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Désespérées, des travailleuses d’une mine d’Ukraine recourent à la grève de la faim

10 janvier, 2019Dans la région de Donetsk, en Ukraine, trois salariées du charbonnage de Kurakhivska, qui fait partie de l’entreprise charbonnière étatique Selydivvugillya, ont entamé une grève de la faim ce 2 janvier 2019 pour protester contre les retards de salaire.

Ces travailleuses, Iryna Strykalova, Natalia Mednikova et Maya Lewandowska, ont été rejointes quelques jours plus tard par une autre salariée, Larisa Malik.

Selon le président adjoint de la section locale de Selydovo et Novogrodivka du Syndicat indépendant des mineurs d’Ukraine, Sergii Pavlov, tous les salariés cols blancs de Selydivvugillya protestent contre le non-paiement des salaires. Ils se présentent au bureau, mais n’exécutent aucune tâche.

Ces travailleurs et travailleuses sont désespérés, n’ayant pas reçu leurs salaires de septembre, octobre, novembre et décembre et seulement un versement partiel pour juin.

Selon le président de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine et du Syndicat indépendant des mineurs d’Ukraine, affilié d’IndustriALL, Mykhailo Volynets, les cols blancs de Selydivvugillya ont entamé leurs protestations le 17 décembre. En l’absence de toute réaction, quatre salariées ont décidé de partir en grève de la faim.

“L’administration de l’entreprise, en concertation avec des responsables du Ministère de l’énergie et de l’industrie charbonnière, s’est débrouillée pour verser des bribes de salaire. Par exemple, l’une des protestataires, Natalia Mednikova, a perçu 2400 UAH (US$87), alors que les salaires mensuels des employées qui mènent l’action sont de 3000-3200 UAH (US$109-116).”

Certaines travailleuses sont des mères célibataires et dans certains cas, tous les adultes d’une même famille travaillent pour la compagnie. Ainsi, pour certaines d’entre elles, ce sont des familles entières de travailleurs qui restent sans revenus pendant des mois.

Les quatre femmes ont poursuivi leur action de protestation même lors de la veillée de Noël (en Ukraine, la plupart des chrétiens célèbrent Noël le 7 janvier) et ont passé la nuit sur des matelas dans une pièce où il fait froid.

Dans la région de Donetsk, le climat est froid, avec des températures extérieures qui descendent jusqu’à -6° C. Selon le syndicat, il fait froid dans la pièce où l’action des protestataires se tient. L’une d’entre elles, Iryna Strykalova, est tombée malade. Les médecins disent qu’elle pourrait avoir la grippe et ont insisté pour qu’elle mette un terme à sa grève de la faim. D’autres participantes ont également des problèmes de santé. Maya Lewandowska a une tension élevée et une angine de poitrine. Elle a reçu des soins médicaux.

“Il y a quelque 1.600 travailleurs et travailleuses concernés par les retards de salaire”, explique Vladimir Babich, président de la section locale de Selidov du Syndicat des mineurs de charbon d’Ukraine, également affilié à IndustriALL Global Union. “Pour la plupart, il s’agit de personnes qui ne travaillent pas dans les tailles, des non-manuels, des employés des bureaux et des services annexes. Le Ministère a décidé que leurs salaires ne seraient payés qu’au départ des bénéfices réalisés par la compagnie. Cependant, en l’absence d’investissements adéquats, le coût de production du charbon produit par la mine reste élevé et la rentabilité basse. Nous avons essayé de traiter cette situation à de nombreuses reprises. On pourrait repaver la route de Selidov à Kiev avec les courriers que nous avons déjà envoyés au Ministère de l’énergie.”

Selon d’agence de presse ukrainienne UNN, les arriérés de salaire des travailleurs et travailleuses des mines de charbon étatisées avaient atteint plus de 196.000.000 UAH (6.930.000 US$) début décembre 2018.

Des protestations concernant les salaires impayés ont déjà eu lieu à la mine G Kapustin, ainsi qu’à celle, étatisée, de Myrnohradvugillia.

Alarmé par cette situation préoccupante, le Secrétaire général d’IndustriALL Global Union Valter Sanches a adressé une lettre au Président du pays Petro Poroshenko. Dans son courrier,  Valter Sanches exige que “le gouvernement d’Ukraine traite de manière urgente les revendications légitimes soulevées par les travailleurs et travailleuses des mines étatisées concernant le non-paiement de leurs salaires et leurs préoccupations en matière de santé et sécurité.”