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Un travailleur tué au chantier de démolition navale Kabir Steel

11 février, 2022Le 31 janvier, un travailleur a été tué dans un accident survenu au chantier de démolition navale Kabir Steel, dans la ville de Sitakunda de la province de Chittagong, au Bangladesh, pendant qu'il travaillait de nuit, ce qu'avait pourtant interdit un arrêt de justice.

La victime, Mohammad Ariful Islam Sujan, a perdu la vie alors qu'il découpait une poutrelle au chalumeau. Les chantiers de démolition navale fonctionnent la nuit dans des conditions extrêmement dangereuses malgré une ordonnance de la justice de 2011 interdisant le démantèlement de navires pendant la nuit. Un autre travailleur avait été blessé sur le même chantier la semaine précédente.

Les affiliés d'IndustriALL Global Union, la Fédération des travailleurs du métal du Bangladesh (BMF) et la Fédération des travailleurs du métal, de la chimie, de l'habillement et des tailleurs du Bangladesh (BMCGTWF), n'ont cessé de soulever ces questions. Sept accidents ont été signalés l'an dernier dans d'autres chantiers, ceux de Madanbibir Hat et Gamarital, qui appartiennent également à Kabir Steel.

La direction essaie de minimiser l'accident, d'après Abdullah Al Sakib Mubarrat, l'inspecteur général adjoint du Département de l'inspection des usines et établissements, Chattogram. "Ariful s'est soudain senti mal, il a vomi et s'est effondré". Les affiliés bangladais d'IndustriALL rejettent ce qu'ils voient comme une mystification et réclament une indemnisation complète pour la famille de la victime.

Les syndicats ont organisé, le 2 février, une chaîne humaine que la police locale a tenté de disperser. Après son intervention, les dirigeants syndicaux ont transformé la chaîne humaine en une manifestation de masse.  Des représentants de la BMF et de la BMCGTWF ont rencontré la famille du défunt et l'ont aidée à préparer les documents nécessaires pour réclamer une indemnisation.

Les syndicalistes rencontrent la famille  

Les syndicats ont consulté le Département de l'inspection des usines et établissements sur la question de l'indemnisation et ils comptent poursuivre ces contacts. L'entreprise aurait déposé 200.000 takas (2.327 $) à la cour du travail, suivant la pratique instaurée par les amendements de 2018 à la Loi sur le travail du Bangladesh, mais la somme de 500.000 takas (5.816 $) reste à verser à la famille de la victime.

Les affiliés bangladais d'IndustriALL n'ont cessé de soulever la question des conditions de travail dangereuses sur les chantiers de déconstruction navale et ils continueront de se battre jusqu'à ce que les familles des victimes soient totalement indemnisées. IndustriALL appelle le gouvernement bangladais à ratifier la Convention de Hong Kong pour le recyclage sûr des navires.

L'an dernier, ce sont en tout 50 travailleurs de ces chantiers qui ont été tués et 12 autres blessés. Cette année déjà, deux travailleurs ont été tués et deux autres blessés.

Le président de la BMF, AM Nazim Uddin, et le secrétaire général de la BMCGTWF (comité de Chattogram), Md. Nurul Absar, on publié une déclaration dans laquelle on peut lire :

"La BMF et la BMCGTWF ont toujours été préoccupées par la fréquence des accidents dans le secteur du démantèlement des navires au Bangladesh et elles n'ont cessé de réclamer des propriétaires et du gouvernement des mesures qui permettraient de les enrayer. Elles ont donc été abasourdies d'entendre l'inspecteur général adjoint du Département de l'inspection des usines et établissements de Chattogram et le propriétaire de Kabir Steel Limited donner une relation totalement différente de l'accident, ce qui soulève beaucoup de questions quant à leurs intentions et leur intégrité. Nous exigeons du gouvernement qu'il prenne les mesures appropriées contre les activités illicites du propriétaire et des représentants du gouvernement. Nous voulons aussi que les familles des travailleurs touchés reçoivent en totalité l'indemnisation qui leur est due."

Le secrétaire régional d'IndustriALL, Apoorva Kaïwar, a déclaré :

"Il est de la responsabilité des propriétaires de veiller à ce que ceux qui travaillent pour eux ne meurent pas au travail, plutôt que de s'en tirer en versant une indemnité dérisoire pour la mort d'un travailleur".

Photo: Un chantier de démolition navale à Chittagong . CC Stéphane M. Grueso