21 août, 2025Les travailleurs et travailleuses du textile, de la confection, de la chaussure et du cuir (TCCC) d’Eswatini et d’Afrique du Sud réclament une Transition juste des industries à forte intensité de carbone vers des économies bas carbone fondées sur les énergies renouvelables, qui protège les emplois et garantisse l’équité économique.
Cette vision commune a émergé lors d’un atelier organisé à Durban, en Afrique du Sud, les 14 et 15 août derniers, où 34 dirigeants, responsables et délégués syndicaux des affiliés d’IndustriALL, ATUSWA (Syndicats unifiés du Swaziland) et SACTWU (Syndicat de l’habillement et du textile d’Afrique australe) se sont réunis pour tracer la voie vers un avenir juste et durable.
Les discussions ont porté sur l’intégration d’une approche axée sur le développement dans le cadre de la Transition juste pour le secteur TCCC. Les participants ont préconisé le passage d’un modèle linéaire consistant à extraire, fabriquer, jeter à une économie circulaire mettant l’accent sur l’efficacité des ressources, la réduction des déchets et la production durable. Le recyclage et la valorisation, par exemple, ont été mis en avant comme stratégies pour réduire la pollution environnementale, économiser l’eau et l’énergie et créer des emplois.
Tout en reconnaissant les gains de productivité liés aux nouvelles technologies, les syndicats ont souligné que l’automatisation devait compléter les tâches des travailleurs et travailleuses plutôt que de les remplacer. À cette fin, ils ont appelé à financer des programmes de perfectionnement et de reconversion professionnelle afin de préparer les travailleurs et travailleuses à la transition.
En outre, la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme tout au long des chaînes de valeur des TCCC a été jugée essentielle pour responsabiliser les enseignes de stature mondiale et les multinationales et protéger les droits des travailleurs et travailleuses dans le cadre de la transition vers des économies plus vertes alignées sur les objectifs climatiques.
Compte tenu de la prédominance des femmes dans ce secteur, les syndicats ont souligné la nécessité de mettre en place des politiques inclusives en matière d’égalité des sexes afin de lutter contre la violence et le harcèlement basés sur le genre sur le lieu de travail, les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes et l’accès aux services de garde d’enfants, parallèlement à l’adoption de salaires vitaux pour améliorer les moyens de subsistance.
L’intégration régionale a été identifiée comme essentielle pour renforcer le commerce intra-africain, en particulier dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), face à des pressions extérieures telles que les droits de douane de 30 % imposés par les États-Unis, sur les exportations de confection sud-africaines. Les participants ont fait valoir qu’une industrialisation accrue pourrait accroître la capacité de production du secteur des produits textiles, de la confection et des articles de sport, créant ainsi des emplois pour lutter contre le chômage, la pauvreté et les inégalités très présents dans la région. L’Institut des statistiques d’Afrique du Sud fait état d’un taux de chômage élargi, incluant les demandeurs d’emploi ayant perdu tout espoir, se situant à 43,1 %.
Le SACTWU a intégré la durabilité dans sa stratégie de Transition juste, en collaborant avec le Centre national pour une production plus propre du gouvernement sud-africain et en engageant la Société de développement industriel (IDC) à financer l’installation de panneaux solaires dans les usines. Le syndicat participe également à l’initiative SOLTRAIN en Afrique australe, qui promeut les systèmes solaires dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), notamment les panneaux solaires et les chaudières solaires dans les usines sud-africaines.
Bongani Ndzinisa, Responsable national du recrutement auprès de l’ATUSWA, a souligné :
“Dans le cadre de la Transition juste en Eswatini, nous restons fermes sur nos revendications en faveur du respect des droits syndicaux et de la liberté syndicale, afin que la voix des travailleurs et travailleuses soit entendue et respectée.”
Le Secrétaire général adjoint du SACTWU, Membinkosi Vilina, a ajouté :
“En tant que syndicat, nous défendons la propriété des travailleurs et travailleuses sur les actifs liés aux énergies renouvelables, afin de garantir que les richesses générées par les nouvelles méthodes de production dans les industries textiles et de confection soient partagées et que des emplois verts soient créés.”
La Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne, Paule-France Ndessomin, a pour sa part indiqué :
“Alors que nous sommes engagés dans la Transition juste des industries textiles et de la confection en Afrique subsaharienne, nous devons faire face à l’impact plus large des technologies émergentes telles que l’automatisation et l’intelligence artificielle sur l’avenir du travail, tout en protégeant farouchement des conditions de travail décentes.”