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Les Femmes Travailleuses arabes renforcent leur réseau pour défendre leurs droits

2 octobre, 2014À la veille du Congrès qui va fonder la Confédération syndicale arabe, une nouvelle organisation régionale appartenant à la CSI, le Réseau des Femmes arabes s’est réuni à Amman ces 27 et 28 septembre. L’assemblée a débattu de la politique d’égalité des genres de la nouvelle confédération et a passé en revue les droits des femmes au sein du monde arabe.

Selon les textes concernant la politique d’égalité des genres de la Confédération syndicale arabe, “la présence des femmes au sein des syndicats, fédérations et confédérations syndicales arabes ne dépasse pas 25%”. C’est la problématique qui devra être abordée par le Comité des Femmes de la Confédération syndicale arabe, qui sera constitué lors du congrès des 1er et 2 octobre.

De plus, le texte comporte des chapitres sur la consolidation et la mise en pratique des principes d’égalité et de non-discrimination ainsi que d’autonomisation des femmes pour qu’elles accèdent aux postes de décision et de direction, à un rôle politique et aux emplois décents. Le droit des femmes de vivre en paix et dans la liberté ainsi que de lutter contre toute forme de violence est un autre chapitre. La réunion a consacré du temps à cette problématique en raison des menaces qui pèsent sur les femmes de la région de par le terrorisme et la présence des djihadistes de l’État islamique.

Hashmeya Muhsin Alsaadawi, d’IndustriALL, a présenté un document sur la violence que les conflits fait peser sur les femmes. Faisant rapport sur la situation dans son propre pays, l’Irak, l’emblématique dirigeante syndicale a indiqué :

“L’Irak vit dans un état de guerre sans fin, qui a pris naissance avec la dictature, les guerres avec ses voisins, la destruction de ses infrastructures, des embargos. 95% du budget était consacré aux dépenses militaires. Les guerres ont conduit à l’instabilité et la régression, y compris par des mariages djihadistes et le mariage forcé de jeunes femmes. L’Irak a subi la présence d’armes à uranium appauvri américaines à partir de 1991, ce qui provoque des cas de cancer. Entretemps, le veuvage concerne 15% des femmes, ce qui signifie qu’il y a 1,5 millions de veuves. On peut considérer que pour cette raison, 3 millions d’enfants sont à la rue et que 9 millions de personnes vivent dans la pauvreté. Les femmes doivent recevoir plus d’autonomie pour gagner leur vie et être soutien de famille. Les gouvernements mis en place après 2003 l’ont été sur base ethnique. La corruption était grande. Personne ne se souciait du citoyen. Il n’y a pas de sécurité, pas de soins de santé, nous sommes infestés de groupes paramilitaires et de gangs. Les Yazidis et les Chrétiens ont fui pour échapper aux djihadistes de l’État islamique. En raison de la corruption et de la mauvaise gestion du pays, il a été facile pour ces derniers de s’imposer. D’autres pays interviennent également en Irak. Des femmes se battent pour la paix. Ce qu’il nous faut, c’est une collaboration avec les organisations de la société civile. Pour les syndicats, le dilemme sont les millions de sans-emplois, comment les syndicats peuvent-ils les représenter ? La communauté internationale doit créer un programme pour soutenir les femmes réfugiées. IndustriALL pourrait faire entendre sa voix pour la mise en place d’un tel programme.”

L’assemblée a adopté des déclarations sur la violence, sur les femmes réfugiées de Syrie et le rôle actif des femmes, qui ont été transmises à l’attention du Congrès. Il a été décidé que les syndicats arabes consacreraient une action d’une heure pour lutter contre la violence ce 30 octobre entre 11 heures et midi. “La montée de la violence nous renvoie à l’âge des ténèbres.” La résolution appelle la communauté internationale à faire de son mieux pour arrêter cette tragédie humanitaire et permettre aux gens de retourner dans leurs propres pays.

Les avancées attendues en 2010 lorsque le Réseau des Femmes arabes a été créé ne se sont pas produites, au contraire, la plupart des pays ont régressé. Voici l’avis de Hashmeya sur cette régression : “Les syndicats, les étudiants et la société civile ont joué un rôle dans les soulèvements, mais n’étaient pas bien organisés. Les islamistes en ont profité.” Les femmes sont victimes d’abus, “parce qu’elles sont considérées comme des biens transférables, des objets de plaisir, pas comme des membres importants de la société.”