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Une conférence discute de propositions féministes pour renforcer les syndicats en Afrique

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18 août, 2022Pourquoi est-il important que les syndicats d'Afrique subsaharienne adoptent des démarches féministes dans leurs campagnes et activités ? Une conférence régionale qui s'est tenue à Dar es Salam, en Tanzanie, les 17 et 18 août, a étudié diverses stratégies pour l'intégration du genre et l'équité entre les genres et l'égalité des genres dans les activités syndicales en se fondant sur des conceptions féministes.

Les thèmes abordés traitaient notamment de la manière d'élaborer un agenda syndical féministe, de nouer des alliances et constituer des réseaux avec d'autres organisations féministes et de la société civile, d'éliminer les hiérarchies toxiques qui bloquent la participation des femmes, et de l'abandon des structures d'oppression patriarcale et genrée, notamment du déséquilibre des rapports de force.

Rose Omamo, la vice-présidente d'IndustriALL, a dit :

"L'action syndicale n'exclut pas le combat féministe pour l'égalité. Les syndicats doivent nouer des alliances avec des organisations de défense des droits des femmes pour contester les systèmes oppressifs. L'inégalité entre hommes et femmes est à la base de beaucoup de problèmes, dont les insuffisances des soins de santé, de l'éducation, les déficits de travail décent et le manque de promotion de l'égalité des genres et de l'inclusion sociale."

Les participants ont discuté des moyens d'utiliser le féminisme pour promouvoir la justice sociale et le développement durable. Ces thèmes ont été reconnus comme essentiels pour la mise en place d'un réseau de champions et championnes de genre sur les lieux de travail et dans les communautés dans le cadre d'un agenda syndical de transformation. Ils ont insisté sur la ratification de la convention 190 de l'Organisation internationale du travail pour l'élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail. Des sessions étaient consacrées à la relation d'expériences de harcèlement sexuel au travail, de dénigrement du physique, de pratiques culturelles nocives, et sur la manière pour les syndicats de les combattre.

Margaret Ndagile, de notre affilié Tanzania Union of Industrial and Commercial Workers (TUICO), a déclaré :

"Au syndicat, nous parlons régulièrement des questions de genre, mais le féminisme promeut davantage l'action. Cependant, il faut, dans les ateliers, plus de sensibilisation et d'éducation sur les possibilités d'utiliser la pensée féministe d'une manière qui implique les deux sexes."

La députée tanzanienne Neema Lugangira a expliqué que les discussions qui ont eu lieu pendant la conférence cadrent avec l'action qu'elle mène pour réclamer des terres pour les femmes, pour la garde d'enfants et pour garantir un travail décent dans les secteurs pétrolier, gazier et minier.

Bärbel Kofler, vice-ministre allemande à la coopération économique et au développement, qui est aussi syndicaliste, a expliqué la politique de développement féministe de l'Allemagne, qui met l'accent sur les droits, les ressources et la représentation, et sur l'importance de l'activisme des jeunes femmes dans la lutte pour les droits des travailleurs et travailleuses. Elle était accompagnée des députées allemandes Tina Rudolph et Dagmar Schmidt, et d'Emilio Rossetti, chef de la section politique de la délégation de l'Union européenne en Tanzanie.

L'approche féministe est une des pistes que peuvent suivre les syndicats pour s'attaquer à la violence de la suprématie patriarcale et à son impunité, qui mènent à la violence et au harcèlement fondés sur le genre, a expliqué Patricia McFadden, une experte du féminisme d'Eswatini.

"Les systèmes d'oppression liée au genre ancrés dans le patriarcat doivent être rejetés dans le foyer comme au travail,"

a déclaré Bashiratu Kamal, une spécialiste du genre et du travail du Ghana.

"Cette conférence a été précieuse en ce qu'elle a permis de décrire les différentes manières dont le patriarcat s'exerce dans les organisations syndicales afin de maintenir les structures de pouvoir existantes. Le féminisme est un outil puissant pour réclamer le changement transformatif dont a besoin le mouvement syndical,"

a ajouté Kathrin Meissner, directrice du Centre de compétence syndicale de la FES (FES-TUCC) pour l'Afrique subsaharienne.

Une trentaine de participantes d'affiliés d'IndustriALL Global Union d'Afrique subsaharienne, d'organisations de la société civile, et des parlementaires d'Allemagne et de Tanzanie assistaient à la conférence. Cette conférence régionale sur le féminisme rassemblait des participantes du Botswana, du Ghana, du Kenya, du Lesotho, du Mozambique, de Namibie, du Nigeria, d'Afrique du Sud, de Tanzanie, d'Ouganda, de Zambie et du Zimbabwe.

La réunion était organisée avec le soutien du FES-TUCC et du Bureau régional d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne.