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Un webinaire pour les investisseurs souligne les inquiétudes croissantes concernant le travail chez Next plc

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10 décembre, 2025Les controverses sur des questions liées au travail qui se multiplient à propos de Next plc font l'objet d'un examen approfondi de la part des syndicats, des travailleurs tout comme des investisseurs. De nombreux sujets de préoccupation ont été mis en lumière pendant un webinaire s'adressant aux investisseurs organisé par IndustriALL et ShareAction le 9 décembre et pendant lequel les intervenants ont mis en garde contre les pratiques de cette entreprise, hostiles pour ses salariés et dérangeantes pour plusieurs de ses partenaires, voire une partie de son actionnariat. 

Khaing Zar, la présidente de la Fédération des travailleurs de l'industrie du Myanmar, a résumé sans complaisance la situation sous le régime militaire et les risques que courent ceux qui s'approvisionnent dans ce pays.

"Le Myanmar est frappé par une catastrophe humanitaire de grandes dimensions qui a des répercussions régionales … Il faudrait que les marques montrent qu'elles peuvent empêcher ces violations, mais c'est impossible, c'est pourquoi les entreprises doivent quitter ce pays."

Sa mise en garde vient de ce que Next continue de se fournir au Myanmar alors même que les travailleurs et les syndicats demandent aux multinationales de se retirer. L'OIT ayant invoqué en juin l'article 33 de sa Constitution - le plus haut degré de sanction de l'Organisation - ses mandants devraient prendre des mesures pour lutter contre ces graves violations, éventuellement en mettant fin à leurs relations commerciales. Outre la dégradation de son image, Next s'expose à des risques opérationnels et judiciaires que ferait courir l'acquisition de vêtements confectionnés en ayant recours au travail forcé au Myanmar, un danger qu'avait souligné le gouvernement américain en 2024.

Le webinaire a aussi mis en lumière les tensions qui montent au Sri Lanka. Anton Marcus, secrétaire général du Syndicat des salariés des zones franches & des services généraux (FTZGSEU), a relaté la fermeture brutale, en mai, d'une usine de sa filiale à 100%, Next Manufacturing Ltd (NML), dans la zone franche de Katunayakeoù plus de 1.400 travailleuses et travailleurs ont été licenciés par texto et expulsés de l'usine. Elle était la seule, au Sri Lanka, à avoir un syndicat et une convention collective.

"Plus de 1.200 travailleurs sont à la rue, encore plus désemparés après les dévastations causées par le cyclone. La seule chose juste à faire par Next serait de rouvrir l'usine,"

a-t-il déclaré, soulignant qu'auparavant ils entretenaient de bonnes relations.

Ces litiges internationaux surviennent alors que Next, une des plus grandes enseignes du Royaume-Uni en termes de capitalisation boursière, publie des résultats financiers sans précédent, dépassant le milliard de livres sterling (1,33 milliard $) de bénéfices alors que d'autres se débattent dans les difficultés. Ses détracteurs l'accusent de faire passer le profit avant les gens.

Les pratiques salariales de Next sont devenues un sujet qui fâche dans deux marchés essentiels. Au Cambodge, elle reste la dernière enseigne de l'initiative ACT on Living Wages à n'avoir toujours pas signé un accord contraignant déclarant que la négociation collective est la condition du salaire vital, revenant ainsi sur de précédents engagements pris dans le cadre de ce programme. Entretemps, au Royaume-Uni, Next est sur la sellette pour avoir refusé de verser un salaire vital à ses 40.000 salariés. Une résolution des actionnaires déposée en mai lui demandait de révéler combien de salariés et de contractuels travaillant régulièrement hors site gagnent moins que le salaire vital; elle a obtenu 27 pour cent des voix, un score élevé inhabituel pour une proposition sur une question de travail. Quoi qu'il en soit, le P-DG de Next l'a balayée d'un revers de main, disant que son personnel est composé en majorité de femmes et de jeunes qui ne sont pas des soutiens de famille.

Dans ses remarques aux investisseurs, le secrétaire général d'IndustriALL, Atle Høie, a déclaré que les revirements de cette entreprise dans de nombreux pays deviennent particulièrement préoccupants.

"IndustriALL a eu de bons rapports avec Next pendant des années, mais les choses se sont dégradées de manière inexplicable. Il est difficile de dire pourquoi, mais cela devrait inquiéter ses investisseurs."

IndustriALL a aussi publié à l'intention des investisseurs un dossier fournissant des informations détaillées sur chaque cas.

Photo : Travailleuses et travailleurs licenciés au Sri Lanka, juillet 2025