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Les syndicats indiens appellent à la grève générale

1 septembre, 2016Les syndicats en Inde participeront, le 2 septembre, à une grève générale nationale pour protester contre les politiques publiques antitravailleurs.

Le 2 septembre 2016, des centaines de milliers de travailleurs à travers l’Inde défileront ensemble dans les rues lors d’une grève générale nationale. La grève concerne les secteurs des transports, financier, énergétique, du charbon, textile, automobile, les ports et les docks, sidérurgique, pétrolier, de l’armement, la planification, l’éducation et les fonctionnaires des administrations centrales et fédérales.

Tout en réitérant ce jour leur appel à la grève lors d’une conférence de presse conjointe à Delhi, les responsables des centrales syndicales se sont dits déçus par les politiques gouvernementales antitravailleurs, l’absence de réponse du gouvernement aux préoccupations des syndicats ainsi que son attitude antidémocratique.

Les syndicats avaient fait grève dans l’ensemble du pays le même jour en 2015 pour faire valoir 12 revendications, inscrites dans une charte. En mars 2016, les centrales syndicales ont appelé, dans la convention nationale, à faire grève dans tout le pays le 2 septembre 2016 et invité le gouvernement à s’asseoir à la table des négociations.

Ce dernier n’a toutefois pas rencontré tous les syndicats pour répondre à leurs revendications, mais seulement une centrale nationale, Bharatiya Mazdoor Sangh (BMS), l’aile syndicale du parti nationaliste hindou de droite Bahartiya Janata, le parti majoritaire de la coalition au pouvoir.

Dans une tentative désespérée d’éviter la crise croissante du travail, le gouvernement a annoncé, le 30 août, une hausse des salaires minimums du personnel non qualifié du gouvernement central de 246 Rs (3,70 US$) à 350 Rs (5,20 US$) par jour, soit 9100 Rs (135 US$) par mois.

A la suite de cette annonce, la BMS, une des plus grandes centrales syndicales du pays, n’a plus souhaité participé à la grève, alors que les 10 autres centrales syndicales ont vivement critiqué la faible hausse des salaires, dont l’application est obligatoire seulement au niveau du gouvernement central et facultative au niveau des entités fédérales. Les syndicats revendiquent une augmentation du salaire minimum de 18 000 Rs (268 US$) par mois.

Les syndicats ont également rejeté l’appel du ministre du travail et de l’emploi d’annuler la grève. Ironiquement, les syndicats ont remarqué une quasi similitude entre la lettre du ministre et celle envoyée en 2015, et constaté que les mesures « proactives » de la réforme du travail visant, selon le ministre, à répondre aux revendications des travailleurs étaient en fait des mesures antitravailleurs auxquelles s’opposaient avec véhémence les syndicats.

Ces politiques antitravailleurs comprennent la mise en place, imposée par décret, de contrats de travail à durée déterminée dans le secteur de la confection, une augmentation de la limite autorisée des heures supplémentaires de 50 heures par trimestre à 125 heures, et le détournement de la sécurité sociale des travailleurs et de la caisse de prévoyance des employés, afin d’investir dans le marché boursier. 

Les syndicats considèrent que les réformes unilatérales du droit du travail menées par le gouvernement central et les Etats fédéraux ont été conçues de façon à empêcher la majorité des travailleurs d’être couverts par le droit du travail fondamental. Ils ont dénoncé les initiatives du gouvernement consistant à privatiser et à cesser d’investir dans les entités publiques stratégiques, ainsi qu’à promouvoir l’investissement direct étranger (IDE) dans des secteurs sensibles tels que la défense, le chemin de fer, les banques, l’assurance, le commerce de détail et les produits pharmaceutiques.

Les 12 points de revendication de la charte des syndicats comportent:

  1. La prise de mesures urgentes pour limiter les augmentations des prix au moyen de la généralisation du réseau public de distribution et l’interdiction du commerce spéculatif dans les marchés des matières premières.
  2. La prise de mesures concrètes permettant de créer des emplois.
  3. L’application strict du droit du travail et de sanctions rigoureuses en cas de violation de ce droit.
  4. L’étendue de la couverture sociale universelle à tous les travailleurs.
  5. Des salaires minimums d’au moins 18 000 Rs par mois.
  6. Une pension de retraite d’un montant minimum de 3 000 Rs par mois garantie à tous les travailleurs.
  7. L’arrêt du désinvestissement des entreprises publiques aux niveaux de l’Etat central et des Etats fédéraux.
  8. L’arrêt de l’embauche à forfait (travail précaire) sur les postes permanents, et la garantie d’un salaire égal à travail égal.
  9. La suppression des plafonds de paiement et d’éligibilité aux primes et aux caisses de prévoyance, ainsi que l’augmentation du montant de la gratification.
  10. L’enregistrement obligatoire des syndicats dans un délai de 45 jours et la ratification immédiate des conventions n° 87 et n° 98 de l’OIT.
  11. L’ arrêt des amendements au droit du travail.
  12. L’arrêt de l’investissement direct étranger dans les chemins de fer, l’assurance et la défense.

Les 10 centrales syndicales participant à la grève sont : INTUC, AITUC, HMS, CITU, AIUTUC, TUCC, SEWA, AICCTU, UTUC et LPF. La grève est également soutenue par les fédérations indépendantes des travailleurs et des fonctionnaires.