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Le syndicat tunisien du textile et de l’habillement connaît une forte croissance

6 décembre, 2016Une campagne de syndicalisation soutenue par IndustriALL Global Union dans le secteur du textile et de l’habillement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord connaît des résultats probants, de nombreux syndicats rapportant une croissance de leurs effectifs.

Ce programme de syndicalisation s’est traduit, en à peine une année, par une croissance impressionnante pour les syndicats de Tunisie et d’autres pays. Les pays clés pour la fourniture de textile et d’habillement dans la région sont l’Égypte, la Jordanie, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie. Des campagnes de syndicalisation ont été lancées dans ces pays avec des objectifs concrets et en utilisant comme levier des instruments internationaux tels que les accords-cadres mondiaux. IndustriALL a effectué une cartographie détaillée du secteur avant l’entame de la campagne.

En Tunisie, la campagne de syndicalisation a débuté en décembre 2015, avec un travail de soutien de notre affilié, la Fédération Générale du Textile, de l’Habillement, Chaussure et Cuir (FGTHCC-UGTT). Elle a impliqué des formations, des visites d’usines et de zones industrielles, la mobilisation des femmes et des jeunes, la production de matériel didactique et la mise en œuvre d’une étude.

Le secteur du textile et de l’habillement représente l’une des principales industries de Tunisie, employant environ 176.000 personnes. Elle a généré pour plus de 2,7 milliards de dollars d’exportations en 2014. Quatre-vingts pourcents de ces exportations sont destinées à l’UE et elles pourraient augmenter sachant que la Tunisie et l’UE négocient un accord de libre-échange.

La Tunisie produit pour des grandes enseignes telles que H&M, Zara, Calvin Klein, Benetton et GAP. En dépit de la taille et de l’importance de ce secteur, il souffre de sous-investissement, avec peu de valeur ajoutée et une production généralement confiée à de petites structures. Il existe très peu de formation formelle. Les salaires sont bas, avec une moyenne d’environ 200 dollars par mois, soit pas bien davantage que le salaire minimum.

Quatre-vingts pourcents des salariés sont des femmes, souvent jeunes. Des contrats à court terme d’à peine quelques mois sont typiques et le roulement est élevé. On observe la présence d’un taux élevé d’emplois informels et précaires. Les emplois ne sont pas sûrs et des mises à pied sont utilisées pour cadrer les travailleurs et travailleuses.

La campagne s’est axée sur la mobilisation des femmes et des jeunes, avec un accent sur la sécurité d’emploi, les salaires et la formation professionnelle. Des formations pour les recruteurs se sont tenues à Tunis, Hammamet et Mahdia. Les leaders ouvriers ainsi formés se sont rendus sur les sites de production et dans les zones industrielles pour recruter les travailleurs et travailleuses dans le syndicat.

Le Secrétaire général de la FGTHCC-UGTT Habib Hazmi indique :

“Le résultat de cette campagne a été une croissance de 7% des effectifs au cours de l’année écoulée. Élément crucial, la campagne a fait plus que recruter, elle a produit des leaders avec de nouvelles compétences et revitalisé le travail syndical par des réunions régulières, de la coordination, de la communication, des actions de solidarité et du retour d’information.

“Elle a aussi mené à un plus large investissement dans le débat sur l’avenir du secteur, ses implications pour les sites de production et les stratégies syndicales pour le round actuel de négociations sectorielles.”

Houcine Abbasi, Secrétaire général de la centrale syndicale UGTT et lauréat conjoint du Prix Nobel de la Paix en 2015, a assisté à la session à Hammamet et déclaré :

“Les entreprises multinationales se focalisent sur les bénéfices et escamotent l’aspect social. Elles considèrent les syndicats comme des corps étrangers et les combattent.

“La syndicalisation dans le secteur privé est faible et les conventions sectorielles ne couvrent pas les petites entreprises qui emploient moins de 20 travailleurs.

“Les syndicats doivent collaborer localement et mondialement. Étendre la syndicalisation protège nos droits et nos avancées. Syndicaliser est une question existentielle.”

Ce succès est en train de se répéter dans d’autres pays de la région, de nombreux syndicats rapportant une croissance significative de leurs effectifs et de leur influence, en dépit de la répression.

Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL a déclaré :

“L’objectif stratégique d’IndustriALL est de construire des syndicats forts. Lors de la dernière conférence régionale sur la syndicalisation, nous avons décidé de nous concentrer sur le secteur du textile et de l’habillement.

“Les résultats après un an de syndicalisation sont dans le bon : nos syndicats ont gagné en taille et en force. C’est un excellent travail et nous allons continuer à soutenir nos affiliés afin qu’ils renforcent leur puissance et leur influence.”