5 juin, 2025Le Comité des femmes d'IndustriALL s'est réuni en ligne les 26 et 27 mai pour entamer les préparatifs de la Conférence des femmes et du Congrès d'IndustriALL, à Sydney, en novembre. Ce fut l'occasion de jauger les progrès accomplis et d'évaluer les défis systémiques.
Dans ses propos liminaires, la secrétaire générale adjointe d'IndustriALL Christine Olivier a souligné le rôle du Comité des femmes dans la préparation du prochain Congrès et l'évaluation des progrès accomplis ces quatre dernières années. Son action a permis de promouvoir les droits des femmes, l'égalité et de renforcer la solidarité mondiale; mais des problèmes subsistent, notamment la sous-représentation aux postes de direction, la discrimination fondée sur le genre et l'impact disproportionné de l'IA et de la pandémie de Covid-19 sur les femmes. Des efforts ont été consentis pour aider les affiliés et accroître la participation des femmes, notamment en effectuant un audit de genre participatif.
"Malgré les défis de la préparation du Congrès, nous voulons continuer à aller de l'avant. Nous n'en sommes pas où nous devrions être, mais nous avons avancé et, ensemble, nous poursuivrons notre quête pour l'égalité, la justice et le changement,"
a déclaré Christine Olivier.
Les discussions ont porté sur les conclusions de l'audit de genre participatif (AGP) d'IndustriALL et sur l'intégration de la dimension de genre dans les statuts et les plans d'action. Contrairement aux audits financiers, les AGP sont des audits sociaux et constituent un outil efficace pour identifier les carences et les bonnes pratiques pour s'attaquer aux questions de genre dans un contexte organisationnel. L'audit de genre d'IndustriALL, inspiré du modèle de l'OIT, a porté sur plus de 130 documents, des dizaines d'interviews et des ateliers avec le personnel, les dirigeants et affiliés, afin d'évaluer dans quelle mesure les considérations de genre sont enracinées dans toutes les politiques, les actions et les structures d'IndustriALL.
L'AGP a montré qu'IndustriALL a une bonne conception de l'égalité de genre et de l'autonomisation des femmes. L'organisation a été saluée pour ses initiatives clés telles que les campagnes sur la violence et harcèlement basés sur le genre (VHBG) et son programme de mentorat. Toutefois, quelques carences ont aussi été relevées.
Plusieurs recommandations ont été formulées à partir des succès constatés et des domaines nécessitant des améliorations. Elles serviront à l'élaboration du Plan d'action d'IndustriALL pour les quatre prochaines années. L'accent sera mis sur une intégration plus systématique et automatique des considérations de genre dans toutes ses activités pour faire en sorte que les besoins de tous les genres soient pris en compte.
L'intégration de la dimension de genre nécessite une démarche double consistant à conjuguer des actions ciblées et l'intégration de considérations de genre dans toutes les politiques et activités. Bien qu'IndustriALL ait accompli des progrès par des efforts ciblés, il devrait par ailleurs intégrer systématiquement les perspectives de genre dans son action en général pour s'assurer de répondre aux besoins de tous les genres.
"Nous devons accentuer l'épanouissement des femmes et faire en sorte que les priorités, les besoins et les contributions de tous les travailleurs et toutes les travailleuses soient pris en compte dans toute la planification, la mise en œuvre et le contrôle des programmes, des campagnes, des interventions et des budgets,"
a déclaré Armelle Seby, la directrice d'IndustriALL en charge des questions de genre.
Christine Olivier et Armelle Seby ont présenté des propositions consistant à ancrer plus solidement les perspectives de genre dans les statuts d'IndustriALL et dans son prochain plan d'action. Depuis la réunion de l'an dernier du comité exécutif à Istanbul, des négociations des porte-parole des femmes et d'autres dirigeants syndicaux ont dégagé des compromis. Christine Olivier et la coprésidente du Comité des femmes, Ilvana Smajlović, qui dirigeaient les débats, ont souligné qu'il est important que des dirigeants syndicaux hommes collaborent avec les femmes dans cet effort en vue d'une meilleure représentation des femmes dans les structures d'IndustriALL et de ses affiliés et d'une plus grande égalité de genre dans nos industries.
