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Viré par messagerie vocale : un travailleur d’EDF dénonce

3 août, 2017Le 29 juin dernier, la direction d’EDF Luminus en Belgique a licencié 14 travailleurs et travailleuses de manière abrupte. IndustriALL s’est entretenu avec l’un des travailleurs affectés.

Ces licenciements, intervenus alors que se tenait la réunion annuelle du Comité de Dialogue sur la Responsabilité Sociale du Groupe EDF (CDRS), contreviennent de manière grossière aux pratiques les plus élémentaires applicables au secteur du gaz et de l’électricité dans le pays ainsi qu’à l’Accord sur la responsabilité sociale de l’entreprise signé avec IndustriALL Global Union et l’ISP en 2005 et renouvelé en 2009.

IndustriALL Global Union s’est entretenu avec l’un des travailleurs affectés à propos de ce qui s’est passé. En l’espace d’un instant, il était dehors.

Il raconte :

“J’étais en vacances en France à la fin du mois de juin lorsque j’ai reçu sur mon portable un message vocal de mon chef disant qu’il avait de très mauvaises nouvelles pour moi, que j’avais perdu mon emploi.

Je ne devais plus me représenter au bureau, pour “raisons économiques” mon emploi n’existait plus. J’étais abasourdi, non seulement par la façon dont mon renvoi m’était signifié mais aussi par le fait qu’il n’y avait eu absolument aucun indice qu’il pouvait survenir.

Au contraire, quelques semaines auparavant, au cours d’une réunion de l’équipe avec tout le département, on nous avait informé que les projets annoncés étaient confirmés. Mon délégué syndical n’a été ni informé, ni consulté, aucune autre perspective d’emploi dans l’entreprise ou le secteur ne m’a été proposée. En l’espace d’un instant, j’étais dehors.”

À la suite de l’annonce de ces licenciements, les travailleurs et travailleuses de Luminus, avec leurs syndicats nationaux, ont mis en place des manifestations et des grèves sur différents sites en Belgique pour exprimer leur indignation face à ce mépris pour des droits sociaux fondamentaux et à l’absence de consultation avec les syndicats. Un soutien international a par ailleurs été demandé.

Sous la pression des Fédérations syndicales internationales, du Comité de Dialogue sur la Responsabilité Sociale (CDRS) et de divers syndicats européens présents chez EDF, la direction de Luminus a fini par présenter par communiqué de presse ses excuses pour la manière dont les licenciements ont été annoncés.

Mais l’entreprise a refusé de revenir sur sa décision et de réintégrer les travailleurs et travailleuses. Au lieu de cela, la direction s’est engagée à mettre en place un “suivi personnalisé” pour tous les travailleurs et travailleuses licenciés et a promis que davantage serait fait pour anticiper ce type de situation.

“On m’a proposé une aide au reclassement, le soutien d’un coach pour m’aider dans la recherche d’un emploi, mais qui voudra recruter un type de mon âge ?” s’interroge le travailleur de Luminus.

Je travaille chez Luminus depuis longtemps et je n’avais jamais fait l'objet de plaintes. J’ai atteint mes objectifs personnels chaque année et durant les bilans de performance avec mes chefs ou les ressources humaines, j’ai toujours clairement indiqué que j’étais content de mon boulot et que j’avais l’intention de travailler jusqu’à ce que je doive prendre ma retraite à 65 ans. On ne m’a pas proposé de plan de pré-pension, donc non seulement je suis sans emploi, mais je vais aussi perdre les prestations sociales auxquelles j’aurais eu droit si j’avais travaillé jusqu’à l’âge de 65 ans.”

Alors que la direction d’EDF cherche à lancer des négociations pour un nouvel accord de RSE, Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL Global Union déclare :

“Ce qui s’est passé chez Luminus est une honte. Le mépris de la direction pour les règles fondamentales du dialogue social jette le doute sur sa détermination annoncée à renégocier en toute bonne foi.”

Dans un communiqué conjoint adressé au PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, IndustriALL Global Union et l’ISP préviennent :

“Une résolution satisfaisante du conflit chez Luminus est pour nous une étape critique pour restaurer la confiance et remettre en place des conditions adéquates pour le dialogue social et l’établissement de relations sociales constructives au plan mondial.”