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Les syndicats ont eu raison des contrats zéro heure en Nouvelle-Zélande

22 mars, 2016Dans une importante victoire contre le travail précaire, le Parlement de Nouvelle-Zélande a ce 10 mars 2016 adopté à l’unanimité une loi interdisant les contrats zéro heure.

Ceci met un terme à l’une des plus affreuses forme d’exploitation des travailleurs. Sous couvert de flexibilité, les contrats zéro heure sont employés pour contrôler les travailleurs, puisque les chefs ont totale discrétion sur qui va pouvoir effectuer une prestation.

La nouvelle loi prend effet au 1er avril et stipule que les employeurs doivent garantir un minimum d’heures par semaine et que les travailleurs peuvent refuser d’en prester davantage sans répercussions.

Cette victoire est le point culminant de plus d’une décennie de lutte de la part des syndicats de Nouvelle-Zélande. Les affiliés d’IndustriALL ont pris part à cette campagne à la tête de laquelle figurait le syndicat Unite, qui est présent dans la restauration rapide, l’hôtellerie, la vente au détail ainsi que d’autres secteurs caractérisés par les contrats précaires comme les centres d’appels, le gardiennage et le nettoyage.

Unite se bat pour obtenir des conventions collectives depuis 2003 et a mené des campagnes de grande visibilité contre McDonald’s, KFC ainsi que d’autres employeurs d’envergure. En 2005, par le biais de la campagne Supersize My Pay (qu’on pourrait traduire par : “Pour mon salaire, ce sera la grande portion”), le syndicat a obtenu ses premières conventions collectives avec les multinationales de la restauration rapide en donnant un coup de fouet au salaire minimum, en mettant fin au “barème jeune” et en garantissant un nombre d’heures prestées.

Mike Treen, Directeur national de Unite explique : “Nous sommes parvenus à nos fins pour les deux premiers points, mais toutes nos tentatives pour obtenir un nombre garanti d’heures ont été déjouées par les entreprises. On nous a promis par écrit dans nos conventions de proposer des heures au personnel existant avant d’engager de nouvelles personnes, mais c’est virtuellement impossible à faire appliquer dans des secteurs avec une telle rotation de personnel.”

Le syndicat a lancé une campagne contre les contrats zéro heure, qui s’est attirée la solidarité internationale et un large soutien de l’opinion publique. En 2014 et 2015, Unite s’est joint à des syndicats du monde entier pour Fast Food Global, une journée d’action en faveur des travailleurs et travailleuses de la restauration rapide. Cette problématique a obtenu davantage d’attention et de sympathie après qu’elle a été évoquée par la série télévisée Campbell Live Show, et que même des journalistes de droite ont commencé à s’opposer publiquement aux contrats zéro heure.

En 2015, Unite a conclu des conventions collectives de travail avec McDonald’s, KFC, Burger King et Pizza Hut, mettant fin aux contrats zéro heure et garantissant un certain nombre d’heures de prestation dans ces entreprises. La législation adoptée en 2016 étend cette victoire à tous les travailleurs.

Treen commente : “Ceci représente un tournant fondamental dans la relation d’emploi des travailleurs et travailleuses les plus vulnérables du pays.”

En parallèle à la campagne de Unite, l’affilié d’IndustriALL FIRST Union a mené une campagne intitulée Garantissez nos heures et a mis une forte pression pour obtenir un changement de législation.

“Nous sommes engagés dans une bataille serrée depuis neuf mois avec la chaîne de magasins de bricolage australienne Bunnings qui tente à tout prix de faire passer ses salariés à régime d’heures fixes à un régime de prestations flexibles” confie le Secrétaire général de FIRST Union Robert Reid.

“Cette nouvelle législation va nous apporter davantage d’eau au moulin pour cette lutte et d’autres similaires,” dit-il.

Ceci constitue une victoire significative contre le travail précaire, car elle intervient au départ d’un secteur qui est tristement célèbre pour la difficulté de s’y syndiquer. Les contrats zéro heure restent un problème grave dans de nombreux pays.

Selon le journal The Guardian, entre 800.000 et 1,5 millions de travailleurs et travailleuses au Royaume-Uni sont sous le régime des contrats zéro heure. Des contrats similaires existent dans bien d’autres pays.