17 novembre, 2025Pour les syndicats d'Afrique subsaharienne (ASS), "S'organiser pour un avenir juste", le thème du 4ème Congrès d'IndustriALL, qui s'est tenu du 4 au 7 novembre à Sydney, en Australie, était l'occasion d'une réflexion sur le renforcement du pouvoir des syndicats et la façon d'influencer les politiques industrielles nationales au milieu des changements rapides qu'imposent les perturbations climatiques et la transformation numérique.
Les syndicats estiment que ce thème les a incités à envisager plusieurs campagnes de mobilisation afin de défendre les droits des travailleurs et des syndicats, de stimuler la création d'emplois et la sécurité, de réclamer des salaires vitaux, créer des emplois verts, préconiser le commerce équitable, promouvoir des politiques industrielles durables et militer pour l'industrialisation. Pour eux, ces campagnes doivent donner la priorité à l'équité, la reconversion et l'enrichissement local tout en intégrant l'égalité de genre qui constitue une des pierres angulaires.
Le Congrès se tenait à un moment où l'ASS se trouve à la croisée des chemins, avec la montée de la demande mondiale de minéraux stratégiques - cuivre, cobalt, lithium, nickel et terres rares - indispensables pour les véhicules électriques et les technologies des énergies renouvelables. Pour les syndicats, l'affectation de ces richesses à l'industrialisation locale par le biais de l'enrichissement est la clé de la création d'emplois et la vitalité économique par la concrétisation du devoir de vigilance en matière de droits de l'homme.
La production d'énergie renouvelable sera aussi créatrice d'emplois verts. Les syndicats estiment que l'accent doit être mis sur le perfectionnement et la reconversion des mineurs concernés par les fermetures de centrales thermiques en Afrique du Sud et dans d'autres pays.
L'explosion démographique de l'ASS, où les jeunes de moins de 35 ans constituent 78 pour cent de la population, suivant les chiffres des Nations unies et de la Banque mondiale, pourrait constituer une source de dividendes démographiques, mais que pourraient ruiner totalement un chômage élevé qui piège les jeunes dans un travail informel précaire. Par conséquent, les syndicats préconisent une formalisation qui légitimera l'activité minière artisanale et à petite échelle en République démocratique du Congo, en Zambie et au Zimbabwe, ainsi que les ateliers automobiles artisanaux le long des routes du Kenya et les ateliers de confection au Nigéria, ce qui aurait pour effet de faire évoluer le travail informel vers des économies équitables assorties de droits garantis.
Si la transformation numérique va ébranler l'industrie par l'automation et l'intelligence artificielle, elle va aussi profiter aux syndicats en leur apportant des outils numériques d'organisation et de cartographie des chaînes d'approvisionnement. Entretemps, les échanges internes à l'Afrique que promeut la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) pourraient constituer une alternative pour ce qui est des textiles et de l'habillement qui ne se sont pas encore remis des droits de douane américains qui ont fait imploser des usines et menacent plus de 40.000 emplois au Lesotho. La non-reconduction de la loi américaine sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique a des conséquences désastreuses pour l'industrie kényane. Pour les syndicats, les échanges commerciaux régionaux et l'industrialisation de l'Afrique pourraient restaurer la résilience et les niveaux de vie. Les arguments des syndicats font écho au thème de la Semaine de l'industrialisation de l'Afrique (AIW2025) qui est :
"Transformer l'économie de l'Afrique par une industrialisation durable, l'intégration régionale et l'innovation."
Au Nigéria, les syndicats réclament des salaires vitaux et le respect des droits syndicaux par les employeurs et le gouvernement fédéral. Ils poursuivent leur combat contre Dangote Industries à propos des actions antisyndicales.
Mpho Phakedi, le secrétaire général du National Union of Mineworkers, a déclaré :
"Les syndicats doivent réclamer des politiques industrielles qui promeuvent l'enrichissement et la localisation plutôt que les exportations de matières premières, les pertes d'emplois et le chômage. La solidarité mondiale et les campagnes contre des multinationales contre Rio Tinto, Glencore et Sibanye, comptent beaucoup dans la riposte des syndicats et la protection des droits des travailleurs."
"S'agissant des travailleurs du textile et de l'habillement, l'adaptation de nos industries nous impose de nouvelles technologies susceptibles d'améliorer la durabilité et la compétitivité de l'industrie,"
a dit Bonita Loubser, la secrétaire générale du Southern African Clothing and Textile Workers Union (SACTWU), réclamant instamment une adoption technologique qui autonomise les femmes par une formation égalitaire et un perfectionnement au leadership.
Le Prince William Akporeha, président du Nigeria Union of Petroleum and Natural Gas workers (NUPENG), a déclaré qu'un avenir juste se construit sur la défense des droits des travailleurs :
"Nous continuons à nous battre pour les droits des travailleurs au Nigéria, par le dialogue social et l'action en justice au besoin."
"Nous saluons les audacieuses résolutions du Congrès sur la jeunesse, le féminisme et les échanges commerciaux qui répondent aux grandes luttes de l'ASS. Nous sommes un continent de jeunes travailleurs et nous devons répondre à leurs préoccupations et leurs intérêts. Le féminisme galvanise la Convention 190 de l'OIT pour mettre fin à la violence et au harcèlement dans le monde du travail tandis que le commerce équitable déchaîne l'impératif de croissance de notre région,"
a conclu Rose Omamo, la vice-présidente d'IndustriALL.









