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Poussée de violence à la mine de Grasberg alors que le conflit s'éternise

21 août, 2017Des affrontements ont eu lieu samedi à la mine Grasberg de Freeport, dans la province indonésienne de Papouasie occidentale, après que des grévistes eurent bloqué la mine.

Des centaines de mineurs grévistes ont bloqué les accès de la mine à partir de 14 heures, le samedi 19 août, dans le but d'empêcher la production pour forcer la direction à négocier. Plusieurs mineurs ont été blessés par des balles en caoutchouc dans les affrontements avec la police et les vigiles; des bâtiments administratifs et plusieurs véhicules ont été incendiés. La police et les gardes ont repris le contrôle des lieux vers 23 heures.

Le chef de la police locale a annoncé que l'armée allait se déployer pour maintenir l'ordre.

Le blocage de la mine est le fait des salariés de l'entreprise et de sous-traitants et n'était pas organisé ni approuvé par le syndicat. Les travailleurs sont dans une situation désespérée après avoir été licenciés pour avoir fait grève.

Cette escalade survient alors que la crise se durcit. Dans un incident qui est toujours à l'enquête, des coups de feu ont été tirés la semaine dernière en direction d'un véhicule de l'entreprise, blessant son conducteur. Les travailleurs de Grasberg sont en grève depuis le 1er mai. La mine appartient à PT Freeport, une filiale de la compagnie minière américaine Freeport McMoran. À ce jour, l'entreprise a licencié 4.200 grévistes.

Depuis des mois, IndustriALL Global Union met en garde contre la possibilité d'un conflit grave. Dans un communiqué publié en mai, son directeur en charge des mines, Glen Mpufane, écrivait :

"La situation est très tendue. Il faut intervenir d'urgence pour empêcher un nouveau Marikana."

La crise actuelle accentue encore la pression dans un contexte déjà très volatil. Le cas de la mine de Grasberg est controversé pour plusieurs raisons et la souveraineté de la Papouasie occidentale est contestée, parfois avec violence. Dans le passé, Freeport a fait appel à l'armée indonésienne pour assurer sa sécurité et des affrontements ont fait des morts.

Une récente mission de solidarité d'IndustriALL en Indonésie a constaté une crise sociale à la mine : depuis quatre mois, les travailleurs et leurs familles sont sans revenu, n'ont pas accès au crédit, au logement, à l'enseignement et aux soins médicaux et plusieurs personnes en seraient décédées.

Pour aggraver les choses, les terribles inondations d'il y a deux mois ont nécessité l'évacuation de plusieurs régions.

La grève est la conséquence d'un litige entre Freeport et le gouvernement indonésien quant à la juridiction sur la mine. Le gouvernement veut une participation de 51 pour cent et il a annulé les permis d'exportation de Freeport quand celle-ci a refusé. Freeport a riposté en ralentissant la production et en commençant à licencier du personnel, ce qui a déclenché la grève. Les médias indonésiens indiquent que Freeport a maintenant signé un nouveau contrat avec le gouvernement.

Vendredi 18 août, avant les récents affrontements, IndustriALL a écrit au Directeur général du BIT, Guy Rider, pour demander que l'OIT intervienne d'urgence dans la crise.

Le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan a déclaré :

"IndustriALL a mis en garde, il y a quatre mois, contre le risque de violences. Les travailleurs de Grasberg sont dans une situation absolument désespérée. Malgré nos avertissements répétés, Freeport a provoqué l'escalade à chaque occasion.

"Pour IndustriALL, jouer ainsi avec la vie et la survie des gens pour marquer des points dans son litige avec le gouvernement indonésien est méprisable de la part de Freeport.

"Il faut que cela cesse tout de suite. Toutes les parties doivent s'asseoir autour de la table pour remédier immédiatement à cette crise."