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Les syndicats kirghiz en lutte pour le respect des normes fondamentales du travail

26 novembre, 2021Lors d'une réunion de solidarité en ligne, le 25 novembre, IndustriALL et ses affiliés de la région CEI ont réitéré leur soutien au combat des syndicats kirghiz pour les droits fondamentaux des travailleurs et des syndicats démocratiques.

Des dirigeants d'affiliés d'IndustriALL au Kirghizistan ont mis les 40 participants au courant de l'évolution de la situation du mouvement syndical et de la réforme de la législation. D'autres dirigeants syndicaux de cette région ont évoqué les défis similaires qu'ils doivent surmonter dans leurs pays.

Le Kirghizistan est un nouveau venu dans l'édition de 2021 de l'Indice CSI des droits dans le monde; il y obtient la note 4 en raison de violations systématiques des droits, en droit comme dans la pratique.

Au Kirghizistan, les syndicats sont sous la menace depuis le mois d'avril 2019, lorsque le parlement a déposé un projet de loi sur les syndicats qui compromet gravement la liberté d'association et prive les syndicats de leur indépendance en conférant un monopole à la Fédération des syndicats du Kirghizistan (FSK), qui exerce un contrôle sur toutes les organisations syndicales.

Après que la FSK ait démis son président, qui était un promoteur de cette loi antisyndicale, et après avoir élu une nouvelle direction en février 2020, les syndicats ont organisé de nombreuses actions de protestation contre le projet de loi. Les autorités ont riposté en s'ingérant des les affaires du syndicat, en poursuivant les dirigeants syndicaux, en les soumettant constamment à des interrogatoires, des provocations et des pressions.

Depuis, un projet de l'OIT a apporté un soutien au mouvement syndical en lui fournissant une aide juridique pour défendre les intérêts des dirigeants syndicaux victimes d'arrestations administratives, d'interrogatoires et autres faits de harcèlement de la part de l'État, a déclaré Gocha Aleksandria du Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) de l'OIT.

Or, l'ex-président de la FSK a refusé de démissionner et a organisé, en décembre 2020, une élection truquée par laquelle il s'est proclamé président. C'est ainsi qu'existent deux FSK, la vraie et la fausse, avec des objectifs opposés; la vraie se bat pour les droits fondamentaux au travail tandis que la fausse se bat pour un pouvoir personnel.

"Cette scission du mouvement syndical donne une image négative des syndicats et crée un environnement de travail difficile,"

a déclaré Eldar Tadjibayev, le président du Syndicat de la mine et de la métallurgie du Kirghizistan (SMMK).

"Il faut négocier et se mettre d'accord avec d'autres syndicats dans le pays, car la scission perturbe l'activité syndicale dans tous les secteurs et affecte la protection des travailleurs,"

ajoute Almash Zharkynbayeva, le président du Syndicat des travailleurs du textile, du papier et des industries connexes de la République kirghize.

Pour Anton Leppik, du CSI-CRPE, il faudrait une démarche syndicale unifiée. Les participants ont convenu de la nécessité d'un médiateur pour aider les syndicats kirghiz à agir ensemble au sein d'une seule FSK. À la demande des syndicats kirghiz, une mission des syndicats mondiaux emmenée par la CSI pourrait être une option.

Depuis 2019, de nombreuses objections au projet de loi sur les syndicats ont été déposées par des organisations internationales telles qu'IndustriALL, la CSI, l'OIT et les Nations unies, ainsi que par des organisations syndicales du monde entier. Ainsi, le Président a opposé son véto à deux reprises, en mai et en août 2021, tandis que se multipliaient les requêtes au parlement pour que le projet de loi soit modifié conformément aux normes internationales du travail.

Pourtant, cela a été sans effet sur la troisième version de la loi sur les syndicats que le parlement a adoptée le 20 octobre, et qui ne tient pas compte des commentaires répétés de l'OIT, de la position des syndicats kirghizes ni des commentaires du Président, puisqu'elle viole encore la constitution et les obligations internationales du pays, notamment celles contractées par les conventions 87 et 98 de l'OIT.

IndustriALL Global Union et la CSI ont une fois de plus appelé le Président du Kirghizistan à opposer son véto à la nouvelle loi sur les syndicats, pour la troisième fois cette année.

Pour le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan :

"Chaque travailleur devrait pouvoir adhérer au syndicat de son choix sans ingérence, jouir de la protection d'une convention collective et pouvoir exercer le droit de grève. Les syndicats indépendants sont essentiels, et ce n'est pas négociable. En cas d'attaque contre ces droits fondamentaux et contre l'indépendance des syndicats, où que ce soit dans le monde, IndustriALL Global Union sera là pour soutenir ses affiliés."