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Une victoire syndicale met fin à des licenciements abusifs dans une mine de diamant au Botswana

8 mai, 2023La victoire du Syndicat des mineurs du Botswana (BMWU) devant un tribunal du travail, ce 28 avril dernier, a mis fin aux licenciements abusifs au sein du service de sécurité de Lucara Botswana à la mine de diamant de Karowe, cella-là même qui a mis au jour “Lesedi la rona” (notre lumière) en 2015, le plus gros diamant découvert en un siècle. La mine a également produit trois diamants de plus de 1.000 carats chacun et a vendu en 2016 “The Constellation”, un diamant de 813 carats, pour un montant record de 63 millions de dollars pour une pierre brute.

Le conflit avec le syndicat remonte à juin 2022, lorsque la société canadienne Lucara Diamond Corporation a demandé à sa filiale, Lucara Botswana, d’enquêter sur des soupçons de mauvaise administration et de conduite commerciale contraire à l’éthique au sein du service de sécurité de la mine de Karowe.

Cependant, les 50 travailleurs qui s’étaient portés volontaires et avaient fourni des informations en tant que lanceurs d’alerte ont reçu des lettres de licenciement après avoir fourni leurs témoignages. Le BMWU s’est fermement opposé à cette mesure, de sorte que les lettres n’ont été remises qu’à trois travailleurs. Les 47 autres travailleurs sont restés au travail et le syndicat a fait valoir devant le tribunal que le licenciement était illégal, car il n’y avait pas eu d’audiences disciplinaires comme l’exige le droit du travail.

La direction de Lucara Botswana a engagé une société sud-africaine, Assurance Protection Group Incorporation, pour évaluer l’optimisation de la sécurité. Cependant, le rapport d’évaluation n’a pas été communiqué au syndicat, contrairement à ce que dit le droit du travail, et le syndicat soupçonne que cette évaluation vise à mettre en cause les 47 travailleurs et à justifier les licenciements.

Le syndicat a adressé une pétition à la société diamantaire et a écrit au Commissaire du travail au sujet des mêmes griefs et de la nécessité d’une médiation, mais l’affaire n’a pas été résolue.

Cependant, le 28 avril, le tribunal du travail de Gaborone a statué que la société diamantaire ne pouvait pas continuer à procéder à des licenciements sans négocier avec le syndicat, conformément à la convention collective existante.

Joseph Tsimako, Président du BMWU, a indiqué :

“Le BMWU entretenait des relations cordiales avec Lucara Botswana jusqu’à ce que le syndicat intervienne à la suite d’informations faisant état de mauvaise gestion. Il aurait été négligent de la part du syndicat de ne pas protéger les lanceurs d’alerte contre les représailles des dirigeants de Lucara Botswana”.

Maenge Maenge, Secrétaire général du BMWU, ajoute :

“Le syndicat, par le biais de ses structures de négociation collective, a demandé la divulgation de l’évaluation en vue d’une optimisation ainsi que des rapports d’enquête, que l’entreprise n’a pas fournis. La négociation collective et les droits de l’homme et des travailleurs sont des indicateurs essentiels de gestion ESG qui permettent d’évaluer la performance d’une exploitation minière et la prise en compte des risques par son dirigeant. Il est évident qu’il y a un sérieux déficit de gestion ESG chez Lucara”.

“Lucara Botswana doit toujours consulter les syndicats et respecter les accords existants avant de décider de licencier des travailleurs. Ignorer les accords existants, c’est violer les droits des travailleurs et des syndicats en matière de négociation collective. Nous félicitons le BMWU d’avoir contesté les décisions unilatérales de Lucara devant les tribunaux et nous saluons l’ordonnance selon laquelle la société diamantaire doit consulter le syndicat et négocier avec lui”,

a déclaré Glen Mpufane, Directeur de la section des mines d’IndustriALL.