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Les travailleurs colombiens s’unissent pour renforcer leur syndicat

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24 janvier, 2013Dans ses négociations pour l'établissement d’une nouvelle convention collective avec Carbones del Cerrejón, le plus grand ensemble mondial de mines de charbon à ciel ouvert, la principale revendication de l’affilié colombien de IndustriALL, Sintracarbón, porte maintenant sur une égalité de traitement pour les travailleurs et travailleuses précaires.

Les revendications concernent une égalité de traitement et de salaire pour la main-d'œuvre en sous-traitance avec les travailleurs directement employés et chargés des mêmes tâches dans cette coentreprise de trois conglomérats miniers multinationaux, BHP Billiton, Xstrata et AngloAmerican. En 2012, 6.000 personnes sur un total de 11.000 salariés de Cerrejón avaient des contrats précaires avec des entrepreneurs sous-traitants.

Sintracarbón est chargé de la syndicalisation des travailleurs et travailleuses précaires de Carbones del Cerrejón depuis 2010. La syndicalisation des contractuels était devenue une nécessité pour la direction du syndicat depuis qu’ils étaient majoritaires dans la main-d'œuvre, mais avec des normes d'emploi considérablement inférieures et sans convention collective.

Les premières tentatives de syndicalisation de ces travailleurs et travailleuses ont connu un échec. En 2010, Sintracarbón a soutenu le personnel employé sous contrat à durée déterminée par l'entreprise qui assurait le transport des mineurs, SOTRANS, pour créer un syndicat basé sur une entreprise, SINTRANS. Les dirigeants de SINTRANS ont été rapidement soumis à un harcèlement et à des menaces de la direction, qui n'a pas renouvelé le contrat de 30 membres du syndicat et a réussi à obtenir la dissolution de SINTRANS après plusieurs mois.  Sintrachaneme, un autre syndicat basé sur une entreprise sous-traitante, a fait face a une stratégie identique de harcèlement.

C'est alors que Sintracarbón a décidé de changer de stratégie et a voté à son congrès en faveur d'une modification de ses statuts pour lui permettre d'inclure le personnel en sous-traitance. Après un conflit de travail, Sintracarbón a obtenu une clause dans la convention collective de 2011 avec Carbones del Cerrejón qui exprimait l'engagement de la direction d'assurer le respect de la syndicalisation de tous les travailleurs et travailleuses, y compris du personnel en sous-traitance. Cette clause a permis au syndicat d'exercer une influence réelle, de dénoncer une infraction à la convention collective et le manque de validité de la relation existant entre l'engagement de l'utilisateur et l'entrepreneur chaque fois que la direction de l'entreprise sous-traitante refuse le bénéfice des droits syndicaux à ses travailleurs et travailleuses. À ce jour, Sintracarbón a réussi à signer cinq conventions collectives avec des entrepreneurs sous-traitants.

Les conditions de travail des travailleurs et travailleuses précaires ont été considérablement améliorées. La pratique ordinaire d'embauche de personnel pour des périodes de six mois a été abolie par les entreprises sous-traitantes qui sont maintenant tenues d'embaucher leurs salariés pour la durée de leur contrat avec Carbones del Cerrejón.

L'une des principales leçons apprises par Sintracarbón est qu’il est plus efficace d’intégrer les travailleurs et travailleuses précaires dans les structures syndicales habituelles plutôt que de créer des structures séparées.  Les contractuels ont une très faible expérience des négociations, malgré le soutien et la formation offerts par Sintracarbón, et, avec plus de 300 sous-traitants assurant des services à Carbones del Cerrejón, la création de syndicats basés sur des entreprises aurait provoqué une fragmentation grave de leur pouvoir de négociation.

Les syndicalistes de Sintracarbón mènent leurs activités dans un environnement antisyndical notoirement violent en Colombie. Les 6, 7 et 8 janvier 2013, le président et le trésorier de Sintracarbón ont reçu chez eux des menaces de mort par téléphone pour eux et leurs familles en raison de leurs activités syndicales.

Actuellement, Sintracarbón a 4.500 membres, dont 2.000 contractuels. Le fait d'appartenir au même syndicat a permis d'obtenir une meilleure unité et davantage de solidarité parmi les travailleurs et travailleuses. Le soutien international au combat mené par Sintracarbón a été un facteur déterminant pour obtenir ces résultats, et IndustriALL continue de suivre de près la poursuite des négociations avec Carbones del Cerrejón.