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Les syndicats algériens ont besoin de solidarité

27 septembre, 2019Les dirigeants du SNATEG, l'affilié algérien d'IndustriALL Global Union, craignent d'être emprisonnés à tout moment alors que plus d'une centaine d'activistes, journalistes et opposants politiques ont été appréhendés ces derniers mois en Algérie.

Les militaires ont étendu leur emprise à pratiquement tous les domaines de la société algérienne après que le Président Abdelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans et à la santé défaillante, ait dû retirer sa candidature aux élections à la suite de protestations massives.

Ces arrestations sont une tentative pour écraser les syndicats indépendants et le mouvement pour la démocratie lancé par la société civile en Algérie. L'accès à l'internet est limité pour empêcher les contestataires de communiquer entre eux et d'organiser des rassemblements, tandis que les médias sociaux sont submergés de fausses nouvelles et de "trolls" ciblant le mouvement de protestation. La liberté de la presse est fortement réduite et un grand site web d'information a été fermé.

"C'est une période terrible pour des centaines de militants enfermés pour avoir réclamé la liberté et la démocratie en Algérie, et ce pourrait être mon tour demain. C'est pourquoi la solidarité compte plus que jamais aujourd'hui. Le monde doit écouter la voix des prisonniers politiques en Algérie. Le monde doit réclamer le respect des droits de l'homme en Algérie", dit Raouf Mellal, le Président du syndicat de l'électricité et du gaz SNATEG, et de la confédération syndicale COSYFOP.

Raouf Mellal a été condamné par contumace à de la prison pour de nombreux chefs d'accusation et il subit le harcèlement quotidien des militaires. En avril 2019, il a été arrêté, détenu et torturé par la police; il a dû changer d'adresse et de numéro de téléphone pour tenter d'échapper aux menaces et aux intimidations.

Ce mois-ci encore, un jeune responsable du SNATEG et de la COSYFOP du nom de Mohamed El Amine Slimani a été condamné à la prison par un tribunal d'Alger pour avoir filmé un défilé des membres de ces organisations.

Nasser Hamitouche, un membre de la COSYFOP d'Alger, a subi un traumatisme mental après avoir été interrogé par les forces de sécurité pendant dix heures le 18 septembre. Il a été menacé d'emprisonnement pour avoir violé "l'unité" du pays et on lui a dit de quitter la confédération s'il ne voulait pas voir "d'autres problèmes".

Le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches, a déclaré :

"Nous appelons le gouvernement algérien à remettre immédiatement en liberté les prisonniers politiques et à abandonner tous les chefs d'accusation contre les syndicalistes. Les droits syndicaux sont pratiquement inexistants maintenant en Algérie. Le gouvernement doit cesser de harceler les syndicalistes et garantir le droit à la liberté d'association, sans violence ni menaces."

Alors que de nouvelles élections présidentielles ont été annoncées pour le 12 décembre, des dirigeants de partis d'opposition, qui ont exprimé leur soutien au SNATEG et à la COSYFOP, ont été incarcérés.

La Secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, est incarcérée depuis le mois d'avril tandis que Karim Tabbou, le Président du nouveau parti de l'Union démocratique et sociale, a été emprisonné le 11 septembre, remis en liberté plus d'une semaine plus tard, avant d'être à nouveau arrêté.

Les manifestations se poursuivent toutes les semaines en Algérie et une marche des travailleurs est en projet pour le 5 octobre. "Nous sommes unis par un même objectif : la démocratie," a déclaré Raouf Mellal.