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CEP: De l'eau dans le gaz pour Petro-Canada

10 août, 2005Communiqué de Presse ICEM No. 45/2001

Les organisations syndicales mondiales insistent pour qu'une solution intervienne dans le conflit d'Ontario.

A la demande insistante des travailleurs canadiens du pétrole, les organisations syndicales du monde entier viennent à tour de rôle "Verser leur goutte d'eau dans le gaz de Petro-Canada".

Ce coup de pied dans la fourmilière pourrait encourager l'entreprise canadienne de production d'énergie à trouver une issue au conflit du travail qui s'éternise en Ontario.


En mars de cette année, Petro-Canada a signé une convention collective nationale avec le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP). Cependant, des problèmes locaux demeurés sans issue ont obligé les travailleurs de Petro-Canada à lancer un mouvement de grève début avril dans les raffineries de Edmonton, Alberta et Oakville, Ontario, dans un site de production de lubrifiants à Mississauga, Ontario, ainsi que dans les terminaux pétroliers de Oakville, Ontario et Port Moody, Colombie britannique.

photo: SCEP

Les sites de Edmonton et Port Moody ont depuis conclu un accord et repris le travail. Quelque 470 travailleurs sont toujours en grève. L'entreprise ne renonce pas à ses compressions de l'emploi, au gel des salaires et à l'allongement du temps de travail pour les travailleurs affiliés au SCEP, et a refusé d'appliquer dans ses sites d'Ontario les mêmes conditions que celles qui ont permis la levée du mouvement de grève dans d'autres centres de production.

Parmi les organisations qui demandent instamment à Petro-Canada un règlement du conflit d'Ontario, figure la Fédération internationale des travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM) à laquelle le SCEP est affilié au niveau international et la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTGPC) d'Algérie. Or, l'Algérie présente une importance stratégique pour l'entreprise qui y concentre ses activités d'extraction hors de ses frontières nationales, ainsi qu'en Tunisie, pays voisin de l'Algérie.

Le SCEP essaie à l'heure actuelle d'obtenir un boycott général de la part des travailleurs de Petro-Canada. Outre l'extraction du pétrole et du gaz, l'entreprise est le deuxième distributeur de produits pétroliers du pays et dispose donc d'un vaste réseau de stations-service, principale cible de la campagne syndicale. Des piquets sont organisés dans ces stations-service en différents endroits du pays.

Le Président du SCEP, Brian Payne, a taxé de "scandaleux" le comportement de l'entreprise, entre autres le recours à des bandes de motards pour intimider les grévistes.

"Tout le poids du mouvement syndical va s'abattre sur Petro-Canada," avertissait Payne, et il ajoutait "Petro-Canada s'est rallié à un règlement pour 10.000 travailleurs dans tout le pays et le refuse à une seule section."




Selon Payne, l'entreprise n'hésiterait pas à recourir à des tactiques de guérilla pour essayer d'intimider les travailleurs. "Les briseurs de grève sont escortés par des bandes de motocyclistes sans vergogne pour franchir les piquets de grève et, selon nos membres, ils ont été jusqu'à proférer des menaces de mort."


"L'appât du gain de l'entreprise est une chose", précise encore Payne, qui ne manque pas de rappeler que Petro-Canada a enregistré des bénéfices s'élevant à 897 millions de dollars canadiens l'année dernière et que le premier trimestre de cette année s'avère être un tout grand cru. "Mais cette discrimination qui procède d'un esprit étroit et mesquin révèle une autre facette de l'identité de Petro-Canada. Et nous entendons bien la porter à la connaissance des consommateurs."

Le conflit commence à être connu au-delà des frontières du Canada.

La Fédération internationale des syndicats de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM), au nom de ses 20 millions de travailleurs, affirme sa "solidarité inconditionnelle" avec la campagne du SCEP alors que son Secrétaire général, Fred Higgs, a adressé un courrier au Président et Président directeur général de Petro-Canada, Ronald Brenneman.

"Je ne parviens pas à comprendre comment Petro-Canada conclut une convention nationale avec l'organisation syndicale partenaire et refuse ensuite de l'appliquer en Ontario," s'interroge Fred Higgs. "Les informations sur les intimidations perpétrées par l'entreprise à l'égard des grévistes jettent un trouble profond et sont autant de violations des Conventions 87 et 98 de l'Organisation internationale du travail."

Fred Higgs demande encore instamment à Brenneman de "rejoindre la table des négociations et de conclure de bonne foi avec le SCEP un accord équitable et juste qui mette un terme au mouvement de grève en Ontario."


Brenneman est maintenant en possession d'une lettre de protestation de Mohammed Bedreddine, Secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC) d'Algérie.

Bedreddine, que l'ICEM a contacté au sujet du conflit canadien, a assurer Brenneman du soutien de son organisation syndicale aux grévistes canadiens et son indignation face aux "pratiques discriminatoires pour des collectifs de la même compagnie".

Tout en insistant sur un "réglement rapide et équitable" du conflit, Bedreddine a précisé sans équivoque que l'attitude de Petro-Canada envers le SCEP ne serait pas sans répercussions sur l'approche de la FNTPGC vis-à-vis de l'entreprise en Algérie. Et de rappeler par écrit à Brenneman: "Tel est le propre de notre démarche syndicale comme vous le constaterez à l’avenir dans le cas ou nos sections syndicales representeront les travailleurs du champ pétrolier de Tamadanet en Algérie que Petro-Canada souhaite développer ".

Dans l'hommage que Brian Payne du SCEP prononçait à l'adresse des amis algériens et de l'ICEM pour les remercier de leur soutien, il déclarait: "La mondialisation de l'industrie du pétrole et du gaz impose la mondialisation du mouvement des travailleurs et nous espérons que Petro-Canada prendra conscience des conséquences qu'ont ses mesures antisyndicales en Ontario bien au-delà des frontières canadiennes."