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À Madagascar, la riposte des travailleurs à Sherritt

14 juillet, 2015Les affiliés d'Union Global Union et des syndicats indépendants de Madagascar rendent coup pour coup à la multinationale canadienne de la mine et de l'énergie Sherritt qu'ils accusent de violer les droits syndicaux et d'enfreindre la législation nationale.

Des syndicalistes qui participaient à un atelier d'IndustriALL sur le recrutement et le renforcement syndical à Tananarive, capitale de Madagascar, ont dressé un portrait criant des pratiques antisyndicales et de l'intimidation des travailleurs auxquelles se livre Sherritt à sa mine de nickel d'Ambatovy, valorisée à plusieurs milliards de dollars.

À l'atelier de la région de l'Afrique subsaharienne d'IndustriALL qui s'est tenu les 29 et 30 juin, les affiliés ont évoqué les menaces systématiques de licenciement et la mise en avant de syndicats jaunes contre les syndicats existants.

D'après les syndicats, Sherritt a enfreint la loi malgache en annonçant unilatéralement le licenciement de 900 travailleurs pendant six mois, sans avoir préalablement consulté le comité d'entreprise.

IndustriALL a été chargé par les syndicats locaux, régionaux et nationaux de Madagascar, ainsi que par la Confédération syndicale et le syndicat indépendant des travailleurs d'Ambatovy, de dénoncer auprès de la direction générale de Sherritt, au Canada, de la direction locale et du gouvernement malgache la situation inacceptable en matière de relations de travail qui règne à Ambatovy.

IndustriALL et ses affiliés malgaches FESATI, FSTEM, SVS et SEKRIMA ont décidé de collaborer et faire pression sur Sherritt pour qu'elle réintègre les 900 travailleurs et responsables syndicaux.

Les syndicats ont remis à IndustriALL une série de revendications à l'intention des parties concernées par la crise à Ambatovy :

  • La remise par Sherritt des documents financiers et autres nécessaires pour vérifier si le licenciement de 900 travailleurs était nécessaire.
  • La réintégration de 15 représentants du personnel abusivement licenciés à Ambatovy, sachant que la Recommandation n°143 de la loi malgache énonce la "reconnaissance de la priorité du maintien de l'emploi des représentants des travailleurs en cas de réduction de l'effectif".
  • Que Sherritt collabore avec le syndicat et le comité d'entreprise en place, qu'elle essaie de faire remplacer, pour trouver une solution de commun accord à l'usine.

IndustriALL a été prié de mobiliser la solidarité internationale au cas où Sherritt ne réagirait pas ou se livrerait à des représailles et s'en prendrait aux adhérents et à leurs représentants.

L'atelier se tenait dans un contexte de relations professionnelles fragiles à Madagascar, où la tension, la crainte et l'anxiété sont souvent présentes chez les travailleurs. Il est le résultat de la combativité et l'hostilité des employeurs et du gouvernement qui collaborent dans le but d'écraser les syndicats.

Les employeurs sont soupçonnés d'avoir infiltré les syndicats malgaches, avec pour conséquences des luttes internes, la désunion et un climat de suspicion qui affaiblissent les syndicats et les rendent vulnérables.

L'objectif de cet atelier, qui était financé par notre affilié suédois IF Metall, était de préciser et de donner une meilleure compréhension de la loi et des droits syndicaux à Madagascar, de souligner l'ensemble des perspectives en matière de recrutement, et d'échanger des expériences de la négociation collective dans la région.