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Levée de boucliers contre le vote d'une loi fourre-tout en Indonésie

9 octobre, 2020Des milliers de travailleurs indonésiens de 30 provinces ont posé l'outil et sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère après l'adoption de la loi multiple sur la création d'emplois, le 5 octobre.

Les travailleurs ont quitté leurs usines en chantant leur hymne "Vivent les travailleurs". Ils portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Le parlement n'est plus", "Une loi fourre-tout tue l'avenir de nos petits-enfants" et "La colonisation est finie, mais la colonisation des travailleurs commence".

 

La grève nationale des 6, 7 et 8 octobre était organisée par la Confédération des syndicats indonésiens (KSPI), la Confédération générale des syndicats de travailleurs indonésiens (KSPSI AGN), de KSPSI Yorrys, de la Confédération des travailleurs unis d'Indonésie (KPBI) et du Mouvement national de protection sociale (GEKANAS). Sept affiliés d'IndustriALL Global Union avaient mobilisé leurs adhérents pour se joindre à la grève.

Le président de la KSPI et de la FSPMI, Saïd Iqbal, a déclaré :

"Deux millions de travailleurs affiliés à la KSPI participeront à la grève nationale pour rejeter la loi fourre-tout. Nous répétons que cette loi porte gravement atteinte aux droits des travailleurs. Elle supprimera le salaire minimum sectoriel et municipal, réduira les primes de licenciement et accroîtra la flexibilité du travail.

"Le gouvernement ne peut pas modifier les mesures de protection actuelles, inscrites dans la Loi sur la main-d’œuvre de 2003, en particulier les dispositions sur les licenciements, les sanctions pénales contre les employeurs et l'emploi de travailleurs étrangers."

La présidente de la Confédération syndicale panindonésienne (KSBSI), Elly Rosita Silaban, a déclaré :

"Les actions menées par les travailleurs viennent de ce que le gouvernement ne comprend pas la situation des travailleurs pendant la pandémie. En outre, la nouvelle loi dégrade les droits des travailleurs en éliminant la plupart de leurs acquis. Les enjeux sont essentiels, en premier lieu les salaires, les contrats d'emploi, l'externalisation et les primes de licenciement. Nous nous y opposons et j'espère que le Président pourra la faire retirer. Nous avons préparé un recours demandant sa révision par la Cour constitutionnelle s'agissant des articles contraires à la loi."

À la veille de la grève nationale, le Conseil des Syndicats mondiaux a publié une déclaration commune appelant le Président indonésien Joko Widodo à abroger la loi multiple et à renégocier avec les syndicats. Il prie instamment le gouvernement de veiller à ce que toute législation future ne réduise pas les droits et les prestations garantis par la Loi sur la main-d’œuvre.

Le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches, a déclaré :

"Depuis la dernière crise mondiale, 27 pays au moins ont réformé d'une manière ou d'une autre le droit du travail, prétendant à tort qu'un abaissement des coûts de main-d’œuvre attirerait les investisseurs étrangers. En réalité, cela n'a servi qu'à précariser le travail. Nous ne voulons pas que cela se passe en Indonésie.

"IndustriALL vous félicite pour avoir pris l'initiative de cette grève nationale. Nous sommes solidaires de votre action. Nous vous souhaitons de réussir."

Des informations font état d'arrestations et de violences policières contre des syndicalistes. IndustriALL enquête sur ces cas.