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PORTRAIT D’UN SYNDICAT : l'action collective renforce le syndicat, selon Rose Omamo

7 juillet, 2022Lorsque les syndicats font grève, s’impliquent dans des tractations, des négociations collectives, le dialogue social et la sécurité sociale et font campagne pour les droits des travailleurs et des lieux de travail exempts de violence et de harcèlement basés sur le genre (VHBG), ils le font en tant que collectif. C'est dans ce collectif que se construit le pouvoir syndical et que réside la force du syndicat, affirme Rose Omamo, Secrétaire générale de l’AUKMW, le syndicat uni des métallurgistes du Kenya, affilié à IndustriALL. 

PORTRAIT D’UN SYNDICAT

De Global Worker No 1 juin 2022

 

Pays: Kenya

Syndicat: AWKMW

Texte: Elijah Chiwota

Selon la camarade Rose, comme on l'appelle affectueusement, une autre qualité précieuse d'un syndicaliste que les dirigeants syndicaux doivent toujours garder à l'esprit est de rester fidèle à la cause du collectif. Cela signifie qu'en tant que dirigeant syndical, vous devez veiller à ce que le syndicat fournisse des services, soit à l'écoute de ses adhérents, les représente de manière adéquate dans les conflits du travail et se batte pour des salaires vitaux.

Mais pour qu'un syndicaliste puisse défendre avec confiance les droits des travailleurs, il doit trouver un ton approprié et être capable de parler des luttes des travailleurs avec un maximum de clarté, d'engagement et de passion. 

“Il m'a fallu de nombreuses années pour arriver à m’exprimer pleinement. Mais maintenant que c’est un acquis, je m’en sers pour faire avancer les droits des travailleuses, revendiquer des conditions de travail décentes et militer en faveur de la ratification de la Convention 190 afin d'éliminer la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Par exemple, nous devons utiliser notre faculté d’expression pour désigner et dénoncer les auteurs de VHBG, agir contre eux et leur réclamer des comptes,”

affirme-t-elle.

La camarade Rose est apparue sur diverses plateformes médiatiques et dans divers forums pour plaider en faveur de l'équité et de l'égalité entre les sexes, ainsi que pour la mise en avant de personnes exemplaires en la matière en tant que stratégie de lutte contre la VHBG sur le lieu de travail. Elle a également fait campagne contre la violence domestique, qui a augmenté pendant les confinements de la pandémie de Covid-19.

Lors d'un atelier sur la VHBG en Afrique subsaharienne organisé à Johannesburg, en Afrique du Sud, en avril, la camarade Rose a indiqué que l'une des qualités personnelles qui la distinguait était de chanter et de danser après une victoire syndicale. Selon elle, cela fait partie du répertoire de la célébration des victoires des travailleurs. Avec d'autres militants, elle a dansé lors de l'adoption de la convention 190 et de la recommandation 206 lors de la Conférence internationale du travail à Genève, en Suisse, en 2019. Selon elle, la célébration des victoires syndicales se doit d’être joyeuse, d'autant plus si elle intervient après des négociations difficiles qui demandent beaucoup de temps et d'efforts. Dans la plupart des cas, cela se fera contre des employeurs qui ne sont pas disposés à accepter les revendications des travailleurs et travailleuses.

Membre du conseil d'administration et responsable des femmes de la Confédération COTU, une centrale syndicale kényane, et coprésidente d'IndustriALL pour la région d’Afrique subsaharienne, la camarade Rose a récemment été nommée à un autre poste de direction. Cette fois, en tant qu'administratrice du NSSF, l’organisme de sécurité sociale du Kenya, qui gère un fonds de pension national et assume des responsabilités en matière d'assurance maladie, de santé et de sécurité au travail et de protection sociale. Elle sera l'un des deux représentants des travailleurs au conseil d'administration, conformément à la législation nationale, et affirme qu'elle abordera ses responsabilités d'une manière qui sera influencée par sa riche expérience syndicale.

“En tant que syndicats, nous travaillerons ensemble et solidairement avec d'autres partenaires sociaux, dont le ministère du travail et les employeurs, pour protéger le NSSF et veiller à ce que des investissements soient réalisés pour le faire croître. De plus, nous assurerons une surveillance pour que l'argent des travailleurs reste en sécurité et soit investi conformément aux mandats du fonds. Encore une fois, l'expérience que j'ai acquise en travaillant avec d'autres organisations pour protéger les intérêts des travailleurs sera utile car le conseil représente les intérêts collectifs de toutes les parties prenantes clés,”

indique-t-elle.

Rose Omamo - AUKMW 

La formation continue fait partie intégrante du mouvement syndical et c'est le chemin qu'a emprunté la camarade Rose au cours de ces 30 dernières années. Son parcours syndical a débuté en tant que déléguée syndicale dans une usine d'assemblage automobile à Mombasa avant qu’elle n’accède à ses fonctions actuelles de Secrétaire générale en 2016 et d'être réélue lors de la conférence quinquennale en 2021. Son expérience syndicale montre que le mouvement syndical est un espace d'apprentissage pour les travailleurs et travailleuses en raison des diverses compétences que les syndicalistes acquièrent au fil des ans : de la syndicalisation dans les ateliers à la négociation avec les employeurs et les gouvernements dans les conseils d'administration, en passant par les campagnes en faveur des travailleurs et des droits de l'homme au niveau mondial. 

La camarade Rose suggère que les syndicats explorent les moyens d’œuvrer avec les travailleurs du secteur informel et, à cette fin, l'AUKMW a signé un accord avec l'association Jua Kali des mécaniciens routiers et des artisans informels. Elle considère qu'il s'agit là d'une des premières étapes de la syndicalisation du secteur informel. Jua Kali, qui signifie soleil brûlant en swahili, est la désignation devenue courante pour les travailleurs du secteur informel. Ils travaillent sous un soleil de plomb, exposés aux éléments, mais avec la syndicalisation, leurs conditions de travail peuvent changer. 

Rose IndustriALL co-présidente de l'Afrique sub-saharienne, ainsi que vice-présidente de la région.

AUKMW

L'AUKMW a été fondé en 1971 et compte 4160 membres, dont 800 du secteur informel.

Le syndicat organise le secteur automobile et sa chaîne de valeur, y compris les artisans et les tôliers dans la fabrication de pneus, la peinture par pulvérisation, les systèmes d'échappement et autres composants automobiles. Le syndicat organise également des travailleurs qui fabriquent des appareils électriques tels que des réfrigérateurs, des fils isolés et des câbles électriques, ainsi que des câbles de télécommunications. Il organise également les travailleurs des fournisseurs et des fabricants d'équipements médicaux, ainsi que ceux qui fabriquent des équipements de construction mobiles, par exemple des brouettes.