutien dont ils ont besoin pour renforcer leur résilience face aux effets du changement climatique.
Pour les travailleurs et travailleuses, la COP29 n’a été rien de moins qu’une trahison. Le Programme de travail pour une transition juste, qui était censé créer des passerelles pour les travailleurs et travailleuses à mesure que les économies se transforment en modèles plus écologiques, n’a enregistré aucune avancée. Il n’y a eu aucun engagement sur le financement, aucun accord sur la mise en œuvre des politiques, laissant les travailleurs et travailleuses des secteurs vulnérables et du Sud sans protection et en danger. L’exclusion des syndicats des discussions critiques n’a fait qu’aggraver cette injustice, privant les travailleurs et travailleuses de leur mot à dire dans les décisions qui affecteront directement leurs moyens de subsistance.
Les efforts visant à accélérer la transition énergétique se sont également enlisés. Les propositions visant à développer le paquet énergétique des Émirats arabes unis de la COP28, comme le triplement de la capacité en énergies renouvelables, l’élimination progressive des combustibles fossiles et la réduction des subventions aux combustibles fossiles, ont été bloquées. Il n’y a pas eu de feuille de route claire pour améliorer le stockage de l’énergie ou l’infrastructure de réseau, ni de mécanismes pour suivre les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs. Cette absence d’action urgente et ambitieuse menace l’objectif de 1,5 °C et retarde la transition mondiale vers des systèmes énergétiques durables, ce qui nous met encore plus à la traîne dans la lutte pour sauver la planète.
Si des progrès ont été réalisés en matière d’adaptation, comme le lancement de la Feuille de route de Bakou sur l’adaptation et des orientations sur le suivi de la résilience, les progrès concernant les plans nationaux sur le climat (contributions déterminées au niveau national, CDN) ont été ajournés à 2025. Ces nouveaux plans climatiques doivent couvrir tous les gaz à effet de serre et tous les secteurs, afin de maintenir la limite de réchauffement de 1,5 °C à portée de main.
Une fois de plus, les droits de l’homme et les questions de genre ont été mis de côté lors des négociations. Le programme de travail de Lima sur le genre a été prolongé de 10 ans, mais sans nouvelles mesures plus fortes pour répondre au besoin urgent d’équité et de droits de l’homme dans l’action climatique. Ce manque d’innovation affaiblit l’inclusivité et l’efficacité des politiques climatiques, renforçant les inégalités systémiques qui minent le bien-être des communautés les plus marginalisées.
“Pour les syndicats, la COP29 a mis en lumière plusieurs échecs systémiques. L’exclusion des travailleurs et travailleuses des négociations nie leur rôle vital dans l’action climatique. Le refus des pays riches d’honorer leurs engagements financiers érode la confiance et aggrave les inégalités mondiales. L’absence de progrès sur les politiques de Transition juste laisse des millions de travailleurs et travailleuses vulnérables aux impacts d’une économie et d’un climat en mutation rapide,”
a déclaré Diana Junquera Curiel, Directrice d’IndustriALL pour la Transition juste et l’énergie.
“Dans la perspective de la COP30 au Brésil, il est clair que la lutte pour une action climatique juste et efficace est loin d’être terminée. Les travailleurs et travailleuses ne peuvent et ne doivent pas être laissés pour compte. Les syndicats doivent pousser plus fort que jamais pour des solutions réelles et inclusives qui prennent en compte les droits et les besoins des travailleurs et travailleuses. Cela signifie qu’il faut revendiquer un financement public substantiel pour le climat qui soutienne les nations en développement, sans les accabler d’une dette supplémentaire, et veiller à ce que les gouvernements mettent en œuvre des politiques de Transition Juste qui protègent les travailleurs et travailleuses et les placent au cœur de l’action climatique,”
a souligné Diana Junquera Curiel.
Les résultats de la COP29 sont clairs : le monde n’avance pas assez vite, ni de manière assez inclusive, pour relever le défi climatique. Les syndicats doivent continuer à réclamer des comptes aux gouvernements et revendiquer une justice climatique qui fonctionne pour tous et pas seulement pour quelques riches. L’heure est venue de trouver de véritables solutions centrées sur l’être humain.