"Notre objectif essentiel est d'afficher notre unité au Congrès et de progresser en termes de représentation des femmes, pas seulement à la direction d'IndustriALL, mais aussi dans les structures nationales et régionales de nos organisations syndicales. Nous devons faire preuve de solidarité et d'unité, pas seulement maintenant, mais par un engagement à long terme."
Le Congrès de Sydney, en novembre, sera précédé d'une Conférence des femmes, la première depuis 2019. Elle se composera de deux volets, une session en ligne en septembre et une session en présentiel à Sydney. Elle arrêtera une feuille de route quadriennale pour l'action d'IndustriALL dans le domaine de l'égalité de genre. Ses grands thèmes seront notamment le travail des femmes demain, l'impact de l'intelligence artificielle et les ripostes aux attaques contre les droits des femmes et l'égalité de genre.
On discutera de l'intégration du genre dans l'action menée par IndustriALL pour les accords-cadres mondiaux, des présentations mettront en lumière la responsabilité des multinationales en matière de formation, de protection et d'égalité dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Le groupe d'étude d'IndustriALL sur l'égalité de genre a proposé, avec le Secrétariat, des recommandations pour garantir que les principes directeurs relatifs aux ACM et leur mise en œuvre intègrent une perspective de genre.
Dans une session sur l'intégration du genre dans la santé et la sécurité au travail (SST), le Dr Karen Messing a souligné qu'il est important de prendre en considération les différences biologiques et celles de genre. Elle a insisté sur le fait que les femmes ne sont pas des hommes en réduction et que même des différences biologiques mineures comptent dans la prévention. Quelques travaux de recherche traitent de l'influence de l'exposition aux substances chimiques et au rayonnement sur la santé reproductive des hommes comme des femmes. La ségrégation professionnelle fondée sur le genre, qu'elle soit verticale ou horizontale, génère des besoins différents de SST. Même dans une fonction identique, les hommes et les femmes effectuent souvent des tâches différentes. Le Dr Messing a expliqué que, souvent, la conception des lieux de travail et de l'équipement ne tiennent pas compte des besoins des femmes, qu'ils soient physiques ou liés à la santé reproductive, parce que cette conception est généralement confiée à des hommes. Il arrive aussi que les femmes hésitent à signaler les risques par crainte d'être taxées de faiblesse.
Jane Pillinger s'est penchée sur la diversité, le genre et l'inclusion dans la gestion du risque en adoptant une approche croisée. Elle a aussi évoqué les risques psychosociaux que courent les femmes et les groupes marginalisés, comme le harcèlement, le burn-out et la discrimination, et a souligné le besoin d'une gestion du risque et de stratégies de SST inclusives et réactives au genre et à la diversité. Elle a souligné l'avancée que représente la convention 190 de l'OIT, qui met l'accent sur la prévention et les risques psychosociaux. Une approche croisée peut contribuer à révéler pourquoi certains groupes sont davantage exposés aux risques psychosociaux. Une démarche croisée requiert aussi des politiques et des pratiques plus nuancées et davantage de recherches.
"Nous devons nous assurer que l'intégration du genre n'est pas qu'une façade mais qu'elle débouche sur des mesures pratiques et de protection,"
a ajouté Jane Pillinger.
Les interventions de participants de pays tels que l'île Maurice et l'Indonésie ont expliqué les mécanismes qui font que la C190 et les risques psychosociaux sont ou ne sont pas intégrés dans la législation nationale et dans quelle mesure le partage des connaissances alimente l'action militante.
Au moment de clore la réunion, le Comité des femmes a affirmé son objectif commun : transformer les données, les politiques et les expériences vécues en action.
"Nous travaillons pour le progrès et nous devrions montrer que nous prenons des mesures positives ensemble. Notre but ultime est l'autonomisation des femmes,"
a dit Ilvana Smajlović.