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Lutter contre l'exploitation des travailleurs migrants sur l'île Maurice

3 mars, 2022L’ouverture officielle du centre de ressources pour migrants témoigne du fait que les efforts collectifs sont essentiels pour éliminer l’esclavage moderne et promouvoir des conditions de travail décentes dans les usines de confection.

IndustriALL Global Union, la marque de vêtements en ligne ASOS, Anti-Slavery International et la CTSP (Confédération des travailleurs des secteurs public et privé) se sont associés pour créer ce centre de ressources afin de protéger les travailleurs et travailleuses migrants et leurs droits humains face à l’esclavage moderne qui comprend le travail forcé, la servitude pour dettes et l’esclavage pour dettes.

Lors de l’inauguration officielle le 8 février dernier, les intervenants ont déclaré que ce partenariat renforçait la coopération entre les enseignes et les syndicats. En outre, le centre a accompagné la CTSP, qui est affiliée à IndustriALL, dans ses campagnes en cours pour mettre fin aux violations des droits des travailleurs et travailleuses migrants.

 

ASOS, qui s’approvisionne en vêtements auprès des usines RT Knits, Tropic Knits, CMT, Denim De L’Ile et Star Knitwear, qui emploient des milliers de travailleurs et travailleuses migrants et locaux, affirme s’engager à s’approvisionner de manière responsable. La marque en ligne a également développé une application mobile qui fournit des informations et une éducation sur les droits des travailleurs à Maurice.

Selon la CTSP, la plupart des 50.000 travailleurs et travailleuses migrants sont payés des salaires de misère, inférieurs au salaire minimum du pays de 10.575 roupies (246 dollars US) pour les entreprises non exportatrices. Cette situation constitue souvent un choc pour les travailleurs et travailleuses et ruine leurs attentes. Pis encore, la plupart doivent rembourser des frais d’agence pour le voyage depuis leur pays d’origine, souvent à des taux d’intérêt excessifs.

Le parcours des travailleurs et travailleuses migrants qui se retrouvent dans les usines de l’île commence dans des pays situés à des milliers de kilomètres, au Bangladesh, au Népal, en Inde ou même en Chine, ainsi qu’à Madagascar, toute proche. Mais le voyage ne se traduit pas toujours par les emplois et les salaires décents promis.

Certains employeurs violent les droits des travailleurs et travailleuses et les droits de l’homme, pourtant protégés par la constitution du pays et la législation sur le droit du travail, entre autres. En outre, les travailleurs et travailleuses migrants ont un accès limité aux soins de santé. Les conditions de santé et de sécurité sont ignorées, certains travailleurs et travailleuses se blessent au travail et des conditions sordides dans leurs dortoirs sont courantes.

La CTSP gère le centre de ressources. Par exemple, des séances de sensibilisation à l’intention des travailleurs et travailleuses migrants sont organisées le dimanche, le seul jour où la plupart sont en congé. Le syndicat indique que ces campagnes de sensibilisation font également partie des événements sociaux destinés aux travailleurs et travailleuses migrants.

Reeaz Chooto, qui préside de la CTSP, déclare :

“Le centre de ressources formule les revendications suivantes : les travailleurs et travailleuses migrants doivent venir à Maurice sans avoir à payer de frais d’agent et le gouvernement doit mettre en place un guichet unique pour les travailleurs et travailleuses migrants. Cela facilitera la conclusion de contrats équitables avec des salaires décents, l’accès aux services de santé publique, la santé et la sécurité sur le lieu de travail, la fourniture d’un logement décent et la participation des travailleurs et travailleuses migrants aux négociations collectives.”

En outre, le centre souhaite que le rapatriement se fasse de manière équitable et protège les droits des travailleurs et travailleuses migrants. La loi doit également prévoir un rapatriement d’urgence. Les rapatriements en outre se faire sous l’autorité du gouvernement afin d’éviter les situations où les travailleurs et travailleuses sont renvoyés dans leur pays d’origine avant la résolution d’un conflit du travail.

Par exemple, la législation du travail doit préciser le délai dans lequel l’employeur doit rapatrier les travailleurs et travailleuses après l’expiration de leur contrat, afin d’éviter de se retrouver bloqués dans le pays sans emploi, sans nourriture et sans logement. Le centre propose la création d’un centre de réfugiés pour les travailleurs et travailleuses qui auraient été agressés physiquement ou seraient devenus sans abri.

“Nous sommes terriblement fiers d’être aux côtés de nos amis critiques d’Anti-Slavery International, de l’équipe de la CTSP et des travailleurs et travailleuses migrants de l’île Maurice pour inaugurer officiellement ce Centre de ressources pour migrants.

Depuis sa création il y a plus de deux ans, le centre sur l’île Maurice a aidé les travailleurs et travailleuses migrants sur le terrain à mieux comprendre et faire acter leurs droits fondamentaux et a joué un rôle déterminant dans la résolution directe de conflits et la responsabilisation des employeurs,”

a déclaré Simon Platts, Directeur pour l’approvisionnement responsable chez ASOS.

“Nous tenons à féliciter ASOS et la CTSP pour avoir défendu les droits des travailleurs et travailleuses migrants grâce à ce partenariat. Nous espérons que le centre de ressources permettra de créer des conditions de travail décentes,”

a indiqué Christina Hajagos-Clausen, Directrice d’IndustriALL pour le textile et la confection.