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Les diamants sont-ils éternels ?

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4 septembre, 2025L'industrie du diamant s'enfonce dans la crise, comme l'a constaté la réunion du Réseau du diamant d'IndustriALL Global Union qui s'est tenue à Jwaneng, au Botswana, les 28 et 29 août. Plusieurs facteurs, dont la baisse de la production de diamants naturels, l'augmentation de la production de diamants de synthèse et les ralentissements économiques de marchés essentiels, ont rompu la stabilité du secteur. 

Les diamants naturels, résultats de millions d'années d'évolution et appréciés pour leur rareté, sont maintenant en concurrence avec des pierres produites en grandes quantités en laboratoire en l'espace de quelques jours ou semaines. Ce virage structurel menace les fondements économiques d'économies tributaires du diamant, en Afrique en particulier.

La réunion de Jwaneng, qui rassemblait 22 participants d'affiliés d'IndustriALL du Botswana, de République démocratique du Congo, du Lesotho, de Namibie, d'Afrique du Sud et du Zimbabwe, s'est penchée sur des stratégies pour impliquer des compagnies minières sur les questions des droits au travail et des conditions de travail. Les participants ont visité des mines souterraines à Jwaneng, la mine la plus rentable de De Beer exploitée par Debswana, une coentreprise avec le gouvernement botswanais. Pourtant, même cette entreprise emblématique n'est pas à l'abri des fléaux qui traversent l'industrie. Debswana est en cours de restructuration et pourrait perdre 1.300 emplois, dont 650 sont déjà une réalité, du fait des pressions cumulées de la baisse des ventes de diamants naturels et de la concurrence des diamants de synthèse.

Les participants ont entendu que, dans les sous-secteurs de la taille et du polissage, le Syndicat des travailleurs du diamant du Botswana se bat contre les bas salaires, des litiges de longue date, le harcèlement sexuel, les violations des droits des travailleurs et le non-respect de la législation du travail.

Le Réseau mondial du diamant soutient l'Accord de Luana, une initiative du Natural Diamond Council (NDC) pour relancer l'intérêt des consommateurs et la demande de diamants naturels.

Des gouvernements et des représentants de l'industrie ont signé cet accord, mais le réseau réclame la participation des organisations syndicales en tant que parties prenantes. Il a écrit au NDC pour demander une réunion afin de discuter de leur association et le NDC a accepté de rencontrer les syndicats.

L'Afrique demeure une pierre angulaire de la production mondiale de diamants avec 15 pays - Botswana, Afrique du Sud, Angola, Namibie, Congo, Zimbabwe, Guinée, Ghana, Lesotho, Liberia, Sierra Leone, République centrafricaine, Tanzanie et Togo - représentant une part importante de la production. À l'échelon mondiale, la production est dominée par la Russie, le Botswana, l'Afrique du Sud, le Canada et l'Angola.

Le Botswana s'est appuyé sur la grande qualité de ses diamants pour stimuler sa croissance économique. Toutefois, la baisse actuelle menace ses recettes dans ce domaine.

Botshelo Kesebone, un haut directeur de Jwaneng, fait valoir que :

"Les diamants seront éternels s'ils continuent à doter les travailleurs, à bâtir des nations et à inspirer des avenirs durables. Ils seront éternels si leur éclat se reflète non seulement dans la bijouterie, mais dans la dignité et le bien-être de ceux dont les mains et les cœurs les font vivre."

Joseph Tsimako, le président du Syndicat des mineurs du Botswana, a insisté sur l'urgente nécessité d'une diversification économique, en recommandant des investissements dans des minéraux critiques et d'autres secteurs prioritaires afin d'atténuer l'incidence du recul du marché du diamant.

"Il faudrait une enquête sur d'autres biens de consommation, d'autres minéraux critiques et sur l'optimisation d'autres secteurs économiques prioritaires pour atténuer le déficit économique causé par la dépression des ventes du secteur diamantaire,"

a-t-il déclaré.

Masibulele Naki, secrétaire en charge de la santé et la sécurité au Syndicat national des mineurs et président du Réseau mondial du diamant, a ajouté :

"La résistance des syndicats de l'industrie du diamant du Botswana est louable considérant les pertes d'emplois, et le Réseau mondial du diamant continuera à les soutenir pour protéger les droits des travailleurs et les conditions de travail décentes."

Pour Glen Mpufane, le directeur d'IndustriALL en charge des mines et du diamant, les licenciements collectifs ne sont pas la solution à la crise que traverse l'industrie du diamant.

"L'industrie du diamant ne doit pas sacrifier l'emploi, mais adapter son modèle de gestion aux réalités actuelles parmi lesquelles figure la production de diamants en laboratoire."