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Lutter pour un travail décent dans l’industrie mondiale des produits miniers

26 avril, 2023Le changement climatique a contraint les gouvernements à opérer une transition vers une économie à faible émission de carbone. L’élimination progressive des combustibles fossiles au profit d’énergies vertes est un élément majeur de cette action climatique, qui devrait nécessiter dix fois plus de véhicules électriques et de batteries de stockage. Cela dépend à son tour d’un approvisionnement constant en produits miniers, notamment en cobalt, lithium, nickel et graphite, qui sont les éléments constitutifs des appareils, des écrans et des systèmes numériques.

La demande de ces produits a entraîné une ruée des gouvernements et des entreprises multinationales pour acquérir des gisements, les exploiter et les traiter, le Chili, l’Australie et la République démocratique du Congo en étant les principales sources d’approvisionnement.

Cette ruée vers ces produits et l’exploitation minière qui en découle posent un large éventail de problèmes en matière d’environnement et de droits du travail au niveau des chaînes d’approvisionnement. La course à l’approvisionnement en ressources minières s’accompagne d’impacts environnementaux potentiellement graves, d’une augmentation de l’exploitation minière artisanale à petite échelle et de la sous-traitance par les multinationales à des entrepreneurs locaux qui peuvent ne pas connaître les normes de l’OCDE et autres normes internationales en matière d’environnement et de sécurité, ou qui ne respectent pas les droits des travailleurs.

Le géant minier australien BHP a déclaré 7.700 salariés à temps plein et 17.083 sous-traitants pour ses activités en Amérique du Sud. Une main-d’œuvre fragmentée comprenant des milliers de sous-traitants pour les activités liées à l’exploitation minière telles que le dynamitage, le concassage et le transport rend beaucoup plus difficile pour les travailleurs et travailleuses d’organiser des syndicats et de négocier collectivement pour obtenir des salaires décents et des conditions de travail sûres.

Même après l’effondrement du barrage de la mine de Brumadinho au Brésil, qui a tué 270 personnes en 2019, BHP, qui détient une participation de 50 % dans cette mine, a ignoré la recommandation du Point de contact national au Brésil de fournir la preuve d’un accord de diligence raisonnable avec les syndicats.

Mais les sociétés minières ne peuvent pas ignorer les syndicats et les appels de plus en plus nombreux en faveur d’une exploitation minière responsable et durable. De plus en plus de pays adoptent des législations sur le devoir de diligence qui rend les grandes entreprises responsables des normes d’emploi et d’environnement tout au long de leur chaîne d’approvisionnement. Cela concerne non seulement les entreprises impliquées dans l’exploitation minière, mais aussi les sociétés financières qui investissent dans ces entreprises, ainsi que les celles qui fabriquent des produits utilisant les produits miniers.

Ces pressions se sont reflétées au niveau de la réunion des gouvernements de l’OCDE sur la conduite responsable des entreprises qui s’est tenue au début de l’année et qui a abouti à l’accord suivant :

“le rôle indispensable de ces produits miniers dans la transition vers une économie à faible émission de carbone ainsi qu’une conduite responsable de la part des entreprises seront primordiaux pour permettre un approvisionnement durable, diversifié et fiable à la lumière de l’augmentation de la demande mondiale.”

 

Judith Kirton-Darling, Kemal Özkan, Liz Umlas et Blake Harwell

Dans ce contexte, le TUAC et IndustriALL ont organisé une réunion pour les représentants des gouvernements et des entreprises, donnant le coup d’envoi du Forum de l’OCDE sur les chaînes d’approvisionnement en minerais responsables.

“Un dialogue constructif avec les syndicats est la façon dont l’OCDE définit une diligence raisonnable efficace. Les syndicats sont ici à l’OCDE pour insister sur le fait que les compagnies minières respectent les normes de l’OCDE et garantissent un travail sûr et décemment rémunéré pour tous,”

a déclaré Blake Harwell, du TUAC.

“Alors que l’importance de la demande en produits miniers pour la transition vers une énergie à faible teneur en carbone annonce un nouveau boum des matières premières, c’est l’occasion de changer le discours de nivellement par le bas, qui a caractérisé les premiers cycles d’essor, en un discours de nivellement par le haut pour les travailleurs et les communautés. Les normes de diligence raisonnable de l’OCDE offrent une voie essentielle vers la course à l’excellence,”

a déclaré Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL.

Judith Kirton-Darling, Secrétaire générale adjointe d’industriAll Europe, a déclaré :

“IndustriAll Europe réclame depuis longtemps une politique industrielle européenne active, au sein de laquelle les matières premières critiques sont cruciales pour les transitions verte et numérique. Les conditionnalités sociales et la diligence obligatoire en matière de droits de l’homme sont fondamentales pour garantir le respect du travail décent tout au long des chaînes de valeur mondiales ! Des propositions législatives sont désormais sur la table en Europe, mais elles doivent être renforcées pour garantir la promotion d’une exploitation minière, d’un traitement et d’un recyclage responsables, ainsi que de la recherche et de l’innovation en matière de matériaux. Les travailleurs et travailleuses doivent être au cœur de la transition juste et doivent avoir leur mot à dire dans chaque débat. Il ne doit rien y avoir à notre sujet sans nous”.